Accueil Printemps des Champagnes : millésimes, on révise ses classiques !

Printemps des Champagnes : millésimes, on révise ses classiques !

Auteur

Laurie
Andrès

Date

17.04.2019

Partager

Le Printemps des Champagnes a débuté depuis ce samedi, l’occasion pour Terre de Vins de vous emmener dans les coulisses de cet événement et vous faire partager quelques pépites dénichées tout au long de cette Champagne Week réservée aux professionnels.

Les millésimes se suivent et ne se ressemblent pas. Si on peut parfois les comparer, les émotions qu’ils procurent restent singulières. Incontestablement liés aux conditions climatiques qui détermineront si oui ou non ils pourront être classés comme tels, ils ne cessent de mettre en émoi les amateurs éclairés qui y voient plus qu’une année mais un cadeau du ciel. Parallèlement, il existe ce que l’on appelle des grandes années que l’on peut aussi retrouver dans les autres vignobles français (c’est le cas pour le Bordelais en 1989, par exemple).

En Champagne, on peut retenir 1959, 1978, 1989, 1990 et plus récemment 2002 et 2008.

Le dégorgement, acte qui s’avère presque chirurgical sur des grandes années comme 1959 est crucial quant à la qualité d’un millésime. « RD » pour récemment dégorgé est une marque déposée sinon inventée par la maison Bollinger en est un bel exemple. Pourtant il n’y a pas de réponse claire quant à la qualité d’un champagne qui sera dégorgé quelques mois ou plusieurs années avant. Ce qui est sûr en revanche c’est qu’un champagne médiocre restera médiocre et ceci même avec les années, tout comme pour les vins tranquilles.

« Le bon vin se bonifie avec l’âge », oui, à condition qu’il soit bon.

Enfin, un millésime ne se déguste pas comme un BSA (Brut Sans Année, cuvée « générique » d’une maison). Il faut savoir le déguster au bon moment, si tant est qu’il y en ait un. Mais coutumier à s’associer à la gastronomie, Philippe Jamesse, ex-chef sommelier du restaurant du Domaine des Crayères à Reims, confirmait alors pour le Monde en 2016 : « les champagnes millésimés ont des textures plus volumineuses, plus veloutées, donc plus agréables en bouche pour s’associer avec une belle cuisine. »

La dégustation organisée par le groupe Génération Champagne, 9 vignerons issus de terroirs différents, réservait une place de choix aux millésimes (de 1959 à 2005), l’occasion de réviser ses classiques avec Dominique Leboeuf, œnologue en Champagne qui a commenté ce tasting de légendes dont voici quelques extraits.

J. Charpentier 1990 (assemblage de meunier et pinot noir)
1990 : très belle année qui a suivi les tendances de 1989.
Couleur : jaune paille. Premier de nez moka puis rapidement des notes florales entêtantes : jasmin,iris… finale de bouche fraîche qui tend vers les agrumes confits.

Champagne Monmarthe 1989 (60% pinot noir, 40% chardonnay) dégorgé en 2004
Millésime remarquable. Une année qui avait pourtant mal commencé avec des gels assez importants et un rendement à 6500kg/ha mais d’une exceptionnelle qualité.
Millésime solaire. Couleur jaune or. Tilleul, herbe coupée. Frais au nez. Notes torréfiées et évoluées de moka (soyeux).

Champagne Stéphane Coquillette 1959 (100% chardonnay) en magnum tout juste dégorgé tiré bouchon liège
1959 : c’est qu’on peut appeler une année « hors-série » tant elle est incroyable.
Globalement année de sécheresse, des marcs pouvant atteindre jusqu’à 13° (rare), qualité et quantité de récolte. Grappes sans défaut.
À noter que ce millésime n’est pas dosé, la fermentation malo-lactique non faite…puisqu’à l’époque on ne savait pas ce que c’était. Le tirage liège peut apporter des notes de vanillées (ou apporter un goût de bouchon), la capsule est apparue dans les années 1960.
D’ailleurs, il n’est pas rare de trouver des bouteilles bouchées liège aujourd’hui quand on sait qu’il (le liège) favorise incontestablement les échanges.
Couleur jaune paille, au nez des notes de sous-bois, humus, champignons et de fruits à coques : noix, noisettes. Évolution vers des notes pâtissières et beurrées.

Notes sur le dosage : Avant, il était courant de doser entre 10 et 12 g/l, à ceci Dominique Leboeuf rappelle que plus le vin va vieillir, plus la sucrosité sera marquée.
D’autre part, on dosait avec du sucre de canne et du vieux vin, aujourd’hui davantage avec du moût concentré ce qui permet au vin de vieillir plus lentement dans la bouteille.

Plus d’infos : www.generationchampagne.com