La toile permet à tout un chacun de prendre la parole et de livrer sa vision du monde, au travers de sa propre lucarne, de ses préoccupations et souvent de ses tracas.
L’avantage du vigneron est d’être au centre d’un certain nombre d’inconvénients et de mutations de notre société. Il travaille de l’amont à l’aval comme on dit, c’est à dire de la production, dans les vignes, jusqu’à la vente de ses produits, au contact des clients.
Il détient alors un fort pouvoir d’attraction et le réseau du web n’attend que lui pour s’en alimenter.Sur son
blog (« un blog qui a de la rondeur et du fruit ») Lilian Bauchet, vigneron bio du Beaujolais, retranscrit dans le détail depuis le 29 Août, ses dernières (més)aventures. Au départ, un contrôle effectué par le CIBAS (organisme indépendant, agréé par l’INAO et mandaté par les ODG du Beaujolais) dans un de ses clos, encore enherbé, pour vérifier l’adéquation de ses pratiques avec les règles de production des AOC. L’inquiétude monte quand en discutant avec des collègues, il apprend que « l’un d’entre eux … venait de recevoir suite à un contrôle inopiné du CIBAS une notification de déclassement d’une de ces parcelles pour mauvais entretien du sol ! »
Lilian poursuit sa réflexion sur le rôle de l’agriculture biologique : « Qui aujourd’hui respecte le mieux son sol ? Qui réellement l' »entretient » ? Celui qui refuse l’emploi des herbicides et laisse la vie se remettre en mouvement dans ces sols, avec le risque de se faire déborder par une végétation luxuriante, ou celui qui créé le désert autour de ces ceps à l’aide de produits dont on sait désormais qu’ils polluent notre ressource la plus précieuse, l’eau des nappes phréatiques ? »
2 jours plus tard, préoccupé par les résultats de ce contrôle, il argumente sur l’importance de l’enherbement et met à l’épreuve les points sensibles de cette inspection. Il raconte alors comment il a sollicité l’avis d’un botaniste sur les « mauvaises herbes ».
Le dernier témoignage énumère les points évoqués et discutés lors d’une réunion entre les vignerons bio du Beaujolais et le CIBAS : « Si on fait donc le bilan de cette réunion, on peut dire qu’elle a été plutôt constructive. Les échanges ont été vifs, mais il faut reconnaître, sans me faire l’avocat du diable, que nous nous sommes retrouvés face à des gens qui ne manifestaient pas d’hostilité particulière vis à vis de la bio »
A vous de lire la suite car comme le dit Lilian : « La route est droite, mais la pente est rude comme dirait l’autre. Et les bios ne souhaitent pas qu’elle soit goudronnée, ce qui renforcera la difficulté :)»
En parallèle, sur le blog du vigneron Frédéric Hardouin, un cri, un texte plus court, un appel au secours semble-t-il : « Voila les ennuis commencent, j’ai subi au mois de juin un contrôle produit (AOC), concernant ma cuvée Les Quarts Fleuris, que je venais de mettre en bouteille. Mon vin à été goûté à deux reprises par un jury ayant suivi une formation.
Formé à quoi ! Telle des chasseurs à l’affût, ils ont désigné mon produit » croupi oxydé » et un mois plus tard « écurie croupi » : BONJOUR L’ INSULTE.
Je ne vais quand même pas demander mon déclassement en vin de table, économiquement vais-je m’en sortir ? »
Au domaine des côtes de la Molière, Isabelle Perraud, vigneronne, blogueuse, active sur facebook, (en bref qui désire partager), rappelle simplement : « Juste un petit mot pour dire que les contrôles continuent dans les vignes. Ceux ci sont effectués par des vignerons conventionnels dans les vignes bio. Je n’ose même pas imaginer si on envoyait des vignerons bios contrôler des vignes conventionnelles… » Et elle termine son billet en précisant que le meilleur des contrôles c’est celui des clients.
Et bien oui, de l’amont à l’aval, les vignerons peuvent éprouver leur vin au palais de leur clientèle et le faire savoir. Une juste récompense ?