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[Champagne Tasting] Jacquesson, le bon numéro

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

07.04.2018

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Jacquesson est présent pour la première fois à Champagne Tasting. La maison des frères Chiquet ne vend pas aux particuliers, uniquement aux cavistes et en restauration ; elle est donc venue rencontrer ses consommateurs et leur présenter ses fameuses cuvées 700.

Jean-Hervé et Laurent Chiquet sont passionnés de vin et ça se sent. Ou plutôt ça se goûte. Le champagne Jacquesson traduit la maîtrise du raisin à la juste maturité, le maître mot de la maison que certains vignerons champenois oublient ou négligent pour vénérer l’acidité. « Mais l’acidité, on n’a pas besoin de s’en préoccuper sous nos latitudes, ironise Jean-Hervé. Elle y est naturelle. La maturité l’est moins et c’est pourtant la première condition pour faire de grands vins. il faut choisir les meilleures parcelles et savoir jeter du raisin ». Le Jacquesson des deux frères n’a plus rien à voir avec la petite maison de champagne de Dizy, près d’Épernay, rachetée en 1974 par leur père, Jean Chiquet. Il ne reste que le nom et l’endroit. Le vignoble est passé de 15 ha en propriété complétés d’une trentaine en appro, produisant 450 000 bouteilles, à 28 ha en propre et 8 en appro pour 250 000 flacons. « Et on l’a fait exprès pour ne garder que d’excellentes parcelles, un tiers en haute-vallée de la Marne, un tiers en Cote des blancs et un tiers dans le massif de Saint-Thierry et dans les vallées de l’Ardre et de la Marne, détaille Jean-Hervé. Pour les 8 ha complémentaires, ce sont nos voisins de parcelles que l’on connaît par chœur. Nous n’avons pas réduit nos surfaces par volonté d’être plus petit mais juste pour maîtriser la qualité du raisin et ne faire aucun compromis, question de rendements et de tri. On ne fait pas forcément mieux que les autres mais quand ce n’est pas bon, on ne le garde pas ».

Le bio pour voir

L’idée de ne conserver que les bons jus issus de trois serres au pressurage, suite à l’élimination des tailles, est une vraie révolution. Les jus sont ensuite vinifiés en foudres, sur lies, légèrement bâtonnés, non collés non filtrés et mis en bouteille à la vendange suivante. La méthode permet de sauver des millésimes compliqués comme le 2012 ou le 2017 « car ce qui est récolté est faible en volume mais bon en qualité puisque ce qui n’était pas à la hauteur est par terre ». Ce choix est assorti d’un travail régulier des sols, de tailles courtes, d’ébourgeonnages… Un cercle vertueux qui rend les vignes plus résistantes aux maladies et nécessitent donc moins de traitements. Près d’un tiers du domaine est en bio certifié mais les Chiquet n’en font pas un étendard. « On a choisi d’essayer pour se prouver qu’on était capable de le faire et pour faire un pied de nez à ceux qui ont une vision manichéenne entre les gentils bios et les vilains industriels, explique Jean-Hervé. Ici, le problème majeur est l’oïdium. Nous avons vécu un véritable traumatisme en 2012 et on a été à deux doigts d’abandonner le bio en 2016 car une méthode de production qui ne garantit pas une production n’a pas de sens. En tout cas, on ne revivra pas 2012 ! ».

Les 700 et les lieux-dits

Les trois cépages majeurs de l’appellation sont dans les champagnes Jacquesson, pour moitié en chardonnay, 30% en pinot noir, le reste en pinot meunier. L’autre révolution de la maison est de n’élaborer quasiment qu’un champagne par an qui mobilise 96% des volumes, un BSA qui n’en est pas un car si tout est assemblé et complété par environ 20% de vins de réserve, « il ne s’agit pas d’homogénéiser le goût mais d’améliorer la complexité en préservant le caractère de l’année de base et nous nous sommes aperçus que le champagne évoluait mieux quand il était assemblé ». Le vin porte les numéros de cuvées, la fameuse série des 700. Les Chiquet ont démarré le principe avec la cuve 728 sur une base du millésime 2000. Le dosage est choisi à l’aveugle après dégustation de cinq dosages différents entre non dosé et 5g, étiqueté en extra-brut. Les deux frères s’accordent en général entre 1,5 et 3,5g. Sur la contre-étiquette, de vraies informations et une histoire à lire, « pour savoir comment le champagne est fait, ce qu’il y a dedans et le nombre de bouteilles produites pour cette cuvée ».

Chez Jacquesson, autre particularité, on offre deux vieillissements au champagne, l’un de quatre ans et l’autre avec un dégorgement tardif au bout d’une dizaine d’années, notamment avec les cuvées parcellaires de Champ Cain, Corne Bautray, Vauzelle Terme et Terres Rouges. Elles ne représentent que 4% des volumes, quelques milliers de bouteilles et seulement certaines années. Les lieux-dits n’ont été élaborés sur les quatre parcelles qu’en 2002, 2004, 2008, 2009 et 2015.

A déguster pendant Champagne Tasting, les 741 (base 2013) et la 736 en dégorgement tardif (base 2008).