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Chinon 2011 : des rouges sur le fil

palmareschinon2011

Auteur

La
rédaction

Date

01.03.2014

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Sur un millésime difficile, le vignoble de Chinon tente de garder la tête haute. Une mission délicate qu’un certain nombre de producteurs ont su accomplir, évitant les extrêmes d’une sous-maturité ou d’une surconcentration. Voici notre palmarès de ces cuvées d’équilibristes.

CE PALMARÈS A ÉTÉ PUBLIE DANS « TERRE DE VINS » N°28 (MARS-AVRIL 2014)

Dans la vallée de la Vienne, à 40 kilomètres au sud-est de Tours, le vignoble de Chinon voit rouge de façon quasi catégorique, malgré quelques enclaves de blanc (cf. encadré). Ce fief aujourd’hui incontesté du cabernet franc partage en partie sa domination avec le cabernet-sauvignon. En partie seulement car si ce dernier peut le compléter à hauteur de 10 % (proportion bien plus importante il y a encore cinquante ans), il est aujourd’hui réduit à la portion congrue car il mûrit mal en année tardive. Appelé aussi plant breton parce qu’il était envoyé en Angleterre via la Bretagne (ou bien du nom de l’abbé Breton, régisseur du cardinal de Richelieu, qui l’aurait implanté dans la région), originaire des Pyrénées espagnoles, le cabernet franc aurait conquis le Sud-Ouest avant de remonter vers le nord et coloniser une partie du vignoble de la Loire (en Anjou de manière générale, mais aussi les secteurs de Brissac, Chinon, Saumur, Bourgueil et Saint-Nicolas-de-Bourgueil).
Adossée à la falaise, la ville de Chinon chère à Rabelais est dominée par la forteresse médiévale où eut lieu le 25 février 1429 la rencontre entre Charles VII et Jeanne d’Arc. C’est donc aux abords de cette petite cité historique que s’étale le vignoble de Chinon, une mosaïque de parcelles de 2350 hectares, comptant des sols argilo-calcaires, d’argiles à silex et de tuffeau sur des coteaux, des sables et des limons dans la plaine.

Dans un millésime compliqué où les raisins ont peiné à mûrir et où les vins manquaient en général de concentration, notre dégustation devait extraire les meilleures bouteilles rendant compte de la réalité de Chinon, même si celle-là, diverse, ne peut être ramenée à un profil de vins unique : qu’ils soient friands et sur le fruit, à boire jeunes, issus des sables, ou plus denses, colorés, puissants, promis à une grande garde, issus des sols de tuffeau argilo-calcaires, les vins de Chinon gardent un caractère aimable indéniable. Entre ces deux profils de vins, ceux de graviers, fins et délicats, sont à déboucher au bout de quatre ou cinq ans, selon la réussite du millésime.

Les résultats furent en phase avec la difficulté de l’exercice : beaucoup de vins présentaient des notes végétales au nez mais aussi en bouche, de la fluidité, un manque de concentration mais également de pureté, ce qui est plus gênant. « Mieux vaut toutefois un joli végétal rafraîchissant qu’un boisé ou une recherche de sophistication excessifs », note un juré. Reste que ces vins forment un joli peloton de rouges accessibles au plus grand nombre : c’est là sans doute la grande force de la Loire, proposer des vins loyaux et marchands à des prix décents.