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Gordon & Macphail dévoile le plus vieux single malt du monde

©DR

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

02.10.2025

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En plein cœur de l’édition 2025 du Whisky Live Paris, l’embouteilleur Gordon & Macphail a créé la sensation en présentant le plus vieux whisky jamais commercialisé. Une rareté absolue que nous avons eu le privilège de déguster.

L’ambiance était électrique ce dimanche 28 septembre dans l’amphithéâtre Boris Vian sous la halle de la Villette. Pendant de longues dizaines de minutes, bercés par une musique planante, le mystère est demeuré entier. Seul un piédestal recouvert d’un large drap laissait penser que le graal se trouvait là, à quelques mètres seulement du public, au milieu de la scène. Pour l’évènement, l’auguste maison écossaise installée à Elgin dans le Speyside depuis 1895 avait mis les petits plats dans les grands. En guise de prélude, deux merveilleux whiskies ont été présentés en dégustation, un Longmorn 1968 à la suavité folle guidée par le fût de sherry et un Glengrant 1955, d’une profondeur et d’une complexité rares. De quoi éveiller les papilles de la meilleure des manières.

Une ode à la magie

L’heure était alors venue de dévoiler tel un trésor celui pour qui toute l’audience était venue. Et quelle surprise de découvrir un écrin absolument somptueux en bois noir créé pour l’occasion par l’architecte de renommée internationale Jeanne Gang. Une ode évidente à la magie du fût #336 qui a hébergé en son sein 85 années durant le même jus, une prouesse rarissime tant la prise de bois finit, avec le temps, par s’imposer trop, obligeant de facto à stopper le vieillissement des whiskies.

Dans un mouvement d’élévation tournante, quatre branches d’arbre viennent ainsi enchâsser le précieux flacon, faisant éclater par contraste sa robe acajou clair absolument splendide. Une véritable œuvre d’art, évoquant symboliquement un cœur, écho symbolique à la nature encore diaboliquement vivante et vibrante de ce Glenlivet 1940. C’est en effet le 3 février 1940 que John Urquhart, légende de la maison, remplissait 15 fûts de sherry dans la distillerie Glenlivet dont certains furent transportés à Elgin pour réaliser le premier élevage intégral d’un distillat dans les propres chais de Gordon & Macphail et non à la distillerie.

Une merveille sans pareil

Jamais un single malt de 85 ans n’avait été embouteillé et a fortiori dégusté. L’émotion était donc palpable au moment de découvrir dans le verre un monument absolument unique. Une certaine appréhension au moment de sentir les premières effluves et l’espoir que le whisky serait bien à la hauteur des attentes placées en lui. Et autant l’avouer derechef, la réputation de Gordon & Macphail en matière de vieillissement de malts écossais n’est pas usurpée. Ce jus a été doucement accompagné, suivi, dégusté au fil des décennies. Son potentiel à atteindre un âge canonique identifié puis intimement surveillé.

Embouteillé le 5 février 2025, presque 85 ans jours pour jours après sa venue au monde, ce Glenlivet 1940 a tenu fièrement son rang. Un nez absolument incroyable, évoluant longuement et convoquant une farandole d’arômes sans cesse changeants. Des agrumes intenses (pamplemousse rose), de la mangue et de l’ananas teintés d’épices douces (cannelle), puis des fruits secs, de la noisette et de l’amande, avant que les raisins secs n’apparaissent et ne se lovent dans des évocations de cire délicatement fumée. Un véritable poème confirmé en bouche où l’intensité du jus en a surpris plus d’un. Avec 43,7 %, ce whisky impose encore une belle intensité, parfaitement balancée par une fraîcheur intacte. Le tabac, le poivre noir sont alors venus complexifier l’ensemble qui s’est étiré très longuement sur des notes de litchi et d’orange confite.

Seulement 125 carafes produites

Un whisky absolument exceptionnel, dont seules 125 carafes ont été produites. Si certaines sont déjà réservées par les plus fidèles clients de la maison, d’autres seront bien proposées à la vente à un prix à la hauteur de la légende ici encapsulée. 140 000 € pour pouvoir se délecter de ce paradis spiritueux… Et pour ajouter encore un peu de magie à tout cela, la carafe numérotée #1/125 sera vendue aux enchères par Christie’s en novembre prochain à New-York. Les fonds récoltés seront reversés à l’association sans but lucratif American Forests qui œuvre depuis 1875 à la reconstitution des forêts américaines.


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