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[Bordeaux Tasting] Nicolas Florian : « Bordeaux, Silicon Valley du vin »

Auteur

Edouard
Boyer

Date

14.12.2019

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Comme un petit air de campagne électorale soufflait sur Bordeaux Tasting, ce matin, alors que Nicolas Florian, maire de Bordeaux et candidat à sa propre succession, était venu à la rencontre des exposants et des visiteurs avant de répondre à quelques questions devant le public du Café de la Bourse.

À 4 mois des élections municipales, Nicolas Florian est un homme pressé. Il a pourtant pris le temps de déambuler (d’un pas assuré tout de même) dans les allées de Bordeaux Tasting, à la rencontre des vignerons-exposants et du public. Après quelques haltes du côté de Pessac-Léognan, de Pomerol et même de la vallée du Rhône, il a répondu aux questions de Rodolphe Wartel, directeur de Terre de Vins. Un entretien au cours duquel le candidat a souvent pris le pas sur le maire, multipliant les annonces et les projets ambitieux.

« Je suis le premier promoteur du vin de Bordeaux ! Le vin, c’est nos racines, notre patrimoine. »
L’entrée en matière est on ne peut plus clair : Nicolas Florian aime le vin et ceux qui le font. Il s’inscrit ainsi dans les pas de son prédécesseur, auquel il ne peut échapper : « C’est compliqué de passer derrière Alain Juppé. Il a compris au bon moment que la filière avait besoin de sortir des châteaux. Avec la création de Bordeaux Fête le vin, il a permis une vulgarisation du vin. Et puis il y a évidemment le totem qu’est la Cité du vin. » Voilà pour le passé. Passons maintenant au futur.

Et c’est justement l’avenir de la Cité du vin qui est abordé en premier lieu par Nicolas Florian. « La Cité du vin, c’est notre Guggenheim. C’est une structure qui doit évoluer, avec probablement une prise en charge qui reviendra au collectif pour son entretien. » (NDLR, pas pour son fonctionnement) Une promesse forte à laquelle succèdent néanmoins des attentes : « Il faut envisager une démarche plus culturelle, peut-être des expositions graphiques, de la peinture… Certes, l’identité de la Cité c’est le vin, mais il faut chercher un nouveau public par des portes dérobées pour l’amener au vin. »

En « promoteur du vin de Bordeaux » Nicolas Florian réfléchit également à l’image extérieure du savoir-faire bordelais. « Quand je reçois un ambassadeur ou une personnalité importante, j’offre une bouteille de vin plutôt qu’une cravate Hermès. C’était une bonne idée d’exporter la Fête du vin. Désormais, à l’extérieur, dans chaque délégation officielle de Bordeaux, il y aura des représentants de la filière. »

Cette image bordelaise, elle passe aussi par la question sensible du développement durable et responsable. Nicolas Florian aborde le sujet avec une certaine passion : « Nous devons nous adapter aux enjeux du réchauffement climatique tout en préservant nos ressources et notre santé. La région bordelaise doit être la meilleure dans l’innovation, notamment dans le développement de produits de substitution. Je souhaiterais fédérer les chercheurs, la filière mais aussi les start-up, pour faire de la région une Silicon Valley du vin. Bordeaux peut être une terre d’expérimentation et d’innovation. »

De la responsabilité à l’éducation, il n’y a qu’un pas. En particulier en termes de consommation : « Quand je vois le niveau d’alcoolisation des jeunes sur la voie publique, je me dis que nous sommes face à un vrai problème de santé publique. Il faut travailler sur l’initiation à la consommation et au goût dès le plus jeune âge, explique Nicolas Florian qui, prudent, préfère quand même préciser « qu’il ne s’agit pas de servir du vin aux enfants. »

Autre sujet sensible abordé par le candidat Florian : la présence du vin de Bordeaux à la table des restaurants bordelais. « Bordeaux perd du terrain sur les cartes, ce n’est pas normal. La solution pourrait passer par une manifestation récurrente – tous les mois ou tous les deux mois – durant laquelle les restaurants qui sont d’accord ne servent que du bordeaux à table. » Une idée forte, représentative du volontarisme de Nicolas Florian, à l’heure où le vin de Bordeaux connaît un léger passage à vide. Le moment idéal pour relancer Bordeaux. Et faire ainsi oublier un certain Alain Juppé ?