Dimanche 8 Décembre 2024
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17.02.2022
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A l’occasion de Wine Paris, nous avons pu rencontrer Rémi Vervier, le directeur général de la coopérative Palmer. On connaît la maîtrise très fine des soléras de cette jolie marque, mais Terre de Vins avait envie d’en savoir plus sur son histoire et ce qui fonde son ADN.
Qu’est-ce qui distingue le parcours de Palmer de celui des autres coopératives ?
Nous sommes la seule coopérative née autour d’un projet produit et non de la mise en commun d’un outil de production. En 1947, les sept vignerons fondateurs étaient déjà des récoltants-manipulants établis qui élaboraient et vendaient leurs bouteilles. S’ils se sont rassemblés, c’est d’abord parce qu’ils voulaient créer ensemble une nouvelle marque et grâce à l’assemblage, sublimer davantage leurs terroirs. « Palmer » a ainsi été déposé dès 1948 ! Au début, vous deviez posséder un pressoir pour devenir adhérent. C’est l’antithèse de la coopération ! L’objectif était de dire : « si vous ne comprenez pas les enjeux de la vinification, vous n’avez pas votre place ».
De quels terroirs est partie la construction de cette coopérative ?
Ces vignerons se trouvaient tous sur la face Nord de la Montagne, sauf un, implanté à Avize, qui a quitté la coopérative en 1959 lorsqu’elle s’est installée à Reims. Aujourd’hui encore, nos cuvées millésimées sont issues exclusivement de ces terroirs, que ce soit pour le chardonnay ou le pinot noir. Dans les années 1970, ces premiers coopérateurs ont planté des vignes dans le Sézannais et aux Riceys. Sur place, ils ont noué des relations avec les vignerons locaux, élargissant l’origine géographique des adhérents. Notre domaine s’étend désormais sur 430 hectares pour 320 vignerons. Nous nous posons la question de savoir jusqu’à quel point on peut grandir sans perdre notre proximité avec nos coopérateurs et cet esprit qualitatif de compréhension et de maîtrise de tout ce qui se passe depuis la vigne jusqu’au vin.
La prudence reste donc de mise dans notre recrutement. Nous essayons de garder une cohérence par rapport à nos terroirs historiques. L’engagement de 10 ans est long (il était même de vingt ans autrefois) parce que nos vins sont faits pour vieillir, ceux de la Montagne en particulier qui ont cette tension. On ne peut venir puis repartir sur un coup de tête. Afin de s’assurer que nous partageons les mêmes valeurs, il existe d’ailleurs une période d’essai d’un an.
Qu’en est-il de votre histoire commerciale ?
Le premier marché a été l’Angleterre, d’où le choix du nom et des lettres anglaises. La marque a connu un fort développement ces dix dernières années. En Suède, nous figurons dans le top cinq, ce qui est remarquable pour une maison dont les ventes (1 million de cols) restent limitées. Nous avons choisi de rester concentrés sur les cavistes et les restaurateurs, parce que nous avons besoin de personnes capables d’expliquer notre travail. Là-aussi, la progression des ventes doit rester mesurée si nous souhaitons conserver la longueur des vieillissements (4 ans pour le brut). Je suis œnologue de formation, en tant que directeur général, cette double casquette m’évite de faire des bêtises.
Lorsque je regarde cette histoire, elle éclaire notre stratégie actuelle. Certains clients nous demandent par exemple : « compte tenu des vignes incroyables que vous avez dans les grands crus, pourquoi ne faites-vous pas de cuvées parcellaires ? » Or ce serait aller contre ce qui a motivé la création même de notre coopérative : la foi dans la sublimation des terroirs par l’assemblage. En 2017, face à l’état sanitaire de la vendange, j’ai été surpris par la facilité avec laquelle les vignerons nous ont suivi lorsque nous leur avons demandé de trier. Là-aussi, cela découle de la philosophie inculquée par les fondateurs qui souhaitaient ne travailler qu’avec des adhérents riches d’une culture produit fini, capables de voir plus loin que le bout de leurs vignes pour comprendre les besoins du vinificateur.
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