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Vendanges Rhône Nord : 2020 devrait être grand

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

05.10.2020

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2020 dans la vallée du Rhône septentrionale est, comme dans beaucoup de régions viticoles, un millésime précoce avec une vendange démarrée d’abord en blancs en août, suivis des rouges dès les premiers jours de septembre, soit une moyenne de 7-10 jours d’avance par rapport à 2019. L’excellent état sanitaire des vignes laisse présager d’un très beau millésime. Impressions de quelques opérateurs rhodaniens…

Christine Vernay (Domaine Georges Vernay) :
« C’est la troisième année de vendanges en août avec 2003 et 1947 ; on a pris en moyenne 15 jours d’avance. C’est une année saine sans grande difficulté, l’idéal pour la première année de certification en bio, même si j’ai arrêté le désherbant il y a 20 ans. Les maturités ont été hétérogènes sur les coteaux de Condrieu et Côte Rôtie, très en avance. Un parfait état sanitaire et une jolie météo pour les vendanges. On n’a pas l’habitude d’avoir le luxe de pouvoir choisir la date de vendanges idéale par parcelle; c’est une sérénité inhabituelle car on a le temps d’attendre tranquillement la fin du pressoir …ce qui fait des longues journées ».

Corentin Pichon (Domaine Christophe Pichon) : « Nous avons eu des degrés moins élevés que d’habitude et des rendements comparables à 2019 (mais on a peu de stocks) sans épisodes de gel ici, juste un peu de grêle très localisée. Le gros boom des plantations dans les années 70-80 fait que nous avons aujourd’hui beaucoup de vieilles vignes qui résistent bien au stress hydrique car on a enregistré moins de 300 mm de pluies depuis janvier, la moitié de 2019. 2020 devrait être plus équilibré que 2019 qui affichait peu d’acidité et plus de structure et d’alcool ».

François Villard (Domaine François Villard) : « Au 20 juillet, on n’avait jamais eu des vignes aussi belles avant que les grandes chaleurs n’arrivent. Mais on enregistre quand-même de belles acidités, aussi bien sur la syrah que sur le viognier,; elles n’ont même jamais été aussi élevées sur les viogniers depuis une dizaine d’années, sans doute grâce à des nuits fraîches. On ne peut donc pas qualifier ce millésime de solaire ».

Yves Cuilleron (Cave Yves Cuilleron) : « Il arrive que l’on vendange un jour ou deux en août mais en général, c’est en septembre (sauf en 2003 à la mi-août). On avait une bonne semaine d’avance cette année. On a eu quelques orages en juillet qui ont fait du bien mais août a été très sec sans épisodes caniculaires comme en 2019, ce qui a préservé les acidités, et les viogniers ont moins souffert que les syrahs. C’est la sixième année consécutive sur une tendance précoce et chaude et une belle série de millésimes ; il n’y d’ailleurs pas eu de stress sanitaire depuis 2014 ».

Jacques Grange (Delas Frères) : « En ce qui concerne la pluviométrie cumulée de janvier au 23 septembre, nous battons le triste record de 2003, avec seulement 223 mm de pluie ! Des effets conjugués de la chaleur estivale et du stress hydrique ont entraîné, sur la fin du cycle, une grande hétérogénéité de maturation. L’étendue dans le temps des vendanges (pas moins de 28 jours – un cycle lunaire ! – entre les premiers et les derniers raisins arrivés en cuverie), tout autant que l’ordre dans lequel les parcelles sont vendangées, resteront une exception dans l’histoire de nos domaines. Dans cette situation inédite, les maturités alcooliques sont restées maîtrisées, préservant ainsi de beaux équilibres, même si les acidités sont faibles. Les extractions sont superbes avec des tannins d’une belle douceur, sans aucune verdeur dans la texture ».

Michel Chapoutier (Maison Chapoutier) : « Nous sommes face au millésime du siècle. 2015 était déjà une grande année, le plus beau des 30 dernières années, et on est probablement en train de le challenger avec 2020, une année chaude et sèche comme le millésime 2003 même si on était un peu inquiets avec la peur d’avoir une année très solaire et concentrée mais avec encore plus de sécheresse. Mais finalement à la surprise générale, on a enclavé des raisins d’une grande fraîcheur, des équilibres presque d’années fraîches car on voit une évolution du végétal et la vigne n’a plus peur de telles chaleurs et s’adapte au réchauffement climatique – ça s’appelle l’épigénétique. Mais les rendements seront plus faibles. Un millésime grand et rare ! »

Natacha Chave (Domaine Aléofane) : « On a vendangé tôt grâce à un printemps pluvieux et un été sec qui a bénéficié des réserves hydriques du printemps. On a bien eu quelques blocages de maturité sur des secteurs pauvres en coteaux, plus en Saint-Joseph qu’en Crozes, mais aucun stress pour les vendanges. Nous allons avoir davantage d’acidité sur les rouges, plus de jus sur les blancs, notamment avec les marsannes en Crozes-Hermitage, et des volumes comparables à 2019 ».

Laurent Combier (Domaine Combier) : « Une année précoce et un beau millésime blanc, même si certaines parcelles ont stressé un peu au mois d’août, des degrés convenables, un peu moins élevés que 2019, une belle fraîcheur sur les blancs comme sur les rouges, vendangés très tôt début septembre, mais on savait qu’on avait de l’avance dès le début avril – il est vrai qu’il est rare de voir des vendanges le 1er septembre à Saint-Joseph ».

Stéphane Robert (Domaine du Tunnel) :
« Finalement, il y a peu de changement comparé à l’année dernière. Des vendanges sur trois semaines avec des raisins très sains qui n’ont nécessité aucun tri. Les quelques pluies de fin août ont débloqué les maturités, on a perdu un peu de jus en blanc à cause de la sécheresse mais c’était parfait pour les rouges. Un millésime pas stressant avec de jolis équilibres, gourmand sur des tanins élégants ».