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Baudry-Dutour : un mariage sans crêpage de Chinon

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

09.12.2016

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La jeune maison Baudry-Dutour a su s’imposer en moins de quinze ans comme l’un des principaux acteurs viticoles chinonais et continue encore son développement avec cohérence.

Christophe Baudry le reconnaît bien volontiers. « Rapprocher d’une manière ou d’une autre les villages de Cravant-les-côteaux et de Panzoult n’est pas une mince affaire tant les rivalités entre les deux communes sont tenaces depuis des générations ». Côté Cravant l’on trouve le domaine de la Perrière, propriété familiale de Christophe depuis 6 générations. Un vigneron du cru, parfaitement implanté sur ces terres ligériennes au point de devenir maire du village en 2008. Côté Pouzault, c’est le domaine du Roncée où Jean-Martin Dutour va entrer comme régisseur en 1993 et va perfectionner son savoir-faire technique. La rencontre entre le vigneron terrien et le technicien aura lieu quelques années plus tard au détour d’une vigne. Et avec elle la compréhension, très rapidement, de l’intérêt qu’ils pourraient avoir d’unir leurs forces si complémentaires. L’association aura donc lieu en 2003. Puis, au gré des opportunités, l’activité de la maison Baudry-Dutour va se développer. En 2006, le château de Saint-Louans est à vendre. Une aubaine quand on connaît les qualités de ce vignoble historique de Chinon, l’un des seuls à avoir résisté aux affres du temps (le vignoble qui s’étendait sur plus de 4000 hectares avant la seconde guerre mondiale s’était réduit à 500 hectares dans les années 1960 pour en compter aujourd’hui de nouveau 2300). S’ensuivra le prestigieux château de la Grille (ci-dessous), icône de Chinon rachetée en 2009 à la famille Gosset.

Nouvelle cuvée et œnotourisme

La gamme Baudry-Dutour reflète évidemment la typicité du terroir de Chinon. 120 hectares permettent de faire briller le cabernet-franc, roi des lieux au même titre que Rabelais, et le chenin blanc. Le domaine du Roncée 2015 (8, 25 €) est joliment fruité, souple. Un vin que l’on sort facilement pour une planche de charcuteries entre amis. Pour quelque chose de plus sérieux, plus structuré, l’option Clos des Marronniers 2014 (11, 50 €) s’impose naturellement. Le vin dévoile en effet des tannins plus imposants, une matière toutefois veloutée et une complexité aromatique qui lui permettent de briller sur un excellent poulet-frites par exemple. Et pour des accords plus puissants encore, comme sur des gibiers, le château de la grille fait alors merveille. En 2011 (19 €), c’est un vin qui montre ses muscles, assume une belle maturité de fruits et des accents épicés (réglisse) marqués. Son pendant en blanc pourrait être le château de Saint-Louans 2015 (20 €), une petite cuvée de 6500 bouteilles à la matière dense qui connaît un élevage partiel en bois neuf qui lui donne beaucoup de gras et marque profondément le vin. Un vin à oublier quelques années en cave pour lui laisser le temps de se fondre davantage.

Cela nous rappelle toutefois que le rare Chinon blanc se développe de plus en plus, grâce notamment aux 8 nouveaux villages ayant rejoint récemment l’appellation. Mais Christophe et Jean-Martin souhaitaient aussi disposer d’un vin blanc pour « se désoiffer ». Ils ont donc planté 10 hectares de sauvignon blanc en 2012 sur une parcelle en bordure de l’appellation qui donne naissance aujourd’hui au Petit Rouilly (7€ en 2015). Cet IGP Val de Loire est frais, bien typé, simple en bouche mais il joue parfaitement son rôle désaltérant. Une nouvelle cuvée à découvrir lors d’un passage à Chinon où différents parcours œnotouristiques sont proposés par la maison. La nouveauté en 2017 sera l’ouverture du château de la grille qui a subi d’importantes rénovations et devraient pouvoir enfin accueillir ses premiers visiteurs dans quelques mois.