Accueil Roederer x Starck : le design et la bulle

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

24.10.2019

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La maison de champagne et le designer renouvellent leur association pour produire un champagne moderne, épuré, non dosé. Pour cette troisième édition, le blanc se double d’un rosé.

Troisième opus du champagne Louis Roederer x Philippe Starck, cette fois-ci sur un millésimé 2012. Une collaboration a priori iconoclaste, mais qui continue avec succès au cours des années, toujours avec le même enthousiasme et la même complicité. « Bravo à Roederer, à son courage pour accueillir un designer de brosses à dents, et ensemble on a réussi à faire ce champagne incroyable », déclare avec humour Philippe Starck qui, de surcroît avait posé ses conditions dès le départ : « moi, je ne dessinerai pas l’extérieur si je n’était pas intéressé à l’intérieur ».

Tout démarre donc par un « brainstorming » où les deux parties posent les mots-clés pour définir le futur champagne : singulier, authentique, minimal, honnête, diagonal, moderne… « La différence, c’est que le vin c’est un objet, et le champagne, c’est un projet », s’amuse Philippe Starck.

Intervient alors Jean-Baptiste Lécaillon, chef de caves de Roederer, « l’homme qui change les mots en vin ». Avec ses équipes œnologiques, il transcrit ces objectifs en matière et en modes de vinification. « L’idée nous est venue en 2006 de réaliser une cuvée fraîche sur les argiles, dans une année solaire », déclare l’homme de l’art. Le portrait-robot est affiné : un champagne « à l’attaque en bouche charnue et très mûre mais où la fraîcheur s’exprime juste derrière, une structure tout en tension qui l’amène très loin, et le zéro dosage qui épure ».

C’est finalement une parcelle du village de Cumières, sur les bords de la Marne, qui apporte les raisins de ce portrait-robot. « Ce n’est pas notre vignoble historique, ni une zone de confort, reprend Jean-Baptiste Lécaillon. Mais nous avons été fascinés par le contraste entre l’exposition très solaire des coteaux et ce sol froid d’argiles noires sur un substrat calcaire. » Roederer y possède une très grande parcelle de 10 ha, cultivée en biodynamie, dont les 3 sous-divisions (Le clos, Les pierreuses, les chèvres) permettent de disposer des 3 cépages. Le modus operandi est complexe : vendanges uniquement en jour fruit ; assemblage non pas en vin, mais en raisin, sur le pressoir (nécessitant des maturités synchrones) ; enfin zéro dosage, donc pas de possibilité d’équilibrer ou d’ajuster le vin à postériori.

Pour ce troisième opus, construit sur le millésime 2012, un blanc mais aussi un rosé ont été produits. Philippe Starck les décrit avec son vocabulaire imagé. « Le blanc, c’est une affaire de vitesse, et ce 2012 va encore plus loin dans la légèreté, la pureté, la dématérialisation. » Quand au rosé « c’est le sentimental, c’est le féminin, c’est ma femme et c’est la couleur de sa peau. J’avais bu beaucoup de champagne rosé dans ma vie, mais là j’ai l’impression de boire la couleur, de boire du rose ». Pour l’étiquette, le designer a volontairement choisi l’épure, le nom simplement dessiné au feutre sur un très beau papier crayeux teinté de rose sur les bords « quand c’est le moment d’être amoureux ! »

Terre de vins aime :

Brut nature 2012 Louis Roederer x Philippe Starck (70 €) : ce vin est plein de contrastes. L’attaque en bouche est solaire, charnue, chocolat blanc et poudre d’amandes avant de s’étirer sur une fraîcheur toute minérale. On finit en goûtant la craie !

Brut nature 2012 Louis Roederer x Philippe Starck Rosé (80 €) : la teinte est très originale, rose intense mais aux reflets délicats et comme veloutés (pétale de rose). Nez à la fois salin et floral (pivoine) ourlé à l’aération de fines épices (bâton de cannelle et racine réglisse). La bouche est singulière, séduisant autant par l’aromatique d’attaque que par le toucher de bouche crayeux et velouté au palais.

La nouvelle campagne de communication, qui signe le lien fort du champagne Roederer avec la nature. « Cette maison a la singularité d’avoir un vignoble incroyable [NDLR : 240 ha !], un véritable stradivarius, souligne Frédéric Rouzaud, Président Directeur Général. Être une maison familiale nous donne aussi le temps d’observer et d’être toujours plus émerveillés par la nature. Le temps de créer, avec ces vendanges qui sont une histoire nouvelle chaque année. » 5 nouveaux visuels et un leitmotiv, « Louis Roederer – Tutoyer la nature », signent cet engagement.