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[Cocktails mythiques] Daiquiri, Moscow Mule & Sidecar

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

04.02.2022

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La fascination durable qu’exercent les cocktails mythiques tient autant à l’équilibre subtil de leurs ingrédients qu’aux lieux et circonstances qui ont présidé à leur naissance. Qui les a inventés ? À quelle date ? Dans quel bar, dans quel club, dans quelle ville ? Coup de projecteur sur trois cocktails de légende, extraits de notre hors-série Spiritueux.

Daiquiri
Santiago de Cuba, 1898
Il se partage, avec le mojito, le titre de plus célèbre cocktail cubain – et précède son cousin à la menthe d’une bonne trentaine d’années. Le Daiquiri doit son nom au village de Daiquiri, proche de Santiago de Cuba. Il aurait été créé en 1898 par un ingénieur américain, Jennings Stockton Cox, alors en mission à Cuba pour en exploiter les mines de fer. Le cocktail se serait alors largement diffusé au sein de la communauté américaine de l’île – il devient populaire à New York dès 1902. Tout bon cocktail ne pouvant être complet sans la patte d’Ernest Hemingway, on attribue à l’insatiable écrivain une version « remaniée » du Daiquiri, en 1932, au bar Floridita de La Havane, avec double dose de rhum et moins de sucre. Cette variante porte le nom de « Papa Doble ».
• Recette :
– 6 cl de rhum blanc
– 4 cl de jus de citron vert
– 2 cl de sirop de canne

 

Moscow Mule
Los Angeles, Cock’n’Bull, 1941
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, le Moscow Mule ne vient pas de Russie mais bien des États-Unis. Ce cocktail est né d’une rencontre, et d’une opportunité : à la fin des années 1930, John G. Martin a racheté la distillerie de vodka Smirnoff, implantée aux États-Unis depuis la révolution d’Octobre ; mais la prohibition est passée par là et a fait gonfler les stocks. Pour les écouler, Martin se tourne vers son ami Jack Morgan, propriétaire du pub Cock’n’Bull à Los Angeles. Celui-ci, de son côté, a des stocks de ginger beer à écouler ! On attribue à Wes Price, l’un des barmen du Cock’n’Bull, l’idée de combiner les deux ingrédients. Pourquoi dans une tasse en cuivre ? À cause d’une troisième rencontre, celle de Sophie Berezinski, héritière russo-américaine ayant sur les bras les stocks de l’usine de cuivre de son père.
• Recette :
– 4 cl de vodka
– Ginger beer
– 1 cl de jus de citron vert pressé
– Facultatif : un trait d’Angostura bitter

 

Sidecar
Paris, Le Ritz, 1923
Pour parler du Sidecar, nul n’est mieux placé que Colin Field, head bartender du Ritz Paris, où le cocktail fut inventé il y a près d’un siècle : « Le Sidecar était mentionné en premier à Londres dans un livre de Robert of the Embassy Club. Ensuite, on le trouve dans le “ABC of Mixing Drinks” par Harry McElhone. McElhone, propriétaire du Harry’s Bar et membre no 2 de l’Amicale des bartenders, créée par Frank Meier de l’Hôtel Ritz Paris, écrira que le cocktail a été inventé par McGarry au Bucks Club à Londres. Pourtant, c’est bien Frank Meier qui va rendre le cocktail célèbre avec son Ritz Sidecar de 1923. La « lost generation » d’Américains qui étaient restés à Paris après la Grande Guerre profitait de la force du dollar contre le franc français bien déprécié. Frank décida donc de créer un cocktail qui était bien plus cher que tous les cocktails que le Ritz offrait, précisément pour cette clientèle. Certains grands bartenders possèdent un style, et quand on compare les cocktails de Frank Meier au Sidecar, il saute aux yeux que ce dernier est tout droit dans le style de Frank. Le travail de “détective de cocktails” ne cesse jamais… »
• Recette :
– 2 cl de cognac
– 3 cl de triple sec (Cointreau)
– 3 cl de jus de citron jaune