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Gauby, La Rectorie et Mas Amiel emballés par ce millésime 2018

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

12.10.2018

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Né sous un été caniculaire pour se terminer dans des conditions de vendanges plus favorables, ce millésime 2018 surprend par son étonnante fraîcheur, du fruit, un floral explosif et une belle acidité. Trois domaines, têtes de pont de la viticulture de ce département, (domaine Gauby, La Rectorie et Mas Amiel) se prononcent sur ce millésime inespéré.

« C’est un millésime du feu et de la glace, caricatural cette année avec un été caniculaire qui livre une vendange avec des équilibres en dégustation totalement à l’opposé de ce qu’on attendait. Les degrés sont très mesurés, il y a du floral partout dans les cuves, les maturités sont abouties, les acidités sont là pour amener de l’équilibre aux vins », se félicite Nicolas Raffy. Le vinificateur et directeur du Mas Amiel sur l’appellation Maury, n’est pas le seul à qualifier ce millésime de « totalement inattendu ». Gérard Gauby, vigneron réputé du terroir de Calce (Côtes-du-Roussillon) dans la vallée de l’Agly près de Perpignan, s’est lui aussi laissé surprendre lors de la dégustation des premiers jus. « Nous nous attendions à un millésime rugueux du fait de la sécheresse. C’est au contraire d’une grande élégance, c’est presque féminin avec beaucoup de fruit, de fleurs, parfois même explosives, on n’avait jamais fait cela », s’étonne-t-il.

Même son de cloche avec Thierry Parcé du domaine La Rectorie sur le terroir de Banyuls-Collioure situé à l’extrémité orientale du Roussillon, sur les dernières communes du littoral avant l’Espagne. « Les jus sont riches avec des tanins abondants mais fins malgré la sécheresse. Je suis surpris, en particulier par les banyuls (ces vins doux naturels sont vendangés en sur-maturité pour avoir un taux de sucre plus élevés qu’un vin sec, NDLR) avec un côté fruit rouge, cassis, cerise, et une fraîcheur que j’avais peur de ne pas avoir avec ces excès de température. »

Un travail à la vigne décuplé

Une fraîcheur inattendue, de faibles degrés (les vieux grenaches du Mas Amiel ont été récoltés à pleine maturité à 12,8 degrés, du jamais vu !), des tanins abondants mais fins qui surprennent sur un millésime caniculaire, etc.

Ces vendanges s’annonçaient pourtant difficiles, voire extrêmes : les pluies répétées du printemps ont favorisé une attaque foudroyante de mildiou, ce champignon qui se propage avec l’humidité. S’en est suivi un été caniculaire en Roussillon avec des températures voisinant les 30 degrés la nuit et une sécheresse à peine tempérée par quelques pluies sporadiques. Conséquences ? Le travail à la vigne a été décuplé. « C’est un millésime extrême, un millésime de vigneron et de signature, c’est-à-dire qu’il a fallu être vigneron depuis le débourrement jusqu’à la rentrée des raisins », analyse Nicolas Raffy.

Après le mildiou qui a nécessité des apports de tisanes, de plantes et quelques passages au cuivre pour ces domaines en bio et biodynamie, les excès de température ont entraîné un travail supplémentaire de tri, comme au domaine de La Rectorie : « sur les vignes exposées au soleil couchant, les raisins présentaient des faces un peu grillées comme lors de la canicule de 2003, ce qui a nécessité en cave un tri sur table des raisins pour éviter les goûts cuits », témoigne Thierry Parcé. Autre caractéristique du millésime ? Des maturités phénoliques qui sont fait attendre et ont nécessité des passages quotidiens dans les vignes, pour goûter les baies.

Bio et biodynamie, l’anti… sécheresse ?

Pour ces vignerons incontestablement, au-delà des quelques pluies salvatrices d’août et de septembre qui ont permis de recharger les équilibres en eau, ce sont les pratiques en bio et en biodynamie qui ont permis de « lisser les à-coups et contrecoups du climat », selon Nicolas Raffy, en permettant à la vigne d’aller chercher ses nutriments en profondeur. Au Mas Amiel, domaine certifié en Agriculture Biologique (AB) depuis 2013 et en attente de la certification Biodyvin (2019), ces pratiques culturales sont allées crescendo, le retour sur investissement se faisant sentir depuis les cinq derniers millésimes. « Sur une génération, les équilibres se retrouvent dans les vignes, moins sinusoïdales dans leurs comportements, c’est-à-dire sans réactions épidermiques par rapport au stress hydrique, au vent, à la chaleur », illustre Nicolas Raffy.

Au domaine Gauby, cette certitude s’apparente à une roche-mère de convictions : « Les champignons et les bactéries étant les seuls organismes capables de digérer la roche, le fait d’avoir un sol vivant du fait de nos pratiques à la vigne (enherbement, agro-foresterie, NDLR) permet au système racinaire de la vigne qui travaille en symbiose avec ces organismes, d’aller chercher l’eau en profondeur. C’est à mon sens, ce qui explique l’étonnante fraîcheur et finesse de ce millésime », explique-t-il.