Accueil Vendanges en Pessac-Léognan : « un millésime concentré »

Vendanges en Pessac-Léognan : « un millésime concentré »

Auteur

Audrey
Marret

Date

16.09.2020

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Après des vendanges en blancs dès la mi-août, la récolte des cépages rouges a commencé dans l’appellation Pessac-Léognan. Tour d’horizon des premières impressions au Château de Rouillac, au Château Haut-Brion et au Château Hannetot.

Des vendanges avec le sourire ! Au Château de Rouillac, ce lundi 14 septembre, les premières récoltes de merlot, cépage dédié aux vins rouges, ont débuté avec entrain. A Canéjan, le domaine de Laurent Cisneros (26 hectares dans l’appellation Pessac-Léognan) s’était préparé à des vendanges à la main dans le contexte particulier de la crise sanitaire. Mais toute l’équipe, 35 saisonniers, a répondu présent à la première heure, note avec enthousiasme Laurent Cisneros, qui redoutait des absences de dernière minute. « C’est un mixte entre l’expérience et la jeunesse : on a pas mal d’étudiants en remplacement à cause de la Covid-19 et 70 à 80% des effectifs étaient déjà venus à Rouillac. » Après les vendanges des cépages blancs, commencées il y a dix jours, ce démarrage de vendanges en rouge se fait donc avec le moral au plus haut, sous un soleil d’été indien qui a dépassé les 30 degrés en début de semaine.

A Haut-Brion, course contre le soleil

C’est justement contre ce soleil que le Château Haut-Brion mène une course stratégique. La vigne aura dû affronter deux phénomènes : la canicule plus la sécheresse cette année. L’historique domaine de Pessac, premier grand cru classé en 1855, a lancé ses vendanges le 7 septembre sur ses parcelles de merlot. « Habituellement, après les vendanges des blancs [du 19 août jusqu’à la fin du mois], nous enchaînons sur les premiers merlots, précise Jean-Philippe Masclef, maître de chai de Haut-Brion. Mais nous nous sommes rendu compte que les merlots étaient très en retard. Les contrôles de maturité faits mi-août ont montré un comportement très inhabituel : la vigne était à l’arrêt, tant dans l’accumulation des sucres que dans l’accumulation des composés phénoliques. La vigne était saisie par la chaleur ! Petit à petit, la vigne a redémarré. Cependant il nous a fallu attendre une semaine pour commencer les merlots. » Finalement, loin d’être plus précoces cette année, les vendanges des rouges ont débuté quasiment aux mêmes dates que l’année dernière (le 10 septembre en 2019).

Le résultat de cette maturation étonnante ? Difficile à juger en début de vinification. « Malgré les degrés très élevés (les merlots sont au-dessus de 14 degrés, très largement), la couleur passe bien », analyse Jean-Philippe Masclef. Ce que confirme Laurent Cisneros au Château de Rouillac : « les baies sont plus petites mais elles donnent une très belle couleur ». « On sent la matière tannique arriver derrière le sucre en milieu de fermentation, poursuit Jean-Philippe Masclef. Les sensations sont bonnes, les odeurs fruitées, intéressantes. Tout est permis. »
D’autant qu’il reste les parcelles de cabernet sauvignon à vendanger, autour du 23 septembre pour le domaine comme pour le Château de Rouillac. « Les goût sont bons, poursuit le maître de chai de Haut-Brion, mais il y a peu de jus dans les baies : le soleil est en train de nous aspirer une partie de la récolte par concentration ! Cela va faire des vins concentrés avec beaucoup de goûts, intéressants. »

Récolte tardive au Château Hannetot

Autre stratégie au Château Hannetot, petit bijou confidentiel de l’appellation Pessac-Léognan : 4 hectares seulement à Léognan, vinifiés par Serge Charritte, qui officia trente ans au Château Haut-Bailly. Sur ce domaine familial replanté entièrement en 2008, les vendanges doivent commencer autour du 21 septembre. « C’est un peu tardif mais cela ne nous fait pas peur. Nous avons un très bon état sanitaire, explique Xavier Beaumartin. Il est certain que pour ce millésime, nous aurons des vins avec des niveaux d’alcool assez élevé, plus de 14 degrés. »

Le millésime était assez mal engagé, se souvient le propriétaire. « La première partie de l’année s’est passée de façon très bizarre. Nous avons frôlé l’épisode de gel. Les attaques de mildiou ont été terribles. Mais il y a tous les paramètres pour faire bon. Simplement, les volumes seront moindres, mais avec une concentration intéressante. Contrairement à ce que je croyais au départ, cela pourrait être un millésime assez réussi. »