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« Champagne! », Nicolas Vanier au sommet de son art

Auteur

Yves
Tesson

Date

21.04.2022

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A l’occasion de l’avant-première organisée à Epernay, Terre de vins a pu découvrir le nouveau film de Nicolas Vanier « Champagne! », tout en recueillant les commentaires du réalisateur et des acteurs. Une ode au vin et à l’amitié, en salle dès le 8 juin.

Il y a du Lelouch dans le dernier film de Nicolas Vanier et une manière tendre et subtile d’explorer les paradoxes des relations qui nous unissent à nos amis d’enfance : « Vu de l’extérieur, c’est très bizarre des amis d’enfance, c’est non négociable et en même temps si tu les rencontrais aujourd’hui ils ne deviendraient pas tes potes ! » commente François-Xavier Demaison. Le scénario ? Un weekend chez une amie vigneronne (Elsa Zylberstein) réunit une bande de copains. Une seule ombre au tableau, l’un d’entre eux (Stéphane de Groodt) ramène sa fiancée, aussi idiote (elle ose mettre des glaçons dans son champagne !) que jeune et jolie. Face aux gaffes successives de cette trouble-fête, François-Xavier Demaison, entrepreneur foireux et touchant, ne dit rien, parce qu’il déteste les conflits et parce qu’il espère que Stéphane de Groodt financera son nouveau projet apicole. Eric Elmosnino, au contraire, professeur de philosophie misanthrope, n’accepte pas de voir son ami ne plus être lui-même (il met des pantalons roses !), même si en réalité il est surtout jaloux et craint de perdre ce compagnon de toujours. Heureusement, le champagne qui coule à flots (Taittinger, Leclerc-Briant) va permettre aux langues de se délier et aux cœurs de s’ouvrir…

La réussite de ce film tient à la parfaite osmose qui existe entre les acteurs. Comme l’explique Stéphane de Groodt : « un film choral, soit tout le monde se trouve, soit tout le monde se perd. Ce n’est pas juste un film avec plein de gens, il doit y avoir une corrélation, un lien qui se crée entre les acteurs. Je connaissais François-Xavier, nous sommes amis depuis longtemps, mais je ne connaissais pas Eric. Le talent d’un réalisateur c’est aussi de permettre des rencontres ! C’est formidable ce métier lorsque cela se passe comme ça, il y a effectivement le tournage mais également ce qui se passe en dehors et à un moment donné ce qui se passe en dehors, l’amitié réelle qui naît, se rapatrie dans le tournage, donc l’amitié que l’on joue au début finit par devenir naturelle. »

Cette vie parallèle au tournage semble effectivement avoir été joyeuse. La bande de comédiens guidée par François-Xavier Demaison, lui-même vigneron dans le Roussillon, n’a pas lésiné sur les virées dans le vignoble. « L’accueil des Champenois a été extraordinaire, jusque dans les caveaux où nous avons parfois failli compromettre des lendemains. Le champagne, c’est un nom connu dans le monde entier. Nous avons pu découvrir ce qu’il y a derrière, à la fois des grandes maisons formidables, mais aussi des petits producteurs comme Aurélien Lurquin qui travaille encore avec ses chevaux, Savart, Sélosse, Claude Giraud, tous ces amoureux du vin. ».

C’est le deuxième point fort de ce film, très pédagogique, où les principes de l’élaboration sont savamment distillés jusqu’à la mention même des cépages rares. On y entrevoit les problématiques sociales, comme celle du vigneron qui investit pour devenir récoltant-manipulant mais qui n’a pas pris d’assurance contre les gelées, et même les aspects culturels. Ainsi, dans une scène incroyable, Pierre-Emmanuel Taittinger jouant son propre rôle, remet les insignes de l’ordre des Coteaux au père d’Elsa Zilberstein aux côtés de Maxime Toubard, Franck Leroy et Evelyne Roques-Boizel, tandis que le maître de cérémonie qui tient la pomponne n’est autre que François Berléand, plus vrai que nature, n’oubliant pas de rappeler qu’il n’est de champagne que de Champagne !

On soulignera enfin la qualité picturale du film, avec un Nicolas Vanier au sommet de son art dont certains plans sur les vignes de Villers-Allerand sont dignes des impressionnistes. « On a eu de la chance parce qu’il a fait mauvais. Il n’y a rien de plus moche qu’un grand ciel bleu. Cela a été très compliqué pour le plan de travail qu’il fallait revoir tout temps, mais extraordinaire pour les lumières que l’on a pu capter, lorsque tout d’un coup le soleil sort entre deux nuages… » explique le réalisateur.