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« A Year in Port » : passionnant voyage au pays du Porto

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

29.09.2016

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Martine Saunier, importatrice de vins aux États-Unis, termine sa trilogie de films relatifs à des régions viticoles avec un film documentaire dédié au précieux nectar portugais.

Peu d’appellations peuvent se targuer d’avoir atteint le statut de mythe, de par leur histoire et la grandeur de certaines de leurs cuvées. De toute évidence, le Porto est de celles-là. Particulièrement en France qui, depuis 1963, en est le premier pays consommateur au monde, devançant même le Portugal ! Tout comme les Anglais qui ont érigé le Porto en symbole de leur culture, au même titre que le Christmas Pudding ou l’afternoon tea, les Français ont une relation ancienne avec ce vin muté. Un vin complexe, doux et chaleureux compte tenu de son mode de production (la fermentation du vin est stoppée avec de l’alcool à fort degré).

Pourtant, rares sont ceux qui connaissent la merveilleuse région du Douro, lieu de naissance de ce vin. Le film documentaire « A Year in Port » apparaît dans ce cadre comme une formidable opportunité de découvrir un terroir exceptionnel béni des Dieux. Martine Saunier a en effet produit ce nouvel opus dans le même esprit que ses précédentes œuvres. Après la Bourgogne et la Champagne, c’est donc au Portugal que le réalisateur David Kennard a posé ses caméras une année durant. Le temps nécessaire pour pouvoir pénétrer le monde fermé du vin de Porto et retranscrire à l’écran la magie d’un paysage unique au monde, l’émotion de rencontres ainsi que la beauté du cycle de production du vin.

« 9 mois d’hiver, 3 mois d’enfer »

Qui n’a jamais remonté le fleuve Douro, au pied des imposantes collines de granit recouvertes de vignes, ne peut comprendre l’unicité de ce lieu. Ce film permet aux spectateurs de côtoyer cette région viticole encore finalement méconnue. Plus encore, il leur permet de tomber sous son charme. L’homme a en effet réussi à domestiquer ici une nature difficile, abrupte. D’apparence si paisible en été, elle se révèle souvent dure, bercée par le brouillard, balayée par la pluie, figée par le froid.

L’on découvre cette réalité avec certains des personnages centraux de la région, comme Dirk Niepoort de la célèbre maison homonyme ou bien encore Paul Symington dont la famille possède notamment les maisons Graham’s et Dow’s. Ce dernier rappelle l’adage local selon lequel la vallée du Douro connaît « 9 mois d’hiver, 3 mois d’enfer ». Au-delà du climat, le film présente également la spécificité de la production du vin, empreint de traditions séculaires. Le foulage des raisins dans des lagares en granit en chantant ou en dansant n’est pas ici qu’une image folklorique. C’est une réalité. Tout comme les clubs privés de Porto pour gentlemen de lignée anglaise ou le terrain de cricket, signes les plus ostensibles de la mainmise des Anglais sur la production de ce vin depuis le 18ème siècle. Les propriétaires de domaines sont au demeurant lucides sur les difficultés du Porto qui voit sa consommation diminuer régulièrement dans le monde. Dirk Nieeport est de ceux qui pensent que l’avenir de la région passera aussi par la production de grands vins non mutés, au regard de l’extraordinaire collection de cépages anciens toujours existants. Si l’on aurait aimé un questionnement plus approfondi sur tous les défis qui attendent cette région viticole dans les prochaines décennies, l’on ressort content d’avoir pu découvrir une région viticole à part. Et avec l’envie irrépressible de boire un Porto « late-bottled vintage » ou un « vintage » de la Quinta do Vesuvio. Pari gagné.

« A Year in Port » est disponible sur iTunes en suivant ce lien.

A Year in Port – Official Trailer from Samuel Goldwyn Films on Vimeo.