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Cave de Ribeauvillé : 123 ans et pas une ride

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

30.05.2018

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Atteindre l’âge canonique de 123 ans, c’est déjà une prouesse. Mais quand en plus vous êtes en pleine forme et doté d’un dynamisme rare, c’est un miracle. Celui-ci a un nom : cave de Ribeauvillé.

Ils peuvent être fiers les 44 vignerons de la région de Ribeauvillé qui décidèrent d’unir leurs forces dès 1895. Car ces précurseurs sont à l’origine de ce qui est devenu, à n’en pas douter, l’une des toutes meilleures caves coopératives de France. Bien sûr, il y a un terroir exceptionnel. L’Alsace, cette grande faille du nord au sud, est déjà particulièrement complexe en termes géologique. Mais à Ribeauvillé, c’est dans un monde ultra complexe que l’on rentre. « Ici, vous pouvez marcher 20 mètres dans les vignes et rencontrer 3 types de sols différents » rappelle Yves Baltenweck, président de la cave et 4ème génération de viticulteur. La faille géologique qui s’y trouve, l’une des principales d’Europe, a créé en effet une mosaïque de sols et d’expositions presque uniques. Des terroirs fabuleux dont la cave exploite aujourd’hui 225 hectares. Et dont elle sort une gamme large, du crémant aux grands crus. Plus d’une soixantaine d’étiquettes chaque année pour seulement 2 millions de bouteilles ! Mais toujours une idée-force qu’aime rappeler Evelyne Bleger-Cognacq, œnologue de la cave : « s’effacer devant le terroir ». Et une constante : un rapport prix-plaisir tout bonnement exceptionnel.

Du plus classique au plus original

123 ans, ça sonne bien. Et ça se fête. Loin d’être figée dans une image traditionnelle et légèrement surannée, la cave de Ribeauvillé a sorti pour l’occasion une cuvée de crémant d’Alsace baptisée « Un Dos Tres » (12,30€, forcément). Un nom qui sonne très Rickymartinien, et un look tout à fait raccord : quelques lettres d’argent sur un fond entièrement orange pour l’occasion. De la jovialité, à l’image de l’équipe, mais sans compromis qualitatif. Ce blanc de blancs (100% chardonnay) est doté d’une belle minéralité et séduit avec ses notes de fruits jaunes et sa fraîcheur désaltérante. A l’autre bout du spectre, les amateurs de très grands vins blancs ne pourront pas passer à côté de la tension souveraine du riesling grand cru Osterberg 2014 (18,70€). Une complexité aromatique exceptionnelle, ode à ce cépage roi d’Alsace, et un toucher de bouche admirable qui ne sauraient laisser personne indifférent. Le Clos du Zahnacker 2013 (30,20€), monopole enchâssé dans le grand cru Osterberg et pépite de la maison, est évidemment un classique à goûté une fois, pour son profil à chaque millésime différent compte tenu de la complantation de riesling, pinot gris et gewurztraminer. Mais la vraie surprise provient du pinot noir Kugelberg 2016 (20,20€). Autre grande région pour le pinot noir, l’Alsace peut y produire des vins impressionnants. C’est le cas ici où « le fruit du pinot noir a été parfaitement respecté ». Le vin s’avère charnu, juteux, profond avec un mélange de fleurs et de fruits rouges du meilleur effet. Une grande élégance pour cette cuvée qui porte haut les vins rouges alsaciens, encore trop méconnus. Une raison de plus, s’il en fallait une, de se laisser séduire par cette pimpante cave centenaire.