Accueil Champagne de Saint-Gall : quand 2013 vient « challenger » 2012

Champagne de Saint-Gall : quand 2013 vient « challenger » 2012

Auteur

Yves
Tesson

Date

12.02.2021

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Dans la collection des millésimes blancs de blancs grands crus, De Saint-Gall commercialise pour le moment le 2012 et devrait sortir le 2013 au printemps. Terre de Vins est allé découvrir ce nouveau millésime plus clivant, mais sans doute pas moins qualitatif.

De Saint-Gall (marque propriété de l’Union Champagne) commercialise déjà Le Blanc de Blancs Grand Cru 2012, et s’apprête à sortir au printemps le millésime 2013. Cédric Jacopin, son chef de caves, nous a proposé une dégustation comparative. Un exercice intéressant dans la mesure où 2012 a suscité un large consensus dans toute la Champagne, alors que 2013, même si certains le défendent en allant jusqu’à le placer au-dessus du premier, n’a pas été millésimé par toutes les maisons.

En matière d’approvisionnements dans la Côte des Blancs, on ne peut rêver mieux que l’Union Champagne. Avec l’adhésion prochaine de la Coopérative de Grauves, elle sera désormais présente dans chacun de ses crus. S’il y a donc une Maison idéale pour mener une comparaison entre les différentes qualités des grands millésimes de chardonnays, c’est bien elle. Une comparaison qui sera d’autant plus pertinente que sa cuvée Le Blanc de Blancs Grand Cru millésimée ne connaît pas de grandes variations d’assemblages.

L’essentiel est composé de Mesnil-sur-Oger et Oger (70% en 2012 et 45% en 2013). Mesnil est recherché pour sa tension, sa minéralité, avec son exposition à l’Est et son sol très mince, surtout dans la plaine où la craie affleure directement. Oger, avec ses sols épais apporte de la douceur, le côté gras et un peu de chaleur, une partie de ses coteaux étant exposée au Sud.

Le reste est constitué de Cramant et Avize. Avize est l’un des rares crus de la Côte des Blancs qui pourrait se suffire à lui-même avec une pente régulière, des sols d’une épaisseur moyenne, ce qui lui donne ce parfait équilibre entre rondeur et minéralité. En raison de sa petite taille, c’est aussi un terroir très homogène. Cramant au contraire présente deux facettes. Il y a la partie de Cramant tournée vers Avize, avec le tournant de la butte de Saran, et une exposition au Sud. Mais il y a aussi une exposition au Nord, que l’on vendange souvent avec quatre jours de décalage. Dans ces deux assemblages, on retrouve une part équivalente de vins n’ayant pas fait leur malolactique (30 %). Les différences de fraicheur ne peuvent donc leur être imputées.

2012 est une année solaire, avec beaucoup de maturité, qui ressemble de ce point de vue aux trois dernières vendanges 2018, 2019 et 2020. Les raisins ont atteint 11 degrés. On a donc beaucoup de rondeur, un chardonnay un peu « bourguignon » qui se livre plus directement.

2013 au contraire est un millésime à l’ancienne, qui ressemble à ceux que l’on rencontrait dans les années 1980. La maturation a été très lente, avec des vendanges qui se sont achevées au début du mois d’octobre, et des raisins qui ont atteint leur maturité aromatique alors que la richesse en sucre était relativement faible (9,5). Ainsi, les deux champagnes n’ont qu’un an d’écart, et pourtant un fossé sur le plan de la tension et de la minéralité les sépare, celles-ci étant beaucoup plus perceptibles en ce qui concerne 2013. On est sur la craie, la pierre, une grande finesse, quelque chose de très limpide avec de beaux amers. Il a d’ailleurs fallu doser un peu plus (8 g contre 6). Alors que sur le premier champagne on imagine une nourriture riche, comme un poulet à la crème, ici on se tournerait davantage vers des fruits de mer. C’est une cuvée pour les grands amateurs de terroirs, les connaisseurs. 2012 est peut-être plus charmeur, il nous en met plein la vue, mais il est en fin de compte un peu moins subtile.

En discutant avec Cédric Jacopin, on apprend que la Maison a bien failli passer à côté de cette pépite. Après le très beau millésime 2012, les premières dégustations de vins clairs du 2013 n’avaient pas convaincu. La vendange 2014 ne permettant pas non plus d’envisager un millésime, on a reconsidéré la question lors de la revue des vins de réserve en 2015 : « On s’est aperçu qu’ils étaient top, ils avaient simplement mis du temps à se révéler en vins clairs, on a décidé d’en faire un tirage ».

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