La Bourgogne descend bien plus au sud que vous ne le pensez…

Une bouteille de Bourgogne sur 12 est produite dans le Beaujolais. Étonnant mais parfaitement légal… Explication.

La Bourgogne et le Beaujolais n’ont jamais été aussi proches. C’est l’un des enseignements des chiffres de production du millésime 2016. Presque 100 000 hectolitres de vins de Bourgogne ont été produits dans le département du Rhône, dans le Beaujolais donc. Cela fait tout de même une bouteille sur douze (la récolte totale est de 1,226 million d’hectolitres)… On ne parle pas bien sûr de premiers crus ou de grands crus de la Côte de Nuits « délocalisés » au nord de Lyon. Ce serait purement et simplement une tromperie. Mais de volumes venus grossir le contingent d’AOC régionale : bourgogne et crémant de Bourgogne.

Cela peut surprendre mais cela n’a rien d’illégal. Les limites de la Bourgogne viticole descendent bien plus au sud que les frontières administratives de la région.

Dès la création des appellations d’origine contrôlée dans les années 1930, les décrets ont entériné les passerelles existantes entre ces deux vignobles. Ces derniers ne connaissent d’ailleurs pas de réelle séparation physique : les vignes du Beaujolais s’inscrivent dans la continuité de celles du Mâconnais. Une partie des crus Chénas, Juliénas, Moulin-à-Vent et surtout Saint-Amour sont même situés en Sâone-et-Loire, en Bourgogne donc…

Ces passerelles sont une aubaine pour le deux vignobles. Ce volume transféré du sud au nord vient combler, pour partie, le manque de vins d’entrée de gamme produit dans les départements bourguignons (c’est le cas notamment pour les Crémant de Bourgogne). Pour le Beaujolais, dont le redécollage sur les marchés tarde à se faire sentir, cette possibilité de repli dans une AOC bourguignonne permet de trouver des débouchés.

Mais ces dispositions ne sont pas toujours très bien perçues par les producteurs eux-mêmes, notamment de ceux de Côte-d’Or. Ils voient là un galvaudage de l’AOC Bourgogne. L’institut des appellations d’origine mène d’ailleurs un travail de délimitation visant à définir plus strictement l’aire d’appellation Bourgogne dans le Beaujolais.