Accueil [Ardèche] Mas de Libian : « Nous avons récolté un peu plus tôt qu’ailleurs »

[Ardèche] Mas de Libian : « Nous avons récolté un peu plus tôt qu’ailleurs »

Situé à St Marcel d’Ardèche sur la rive droite du Rhône, tout au bout des gorges de l’Ardèche, le Mas de Libian appartient à la famille Thibon depuis 1670. Domaine familial transmis de générations en générations, les 25 hectares travaillés depuis toujours en agriculture biologique sont certifiés en biodynamie par DEMETER, le sol n’a subi ni l’impact des pesticides ni celui des désherbants. Travail du sol en traction équine. Terroir baigné de soleil, le Mas de Libian revendique ses appartenances méridionales en produisant des vins d’assemblage (grenache, Mourvèdre, Syrah, Counoise, Vaccarèse.....) sur un terroir de galets roulés et d’argiles rouges typiquement Rhodanien.

Auteur

Chantal
Sarrazin

Date

28.09.2020

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En Ardèche méridionale, les vendanges au Mas de Libian ont pris fin le 5 septembre dernier après trois semaines de cueillette sous le soleil. Pour la vigneronne, Hélène Thibon, tout l’enjeu a consisté à s’adapter à la précocité du millésime. Entretien.

Terre de Vins : Vous avez achevé les vendanges au Mas de Libian le 5 septembre dernier. Aujourd’hui, comment se présentent les premiers jus ?
Hélène Thibon :
Lorsque l’on vendange avec une température moyenne de 35°C, comme ce fut le cas cette année, il y a toujours cette crainte de perdre de l’acidité. Fort heureusement, ce n’est pas le cas. Les syrahs que nous avons décuvées mi-septembre affichent de beaux équilibres, du croquant et de la tension. Cela présage des assemblages intéressants avec les autres cépages présents sur notre domaine, le grenache et le mourvèdre en particulier.

Et les quantités ?
Elles sont aussi au rendez-vous. Certes, l’été a été chaud et sec avec des rafales de vent qui ont renforcé ces conditions, mais par chance il y a eu quelques pluie au printemps et au mois d’août qui ont évité que la vigne n’entre en situation de stress hydrique. Nous avons cueilli de belles grappes et, à vue de nez, le rendement à Libian devrait être autour de 45 hl/ha.

Le millésime 2020 se distingue, partout, par son extrême précocité, vous n’avez pas échappé à la règle…
Effectivement. Nous avons commencé à récolter les blancs le 15 août. Un record à Libian ! Chaque année, la date des vendanges avance un peu plus. Ceci nous a conduit, cette année, à pratiquer des écimages très courts afin de laisser le maximum de couverture végétale sur les raisins pour les protéger des rayons de soleil. Il m’arrive même de demander si nous allons continuer à écimer dans les années à venir.

Comment vinifiez-vous ces raisins que vous récoltez de plus en plus tôt ?
Sur les blancs, nous avons suivi les conseils d’Adriano Zago, un ingénieur agronome italien. Quand il fait chaud les raisins mettent toute leur énergie dans la peau pour se défendre. Nous réalisons donc des macérations pelliculaires d’une dizaine de jours sur 20% de la vendange en blanc. Cette méthode apporte une légère structure tannique qui vient « soutenir » les vins.

Quid des rouges ?
La stratégie porte davantage sur la date de récolte. Nous déclenchons la vendange quand les raisins ont atteint la « maturité pulpaire », c’est-à-dire l’équilibre entre les sucres et l’acidité. Cet état correspond aussi au style que nous cherchons à imprimer dans nos vins, en particulier la « buvabilité ». Ceci nous amène à récolter un peu plus tôt qu’ailleurs. C’est également notre façon de nous adapter au changement climatique.