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Sancerre : Bourgeois joue à la parcelle

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

19.01.2018

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La famille Bourgeois, à Sancerre, vient d’accoucher de quatre cuvées parcellaires, trois sauvignons et un pinot noir, nés sur différents terroirs de Sancerre et portant les noms cadastraux.

« Le sauvignon se prête particulièrement à la multiplicité des terroirs, surtout avec des microclimats favorisés par le vallonnement de la région sancerroise, la variation des expositions et des couloirs de vents » explique Arnaud Bourgeois, en lançant les quatre nouvelles sélections parcellaires de la maison éponyme. Trois sont en sauvignon dans le millésime 2015, la quatrième en rouge, avec un pinot noir 2014. Ce morcellement parcellaire colle finalement à l’histoire de la famille installée à Sancerre depuis 1896 et qui vivait d’abord de polyculture.

L’impulsion viticole n’est donnée qu’après la Deuxième Guerre mondiale par Henri Bourgeois, le grand-père d’Arnaud. « Les vignes étaient alors implantées un peu partout autour de Saint-Satur et finalement on a ainsi travaillé de fait par terroir. On peut dire que la première cuvée parcellaire a finalement été créée au début des années 50 par Henri dans les Monts Damnés dont nous avons le quasi-monopole. »

Aujourd’hui, Henri Bourgeois vient d’être rebaptisé la Maison Bourgeois, car on y travaille en famille. Jean-Marie, le patriarche, dirige toujours l’activité avec ses fils Arnaud à la tête de l’activité commerciale, Lionel à la vigne, et son neveu Jean-Christophe aux chais, sans oublier Jean-Marc à l’œnotourisme et à la tête du restaurant des Monts Damnés, au cœur du village de Chavignol.

Des essais de vinification séparée

Sur les 72 hectares exploités par la maison et atomisés en 134 parcelles, 66 sont situés à Sancerre, travaillés sans désherbant depuis une douzaine d’années. Les vignes de Quincy, Menetou-Salon, Châteaumeillant et Côteaux du Giennois relèvent du négoce. Mais les Bourgeois ont déjà l’habitude d’élaborer des cuvées parcellaires à l’autre bout de la planète puisque sur le domaine de 46 hectares d’un seul tenant, acheté au début des années 2000 en Nouvelle-Zélande, ils ne produisent que des cuvées parcellaires, en bio certifié (Petit Clos, Bel Écho et Clos Henri).

Ces dernières années, ils se sont donc lancés dans des essais de vinification séparée pour une dizaine de vins sur le vignoble sancerrois avant de lancer les quatre cuvées actuelles, dont les noms correspondent au nom de cadastre, à la Bourguignonne. Les élevages sont différents selon les parcelles, les vins ne sont ni collés ni filtrés.

Dégustation :

Sancerre blanc Les Ruchons 2015 (46 €)
La parcelle la plus caillouteuse plantée en 1970 sur les terroirs de silex de Fontenay, au nord de Sancerre, exposé au soleil couchant. Élevé pour un tiers en barriques de 600 litres de 2-3 vins. Très aromatique sur des fruits jaunes (pêche, abricot), de fruits exotiques (mangue, litchi, papaye sur une note fumée, une belle acidité citronnée et une minéralité saline.
Avec un carpaccio de daurade, un carré de veau ou un chèvre affiné.

Sancerre blanc Le Cotelin 2015 (46 €)
Parcelle plantée en 1989 sur des marnes kimméridgiennes de Mailbray, au nord-ouest de Sancerre, exposée au soleil du matin et du midi. Élevage pour un tiers en barriques de 200 et 600 litres. Minéral sur des notes de silex et une acidité délicate. Des notes citronnées, mais encore discret.
Avec un foie gras poêlé, un dos de cabillaud au four ou une tarte au citron meringuée

Sancerre blanc Les Côtes aux Valets 2015 (46 €)
Parcelle argilo-calcaire (avec beaucoup d’argiles) plantée en 1986 sur la faille de Thauvenay, au sud de Sancerre. Vendanges manuelles en petites cagettes et pas d’élevage en barrique. Floral et crémeux, sur un léger fumé et des arômes de fruits blancs, des zestes d’orange et une pointe d’eucalyptus sur une belle longueur citronnée.
Avec un sandre, des sushis ou des escargots.

Sancerre rouge Le Graveron 2014 (39 €)
Sur des marnes kimméridgiennes et des sols ferrugineux à la pointe ouest des Monts Damnés avec 50 % de pente. Les Bourgeois sont les seuls à avoir replanté du pinot noir sur les Monts Damnés. Élevage un an en tronconiques après 4-5 mois en cuve. Des arômes de petites baies noires et rouges, poivré et fumé, souple sans tanins.
Avec un ragoût de bœuf, un époisses ou une forêt noire.