Accueil Saint-Emilion : 2016, année historique

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

31.10.2016

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Alors que les derniers coups de sécateur sont donnés à Saint-Emilion, nous sommes allés prendre la température du millésime naissant. Un 2016 qui a réservé son lot de frayeurs, mais pour lequel l’optimisme est définitivement au rendez-vous. Le point dans deux grands crus classés de Saint-Emilion : le château La Dominique et le château Grand Mayne.

« Les grands millésimes se jouent sur le fil du rasoir » constate Pierre Meylheuc, directeur technique des vignobles Fayat, dont le château La Dominique. 2016 semble bien être de ceux-là. Un millésime né de conditions extrêmes, qui a fait trembler jusqu’au bout les viticulteurs. L’hiver doux et pluvieux a été suivi d’un été aux multiples épisodes caniculaires, puis d’un automne ensoleillé mais doté de la juste dose de pluie, induisant une parfaite maturité des baies et des vendanges échelonnées à souhait. A tel point que certains comparent déjà ce 2016, successif à un 2015 de grande qualité, à l’enchaînement historique entre 2009 et 2010.

« Au niveau potentiel, 2016 est supérieur de 20 à 30 % à 2015 » affirme Pierre Meylheuc. La raison? Des « tanins et une maturité exceptionnels », qui promettent des vins « riches et mûrs ». Commencées au château La Dominique le 29 septembre avec des jeunes merlots, les vendanges se sont échelonnées jusqu’au 18 octobre avec les cabernets, grâce à des « fenêtres météo incroyables ». Avec à la vendange « pas une once de pourriture ». A quelques pas de là, au château Grand Mayne, Jean-Antoine Nony ne dit pas autre chose. En pleine récolte, il était déjà ébloui par la qualité et l’homogénéité des raisins. « Je suis agréablement surpris par ce millésime. C’est magnifique, hyper sain. Il n’y a pas grand chose à trier cette année. Sur nos trois tables de tri, nous n’en avons d’ailleurs utilisé qu’une seule. »

Couleur et saveur

Les grands traits de ce millésime? Une couleur « hallucinante ». Doublée d’une matière et d’une structure « incroyables » . Pas besoin de forcer sur l’extraction : « on n’a jamais été aussi doux » explique Pierre Meylheuc. A la clé, « des vins avec un très bel équilibre, denses, mais précis et très veloutés. Ce sera la signature de ce millésime » d’après le directeur technique. A Grand Mayne, Jean-Antoine Nony a vendangé a partir du 10 octobre ses treize hectares de « magnifiques merlots », puis à la fin de la semaine suivante, deux hectares de « très beaux cabernets sauvignons et francs, extrêmement prometteurs ». Ravi, il constate : « c’est une année exceptionnelle, très homogène entre les cépages, et sur l’appellation de façon générale. »

Qualité et quantité

Un 2016 plus que prometteur qualitativement, certes, mais côté quantité, quelles sont les perspectives? Si, avant les vendanges, les rumeurs de rendements diminués allaient bon train, il semblerait qu’il n’en soit rien. « C’est comme un être humain. S’il n’est pas malade, il est en forme. Et productif » explique Jean-Antoine Nony de façon imagée. La propriété n’a « pas spécialement souffert de la sécheresse », grâce notamment à sa forte proportion d’argiles, agissant tel un tampon hydrique. « On a des beaux rendements, supérieurs à ceux de l’an dernier, que ce soit sur les merlots ou les cabernets. » Cette année, Grand Mayne prévoit de faire environ 70% de premier vin.