Mardi 10 Décembre 2024
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14.05.2018
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Depuis quelques années, Krug signe les étiquettes de son brut d’un numéro d’édition. Par ce numéro, c’est bien plus que l’année de la vendange, mais véritablement la carte d’identité du vin, qui peut être retrouvée grâce au « Krug ID ».
Chez Krug, plus que de millésime, il est de bon ton de parler d’édition. « L’Édition relie directement Krug au rêve du fondateur, mon aïeul, qui était d’offrir l’expression la plus généreuse de la Champagne, chaque année, quelles que soient les conditions de l’année, explique Olivier Krug, directeur général. Et la 166e Édition, cela veut dire que l’on a recréé 166 fois ce rêve. »
Cette notion d’édition peut paraître un peu complexe au premier abord, car elle est différente du millésime. Mais elle imprime quand même une forte individualité à chaque année. Krug rejette ainsi l’idée de « brut sans année » voire même celle de « multimillésime » et préfère celle de « mosaïque d’années ». Une image qui correspond bien à cette maison faisant appel à un nombre considérable de vins différents pour élaborer chaque année ses cuvées. Jugez plutôt : pour la 173e édition qui vient d’être réalisée, l’équipe œnologique a étudié plus de 400 vins dont 250 issus de la dernière vendange, et 150 de la précieuse « banque de vins de réserve de la maison ».
Au final, sur cette immense dégustation de sélection, ce sont 150 vins qui ont été retenus sur un total de 13 années différentes, le vin le plus ancien provenant d’une parcelle de pinot noir du village de Verzenay, dans le millésime 2001. « Cette profondeur si caractéristique de Krug ne pourrait pas être apportée avec une seule année voire même 2, 3 ou 4, mais bien grâce à une véritable palette, explique Julie Cavil, directrice de l’œnologie. Chez Krug, certains vins dans l’assemblage ont plus de 15 ans. C’est ce que nous appelons notre « touche antiquaire », une patine et une complexité d’arômes inimitable. »
Pour obtenir cette mosaïque, il faut des installations adéquates, une approche à la parcelle qui préserve l’origine et l’individualité de chaque raisin, puis un suivi œnologique individualisé en barriques et en toutes petites cuves. Pour souligner l’importance de tous ces paramètres, Julie Cavil utilise une métaphore culinaire. « Lorsque vous élaborez un plat comme la ratatouille, la solution de simplicité est de couper tous les légumes et les cuire ensemble dans une grande casserole. Mais pour qu’elle soit meilleure, il faut traiter séparément chaque légume, adapter à chacun la température et le temps de cuisson, trouver la meilleure huile. Bien sûr, cela demande beaucoup plus de vaisselle, de temps, de savoir-faire, mais au final le plat aura plus de goûts, plus de contrastes. »
Chaque année, l’assemblage repart donc d’une page blanche, sans recette pré-établie. Une dégustation qui occupe pendant plus de quatre mois l’ensemble de l’équipe œnologique. Première dégustation des vins de l’année juste après leur fermentation en fûts en novembre-décembre ; puis reconnaissance-état des lieux des vins de la réserve sur les mois de janvier et février ; enfin, re-dégustation complète, choix de mise en réserve, création des assemblages en éprouvette… avant d’arrêter en avril la décision finale avec tout ce qu’elle signifie – « quelques gouttes dans une éprouvette représentent, des dizaines d’hectos une fois remis à l’échelle !» L’équipe œnologique s’aide depuis cette année d’un logiciel développé pour la maison, qui permet de rassembler l’immense base de notes de dégustations, commentaires, propositions d’orientation, etc. jusqu’ alors consignés dans un grand livre d’assemblage relié de noir baptisé « Krug black book ».
Voici donc créée cette année la 173e édition Krug. La composition en est la suivante : 69 % de vins de la récolte 2017, 31% de vins de réserve. 34 % de chardonnay, 44 % de pinot noir et 22 % de meunier. Il suffit de comparer ce numéro d’édition fraîchement créé (N°173) à l’édition actuellement en marché (N°166, 155 €) pour comprendre le long vieillissement qui attend maintenant les bouteilles !
Un coffret regroupant 6 éditions
Nouveauté : pour exprimer pleinement la notion d’Editions, Krug sortira en édition limitée (300 coffrets, 1500 €) à partir de juin un coffret composé de 6 éditions, N°161 à 166, aussi différentes que les vins qui les composent, et à la fois toutes très Krug. Pour connaître leur carte d’identité, les caractéristiques de la vendange et de l’élaboration, les accords mets-vins et même les accords mets-musique, un seul réflexe : le Krug ID (à scanner sur l’étiquette) et son site associé !
Krug grande cuvée 161e édition. Créée suite à la vendange 2005 (68 %) et avec 32 % de vins de réserve. 37 % chardonnay, 44 % de pinot noir, 19 % de meunier. 134 vins, 12 années différentes.
Or franc. Nez iodé et crayeux. A l’aération, tourbé, fumé ,grillé. En bouche, le côté grillé prend son envol et cède place à une dimension florale séchée.
Krug grande cuvée 162e édition. Créée suite à la vendange 2006 (60 %) et avec 40 % de vins de réserve. 35 % chardonnay, 44 % de pinot noir, 21 % de meunier. 142 vins, 11 années différentes.
Or plus clair. Pain de mie brioché, pignon, pistache, définitivement un univers aromatique avec de la viennoiserie. Bouche briochée, puis les notes de patine, « d’antiquaire » se révèle avec leurs touches de bois précieux.
Krug grande cuvée 163e édition. Créée suite à la vendange 2007 (73 %) et avec 27 % de vins de réserve. 32 % chardonnay, 37 % de pinot noir, 31 % de meunier. 183 vins, 12 années différentes.
Robe or pareillement jeune et claire. Impression à la fois épicée et d’une brassée d’herbes fraîches. Bouche chaleureuse presque safranée (épices précieuses), puis retour traçant d’un jus de citron clair. Très salin.
Krug grande cuvée 164e édition. Créée suite à la vendange 2008 (68 %) et avec 32 % de vins de réserve. 35 % chardonnay, 48 % de pinot noir, 17 % de meunier. 127 vins, 11 années différentes.
Or clair. Certaines similitudes avec l’Edition 163, mais davantage sur la retenue. Première impression d’épices puis retour fin de bouche très citronné.
Krug grande cuvée 165e édition. Créée suite à la vendange 2009 (69 %) et de 31 % de vins de réserve. 38 % chardonnay, 47 % de pinot noir, 15 % de meunier. 127 vins, 14 années différentes.
Or plus clair. Nez iodé, puis passe rapidement sur des fruits à chair blanche (nectarine bien mûre). A l’aération, mie de pain blanc. En bouche, définitivement plus ample, plus rond, plus « solaire ». La brassée d’herbes fraîches prend les tonalités du berlingot à l’anis. Ici et là, fines impressions cerise et cacao.
Krug grande cuvée 166e édition. Créée suite à la vendange 2010 (58 %) et de 42 % de vins de réserve. 39 % chardonnay, 45 % de pinot noir, 16 % de meunier. 140 vins, 13 années différentes.
Or pâle aux reflets argent. A ce stade de son évolution, il est très marqué par une forme d’agrumes chauds, d’épices, et surtout d’ananas sous toutes ses formes. Tranche d’ananas frais grillé au nez, il est plus ananas au sirop en bouche. Indéniablement encore très jeune.
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