Le Jardin : un champagne au rythme des saisons

Sauvage, été, automne. Un même vin, 3 dosages, et au final 3 champagnes aussi différents que la nature au fil des saisons. Étonnante démonstration du domaine Jacques Copinet.

Est-ce le spectacle de la nature dans leur jardin qui a inspiré Marie-Laure Kowal-Copinet pour produire cette nouvelle cuvée ? Toujours est-il que ces trois bouteilles proviennent de la même vieille vigne, un vieux chardonnay planté par son père Jacques Copinet dans son jardin lorsqu’il créa son domaine dans les années 70 à Montgenost, dans le sud du Sézannais.

Même raisin, même cuve, même vinification, même champagne (sic !) et pourtant 3 champagnes très différents puisque de l’un à l’autre, Marie-Laure Kowal-Copinet a fait varier le dosage de 0 à 8 g/l. « Doser un vin, ce n’est pas seulement le faire entrer dans une case légale brut, extra-brut ou autre, expliquent Marie-Laure et son mari, tous deux œnologues. C’est finaliser la vinification, apporter un style ». Pour parfaire leur démonstration, ils ont fait un pari audacieux : utiliser pour ce dosage du moût de raisin issu des vignes du domaine et non du sucre neutre, avec pour effet d’apporter rondeur mais aussi arômes.

Sauvage, été, automne

Le Jardin sauvage est la version « zéro dosage » de la trilogie. Le chardonnay s’exprime ici dans sa composante variétale : fleurs de printemps, prairie avec ses touches de petites fleurs délicates et d’herbe fraîche. C’est pur, délicat, sur la fraîcheur, et cela appelle des entrées délicates, bouchées de légumes, terrine de poissons, verrines au fromage frais et fines herbes, etc.

Le Jardin d’été passe à 4 g/l de dosage. Voici un champagne définitivement floral – on imagine la violette, la pivoine, les arbres en fleur tels le tilleul et mille autres senteurs du jardin d’ « un dimanche à la campagne ». En bouche, c’est un champagne complet, sapide, à la finale pleine et ronde. Un bel équilibre qui rafraîchira un plateau de fromages à pâte pressée comme un beaufort ou un comté d’alpages d’été.

Le Jardin d’automne (8g/l) évoque les beaux fruits d’été mûrs qui auraient concentré du soleil de l’été. Le nez rappelle le miel millefleurs. La bouche est ronde, charnue, voluptueuse, sans aucune agressivité, certes assez atypique dans l’ensemble de la gamme du domaine, mais d’un effet stylistique étonnant. Voici un premier pas vers les desserts, tartes fines aux fruits du verger, compote de pommes à la cannelle, poires pochées au bâton de cannelle.

Étonnant champagne, unique et si différent à la fois, dont le coffret (3 bouteilles, 80 €) donne l’impression de voyager au fil des saisons.

« Le soleil gonfle de ses feux les trésors dont l’automne en riant se couronne ». C. Delavigne.

J.B.W.

Champagne Jacques Copinet