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Les Costières de Nîmes demandent la reconnaissance de deux terroirs complémentaires

Le vignoble de Franquevaux en Costières de Nîmes (©David Z)

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

10.02.2017

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Costières de Nîmes, l’appellation tout au sud de la Vallée du Rhône, dépose à l’INAO un dossier pour la reconnaissance de deux nouvelles dénominations géographiques complémentaires : Saint-Roman et Franquevaux… Deux terroirs déjà identifiés aux Ve et XIIe siècles par les moines des abbayes du même nom.

Costières de Nîmes, l’appellation sud de la grande famille des vins AOP de la Vallée du Rhône, s’apprête à monter d’un cran dans la pyramide des appellations. Le syndicat de cette jeune appellation née en 1985, vient de déposer, le 9 janvier 2017, un dossier auprès de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) pour la reconnaissance de deux dénominations complémentaires. La demande concerne les terroirs identifiés de Franquevaux au sud, et Saint-Roman au nord et vise exclusivement les vins blancs et rouges.

Une reconnaissance attendue en 2019

Instruit au niveau régional pour une validation définitive espérée d’ici 2019, il permettrait aux 51 vignerons et 7 caves coopératives engagés dans cette démarche, d’accoler sur les étiquettes de leur millésime 2019 la mention « Costières de Nîmes – Franquevaux », ou « Costières de Nîmes – Saint-Roman ».

« C’est un geste fort envers le consommateur, un label de qualité supérieur qui ferait émerger l’image d’une AOP fortement identitaire et qualitative. L’appellation Costières de Nîmes a longtemps souffert d’un déficit de notoriété, eût égard à la qualité des vins qu’elle produisait, observe Fanny Molinié-Boyer, vigneronne en Costières de Nîmes et porteuse du projet sur Franquevaux. Notre démarche vise à faire émerger la typicité de deux beaux terroirs qualitatifs, grâce à un cahier des charges plus restrictif. »

Celui-ci intègre un gros volet environnemental, enjeu cher à l’appellation. Outre des rendements plus restrictifs (48 hl/ha au lieu des 60hl/ha actuellement) et un âge des vignes rentrant en production plus élevé (entre 7 et 9 ans contre 3 ans), il prévoit par exemple, l’arrêt complet du paillage plastique, l’interdiction de désherber en plein, ou la suppression des engrais de synthèse.

Les vignerons des zones concernées ont déjà largement anticipé cette démarche, grâce à 53 fosses pédologiques réalisées en 2016 par le géologue Georges Truc, grand spécialiste des terroirs de la vallée du Rhône. Ces fosses ont mis en évidence la typicité de deux terroirs de galets roulés de type rhodaniens et duranciens, délimités au nord par la zone d’altitude de Saint-Roman (entre 60 et 150 mètres) et au sud par les communes de Franquevaux (10-60 mètres d’altitude) subissant des influences maritimes renforcées par la proximité des étangs de Petite Camargue.

Dans les pas des moines cisterciens et bénédictins

Effet du hasard ? Ces deux dénominations géographiques complémentaires prennent le nom de leurs célèbres abbayes : l’abbaye de Saint-Roman fondée au Ve siècle par les moines bénédictins de Saint-Roman (près de Beaucaire) et l’abbaye cistercienne de Franquevaux fondée au XIIe siècle, aujourd’hui disparue.

« Ce choix nous a paru évident car une DGC, c’est aussi la reconnaissance de l’existant. La présence des abbayes sur un vignoble n’est jamais un hasard, les moines s’étant toujours implantés là où le terroir était bon pour faire pousser la vigne », observe Fanny Molinié-Boyer. Quant à imaginer que ce marqueur du paysage, qui a fait émerger ailleurs les plus grands vignobles de France, sera exploité d’un point de vue marketing, il n’y a qu’un pas.

Dans l’attente de 2019, Une certitude demeure. Cette DGC est la première étape d’un chantier plus global visant à consolider la notoriété de l’appellation Costières de Nîmes, en trois phases de hiérarchisation : d’abord le socle commun AOP Costières de Nîmes acquis en 1985, à présent la dénomination géographique complémentaire (le deuxième étage de la fusée), et demain le Graal, à savoir la reconnaissance de la notion de cru ou appellation communale, escomptée d’ici quinze ans. Reconnaissance ultime qui dans la Vallée du Rhône, fait déjà la notoriété des Gigondas, Vacqueyras, Châteauneuf-du-Pape, etc.

Ci-dessous : vignoble de Saint Roman en Costières de Nîmes (©Grilhe)