Accueil [ENTRETIEN] Jonathan Lambert : « Ne pas sacraliser une bouteille »

[ENTRETIEN] Jonathan Lambert : « Ne pas sacraliser une bouteille »

"Être ou ne pas être... bue", Jonathan Lambert ne se pose pas ce genre de questions (photo J. Bernard)

Auteur

Jean
Bernard

Date

09.10.2017

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L’acteur Jonathan Lambert était en Luberon à l’occasion de l’attribution du prix littéraire de La Bastide de Gordes. L’occasion aussi de parler vin avec cet humoriste qui prend cela très au sérieux.

Sous un soleil encore estival invitant à une lecture paresseuse sur les transats de La Bastide de Gordes, le jury du deuxième prix littéraire portant le nom du palace s’est réuni pour désigner le lauréat. Lequel est une lauréate ! Eva Ionesco a été récompensée pour Innocence (éditions Grasset), un premier roman que son parrain, Frédéric Beigbeder, a su parfaitement défendre.

Sous le regard de Pierre Gagnaire, le chef multi-étoilé, l’acteur Jonathan Lambert partageait le rôle de président du jury au cours des délibérations puis de M. Loyal pendant le débat qui a suivi sur le thème de la cuisine dans le roman. Une fois la page officielle de son séjour en Luberon tournée, il a accepté d’évoquer ce que le vin représente pour lui.

« J’ai eu la chance d’avoir un père grand amateur de vin et de tout le cérémonial qui accompagnait l’ouverture d’une bouteille. Enfant, je pense que je n’ai pas aimé le premier verre de vin que j’ai pu goûter. Mais c’est un peu comme les huîtres, on a envie de comprendre ce qui excite autant les adultes et finalement on y prend goût. Et comme c’est souvent le cas à Paris, la famille était plutôt Bordeaux. Ce qui explique sans doute mon goût pour le merlot. » Branché sur la rive droite de la Garonne, l’humoriste qui a joyeusement déglingué les dictateurs le temps de son one-man-show ‘Looking for Kim’, ne fait pas pour autant une fixation sur telle ou telle appellation. « Je fais partie d’une génération très sensible à la question de l’environnement. Alors, si on me parle d’un vigneron qui travaille en respectant la nature, j’y serai sensible et cela facilitera mon choix au milieu de l’offre… »

Les côtes du Rhône, une découverte tardive

S’il aime bien la notion de cépage, les assemblages qui marquent nombre d’appellations de la vallée du Rhône lui conviennent aussi. « Une découverte tardive. Il y a dix ans, à l’occasion du Festival d’Avignon, j’en ai profité pour découvrir Gigondas et Vacqueyras. Mais depuis je me suis aussi attardé du côté de Saint-Joseph, Châteauneuf-du-Pape ou encore en Coteaux d’Aix. Des vins souvent puissants sur lesquels la température de service à une incidence fondamentale. Et suivant ce que Alain Senderens m’avait fait découvrir avec un Fitou, je préfère les déguster un peu frais, à la température de cave plutôt que chambrés. »

Mais de cave, chez lui, l’acteur n’a pas. « J’ai une dizaine de bouteilles, pas plus. Et je n’ai pas besoin d’attendre un repas pour en profiter. En fait, je trouve chiant d’attendre pour en ouvrir une. Il ne faut pas sacraliser une bouteille. Attendre, c’est aller vers un rendez-vous manqué. On attache tellement d’importance à ce moment-là que finalement il est entouré par une notion de déception. » Alors, quand l’envie lui vient d’acquérir quelques flacons, il se rend chez un caviste de quartier ou bien va pousser la porte des caves Taillevent. « Là que vous laissiez 8 € ou 800 €, on a toujours les mêmes égards pour vous ! »

Ce qui invite à connaître les derniers vins qui l’ont fait frissonner. « Bien évidement un Saint-Emilion, Château Ausone et ici, à Gordes, un rosé bio conseillé par Pascal le sommelier. Un Luberon, le château de la Canorgue… »