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Les bergeracs nouveaux sont arrivés… du Nord

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

16.11.2017

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Deux nouveaux vignerons se sont installés ces dernières années dans le vignoble bergeracois, le château Les Donats et le domaine Grande Maison. De belles cuvées à découvrir dans l’appellation.

Olivier Verhelst est venu en vacances au château Les Donats à Saint-Nexans (24) pendant 20 ans avec ses parents ; son père, caviste à Anvers, importait une majorité de la production. Tout en reprenant l’activité familiale en Belgique (encore 70% des débouchés du château), il a voulu en 2013 « devenir le maître du temps » à Bergerac après une formation d’ingénieur-œnologue, accompagné par des Rolland et Derenoncourt. Sur la quinzaine d’hectares (dont 10 en propriété) il a arraché les parcelles les moins qualitatives, quelques sémillons peu productifs et des cabernets sauvignons en zones gélives, et replanté principalement du sauvignon gris qui entre désormais à 90% dans sa nouvelle cuvée Panache blanc (complété de sémillon) . Un vin ample et crayeux, vinifié en cuves béton sur levures indigènes, développant des arômes d’agrumes, de litchis et de fruits exotiques. Issu d’une parcelle de sols limoneux et d’argiles, il finit son élevage 4 mois en fûts de 300 litres. comme les autres vins de la gamme. Une vinification séparée par cépage, assemblés seulement au bout de deux ans (actuellement le 2015), donne à ce Panache du caractère et de l’élégance qui se reflète sur une bouteille épurée portant une jolie citation d’Edmond Rostand comme un hommage au terroir (18€ – avec un velouté de potimarron ou une escalope de foie gras poëlée) . Le Bergerac rouge n’est pas moins soigné (le 2015 sortira au printemps prochain). Un assemblage merlot à 85% et cabernet franc en vinification intégrale et élevé 18 mois en fûts. Malgré une production 2017 grêlée à 65%, Olivier n’est pas pressé. Après avoir restructuré plus d’un tiers des vignes, il continue à travailler les sols pour des racines plus en profondeur et soigne la biodiversité avec des « hôtels » à abeilles et papillons. Le jeune vigneron fait des essais sur le fer servadou, le colombard, le chenin, étudie la possibilité d’un fermage à Pécharmant pour agrandir sa gamme de rouges, et a osé un IGP Périgord 2014 à base de malbec (le 2015 qui devrait sortir au printemps prochain est élevé en partie en jarre de terre cuite pour atténuer sa puissance). Les vins d’Olivier complètent ainsi la gamme précédente de Bergerac, Les Coquilles.

Benjamin Chabrol est commercial mais rêve de devenir vigneron. Avec son père Jean-Louis qui travaille dans l’agroalimentaire, il cherche une opportunité de vignoble « abordable, a priori dans le Sud-est, avec une belle bâtisse et déjà de jolis vins ». Les deux normands tombent finalement amoureux en 2012 d’une maison forte du 14ème siècle avec un étang et 14 ha de vignes sur un terroir argilo-calcaire, travaillées en bio depuis un quart de siècle. « On ne cherchait pas en bio au départ, reconnaît le nouveau vigneron qui a refait une formation d’œnologue à Bordeaux. Mais aujourd’hui, je n’envisagerais pas les choses autrement ». Les Chabrol donc le domaine Grande Maison à Monbazillac (24) arrachent 2 ha de sémillon, replantent sauvignon et malbec, rénovent le chai et la salle de dégustation pour mettre en œuvre des activités œnotouristiques. De nouvelles cuvées apparaissent : Angélique, 100% muscadelle, pour compléter la gamme de monbazillacs et une méthode traditionnelle Milla Bulles. Benjamin choisit d’élever ses bergeracs rouges en cuves « pour plus de fruité avec des tanins plus ronds alors qu’auparavant, ils étaient très marqués par l’extraction et le bois des barriques ». Les cuvées de secs sont baptisées La Tour, rappelant celle fortifiée du domaine. A noter le bergerac blanc 2015, sauvignon blanc à 80% et sauvignon gris, ample et floral sur des notes de fruits blancs bien mûrs et une note vanillée, élevé 18 mois en barriques bourguignonnes (14€ – avec un foie gras mi-cuit aux noix) et le côtes de bergerac rouge 2012 a 90% merlot avec du cabernet franc, élevé 22 mois en barriques neuves, sur des arômes de fruits noirs et d’épices avec des notes de réglisse et d’eucalyptus (17€ – avec un risotto aux cêpes). La propriété est conduite en biodynamie (une certification Demeter est prévue pour l’an prochain).