Accueil Un coffret de vins 100/100 Robert Parker

Un coffret de vins 100/100 Robert Parker

Auteur

La
rédaction

Date

06.06.2013

Partager

Pour la première fois, une caisse de vin est signée du critique américain Robert Parker. Une idée du négociant bordelais BVS à découvrir à Vinexpo.

Vinexpo, le plus grand salon mondial des vins et spiritueux, se tiendra à Bordeaux du 16 au 20 juin. Et nul doute que le stand de Bernard Pujol, à la tête de la société de négoce Bordeaux Vins Sélection (BVS), sera une des attractions de ce rendez-vous professionnel au Parc des expositions du Lac. L’homme y présentera en effet une première : une caisse de vin signée de Robert Parker, le célèbre critique viticole installé sur la côte est des États-Unis.

« L’idée m’est venue l’an passé. Sur le millésime 2009, année de qualité superbe, Robert Parker avait noté 18 propriétés bordelaises 100/100. Le top du top. Pourquoi ne pas en réunir quelques-unes dans une caisse spéciale ? Eh bien ! la voilà ! » annonce ce Carcassonnais d’origine, spécialiste des grands crus, dont la société, créée en 1999, est installée à Eysines, en bord de rocade Bordelaise.

Dans un écrin en bois haut de gamme conçu par la caisserie Adam, cinq étiquettes du gotha girondin : Clos Fourtet (Saint-Émilion), Smith Haut Lafitte (Graves), Léoville Poyferré (Saint-Julien), Cos d’Estournel (Saint-Estèphe) et Pape Clément (Graves), le seul blanc du quintet. Sur le haut de la caisse et à l’intérieur, les mentions suivantes : « 100 points », « Bordeaux 2009 », « Robert Parker Sélection » et enfin la signature de la main du critique, avec la mention « TM » (marque déposée). Bois blanc cérusé, fermeture aimantée, cerclage et, à l’intérieur, les flacons sur fond noir. Le tout ressemble à une valise sans poignée, aux charnières invisibles. Chaque bouteille aura un système anti-contrefaçon, prudence oblige.

« J’ai traité avec les nouveaux propriétaires du “Wine Advocate”, à Singapour, et en direct avec Robert Parker », précise Bernard Pujol. « Je n’ai signé aucun chèque, il n’y a eu aucune transaction commerciale, mais j’ai un deal avec eux », complète le négociant, souhaitant rester discret sur ce dernier point. Vraisemblablement de nouvelles affaires à venir, avec du « donnant-donnant » comme cela se pratique dans ce monde du vin, où les relations humaines, de confiance, sont capitales pour bien travailler.

Du nouveau en « Parkerie »

Cet hiver, la galaxie Parker a en effet changé de dimensions. Après quarante ans de métier et l’âge aidant, le critique, né en 1947, a vendu son activité – « The Wine Advocate » est le nom de la lettre où sont publiés ses commentaires – à des investisseurs basés à Singapour. L’Asie prouvant là encore une fois qu’elle est le nouveau centre de gravité de la consommation mondiale de vin.

Et quand on paye 15 millions d’euros pour acquérir ce business de notoriété planétaire et une marque si bien installée dans l’univers viticole (l’avis de Parker fait souvent la pluie et le beau temps chez certains acheteurs de vin), on imagine aisément qu’il faut un jour rentabiliser l’investissement… « Je pense qu’un tel deal n’aurait pas été possible avant ce changement de propriétaire », concède Bernard Pujol, qui souligne combien Robert Parker tient à son indépendance de jugement et à sa liberté. Sa marque de fabrique historique, qui a priori l’éloigne des opérations à caractère commercial.

Mais après avoir encaissé ce gros chèque venant d’Asie, l’homme peut-il rester le même ? Même s’il continue a priori à travailler pour son « ancien chez-lui », en dégustant notamment les vins de Bordeaux, la « Parkerie » n’a-t-elle pas déjà changé de nature ?

Le temps le dira (et Robert Parker lui-même évoque le sujet dans le dernier « Terre de Vins » auquel il a donné une interview exclusive), mais ce ne serait pas le premier à perdre le contrôle, y compris de l’usage de son nom à des fins mercantiles. Certains grands couturiers peuvent par exemple en témoigner. « Je parie que d’ici un an ou deux les Asiatiques n’en feront qu’à leur guise », avance un courtier girondin fin connaisseur des arcanes viticoles.

Dans tous les cas, le chemin est étroit, et le négociant Bordeaux Vins Sélection a su le trouver pour concevoir cette première. Entre l’indépendance d’un nom et le besoin de vendre des bouteilles en s’appuyant sur lui, la ligne de crête est parfois dans le brouillard. « Les propriétaires de Singapour n’ont aucun intérêt à tuer cette poule aux œufs d’or », pointe Bernard Pujol. Déjà, d’autres événements autour de la « marque » Robert Parker sont prévus, comme des dégustations commentées par le critique lui-même. À Londres par exemple. Ce fut déjà fait en Asie avec le ticket d’entrée à la conférence uniquement accessible aux gros portefeuilles. Le business peut prendre bien des formes…

Environ 2 000 € la caisse

En attendant, BVS, qui réalise 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont les deux tiers à l’exportation, met en vente 600 caisses « Robert Parker Sélection ». Il en coûtera environ 2 000 euros pour le particulier français. À l’étranger, le tarif dépendra aussi des taxes en vigueur dans les différents pays.

Dans ce marché du luxe exigeant, où tous les détails comptent, la caisse contiendra aussi une clé USB où Robert Parker expliquera, via un film, sa démarche de dégustation pour mettre 100/100 à un vin. L’heureux acquéreur aura aussi droit à un abonnement gratuit d’un an au « Wine Advocate », à compter, bien sûr, du moment où la caisse sera ouverte. Sachant que ces bijoux de 2009 peuvent encore vieillir pendant des années. Il suffira alors à l’acheteur de se rendre sur le site Internet dédié.

La caution du critique américain pour de telles opérations est donc une nouveauté. Gageons que bien d’autres déclinaisons feront leur apparition dans les prochains mois. En l’espèce, l’important est surtout d’avoir de bonnes idées.

César Compadre (source)
Photo Laurent Theillet. De gauche à droite : Bernard Magrez (Pape Clément), Matthieu Cuvelier (Clos Fourtet), Florence Cathiard (Smith Haut Lafitte), Didier Cuvelier (Léoville Poyferré) et Aymeric de Gironde (Cos d’Estournel)

Articles liés