Accueil [Bourgogne] Au domaine Jacques Prieur, un millésime « qui pourrait rappeler 2017 »

[Bourgogne] Au domaine Jacques Prieur, un millésime « qui pourrait rappeler 2017 »

Auteur

Clément
L'Hôte

Date

02.11.2021

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Parmi les plus importants propriétaires de grands crus, du Montrachet au Chambertin, le domaine Jacques Prieur est bien placé pour évoquer les premières tendances du millésime 2021 en Bourgogne. Pour son propriétaire, Édouard Labruyère, finesse et gourmandise seront au rendez-vous. Entretien.

Le millésime 2021 rime malheureusement avec petite vendange. Est-ce particulièrement marqué chez vous ?

Nous avons perdu 70 à 80 % de la récolte. C’est terrible et difficile à accepter, d’autant plus que le gel et la pluviométrie ont impliqué une surcharge de travail à la vigne. Je crains aussi les conséquences au niveau des marchés : il est possible que la rareté renforce une tendance spéculative déjà problématique en Bourgogne.

Les vinifications vont toucher à leur fin. Comment se sont-elles déroulées chez vous ?

Très bien. Nous avions quelques inquiétudes, par rapport aux levures indigènes notamment. Nous avions peur qu’elles soient un peu fatiguées. Mais les fermentations se sont déroulées sans accrocs. Sur 30 cuves, aucune ne s’est arrêtée en route. Globalement, nous avons été très peu interventionnistes.

Quels ont été vos grands choix de vinification cette année ?

Il y aura moins de vendange entière que d’habitude. Ces derniers temps, nous montions fréquemment à 100 %, car les millésimes étaient solaires, donnant des rafles d’excellente qualité. Cette année, les signaux n’étaient pas au vert. Il y en aura 30 % à 50 % tout au plus, en fonction des cuvées. Du côté de l’élevage, nous aurons un rapport au bois raisonné, avec 20 à 25 % de fût neuf maximum, car le millésime s’annonce fin et délicat.

Donc la qualité vous rassure ?

Oui, les choses se présentent bien. Globalement, les équilibres sont très bons. Les degrés vont de 12,5 à 13,5 c’est moins que ces dernières années. Et les acidités sont tout à fait correctes. Sur les rouges, les tanins sont plutôt fondus, pas rugueux. On était habitués à une trilogie 2018-2019-2020 intense, solaire… Là, on sera plutôt dans la fraîcheur, la finesse… Et la belle surprise vient surtout de l’aromatique : c’est explosif ! Il y a une notion de plaisir immédiat, sur les petits fruits, cela saute tout de suite au nez. Par certains aspects, ce millésime rappelle pour l’instant 2017. En tout cas, ce ne sera pas un blockbuster, une bête de concours. Cela pourrait éventuellement décevoir certains critiques nord-américains. Mais de notre côté, nous sommes ravis.

Peut-on parler de millésime typiquement bourguignon ?

Qu’est-ce qu’un millésime Bourguignon ? [rires] Quand on voit 2018, 2019 et 2020, la question n’a plus de sens. Il faut faire attention aux généralités. Ce que l’on peut dire, c’est que cette année, la notion de terroir jouera plus que jamais. Le différentiel Côte de Beaune / Côte de Nuits sera criant.