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Champagne : voyage au cœur de l’assemblage Jeeper

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

08.03.2017

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Pour son redéploiement, la marque Jeeper a défini un style précis, qui s’appuie notamment sur le chardonnay et le travail du bois. Conséquences pratiques au moment de l’assemblage.

C’est l’intérêt de l’assemblage en Champagne : il permet à son auteur de partir d’une page blanche et d’imprimer son style, comme à chaque fois qu’un artiste installe une toile vierge sur son chevalet.
Ainsi est en train de se produire pour la marque Jeeper. Ce champagne, re-lancé en 2013 par les producteurs Nicolas & Myriam Dubois et l’investisseur Michel Reybier, vise un positionnement premium (45 €), un packaging original & tonique, ainsi qu’une distribution axée sur les réseaux traditionnels et l’export.

Le vin est à l’avenant, avec un portrait robot soigneusement défini. « Le goût Jeeper, c’est d’arriver à faire des champagnes élégants, relativement frais, une bulle très fine, mais qui peuvent accompagner tout le repas », explique Nicolas Dubois, co-fondateur. Ce style s’appuie notamment sur une proportion importante de chardonnay (50% environ pour le Grand Assemblage), une grande diversité de crus (37 villages pour cette même référence), et surtout, un travail en fûts de chêne.

Un quart de fûts

C’est même un des traits distinctifs de la maison. « Lorsqu’il achète une bouteille Jeeper, le consommateur a la garantie d’avoir au moins un quart du champagne qui a été élevé en fûts », reprend Nicolas Dubois Ce parti-pris a des incidences techniques. « Aujourd’hui, nous possédons le 3e parc de fûts de la Champagne : 200 fûts de 600 l pour les vinifications des premiers et les grands crus et 1000 petits fûts de 228 l pour l’élevage. Chaque fût va nous donner un produit spécifique au moment des assemblages. On travaille 228 litres par 228 litres, une unité qui nous donne beaucoup de précision sur le produit final. Les cuves ne permettraient pas un résultat aussi pointu».

1500 échantillons

C’est un peu le revers de la médaille lorsqu’on considère le travail qu’il implique. En ce petit matin du mois dernier, nous retrouvons l’équipe technique du champagne Jeeper. Objectif : déguster et assembler… 1500 échantillons prélevés dans les caves ! Une semaine de travail a déjà été nécessaire pour les classer en 5 catégories !
La dégustation commence donc par les petits fûts. Échantillon village Le Mesnil, tendu et vif. Bouzy en fûts neufs et un goût prononcé d’ananas rôti. Avize en fûts neuf, massif, du corps, de la longueur. Oger vinifié en fûts de plusieurs vins ressort dense et citronné. Sézanne combine crémeux et notes de cire d’abeille, etc. Les commentaires se précisent tandis qu’un immense tableau Excel se remplit peu à peu.

Calculatrice et éprouvettes

A la fin de la journée, l’équation se précise. La calculatrice et les éprouvettes entrent en action, le tableur Excel aussi. Premier essai d’assemblage dans la grande éprouvette 2000 ml : il est un peu trop lourd, manque de fraîcheur. Comme le peintre éclaircirait les couleurs de son tableau, on reprend la composition de l’assemblage, on teste, on goûte. Au bout de quelques essais, la formule semble la bonne, elle séduit tous les membres de l’assistance.
L’alchimie de Jeeper grand assemblage se définit en 2016 comme suit : 52% de chardonnay, 13% de pinot noir, 35% de pinot meunier. Un quart est issu de fûts, le solde de cuves. 37 villages ont été mis à contribution dont 17% de grands crus et 13% de premiers crus.
C’est cet assemblage qui va être réalisé à grande échelle, puis tiré en bouteille pour la deuxième fermentation qui lui confèrera l’effervescence, suivie d’un élevage. En tout et pour tout, un cycle de quatre ans. Un travail de précision pour une marque Jeeper résolument positionnée haut de gamme, avec beaucoup d’ambition.

Terre de vins aime :

Jeeper Grand Assemblage (45 €) : un champagne au fruité spontané (abricot, pêche de vigne), embrayant sur la crème et une rondeur rafraîchie de touches citronnelle de bon aloi.

Jeeper grande Réserve (55 €) : un blanc de blancs voluptueux au fruit bien mûr. Abricot séché, papaye et raisins secs, copeaux de noix de coco : il fait penser à ces mélanges exotiques d’apéritifs, avant d’embrayer en bouche sur une grande amplitude crémeuse d’élevage. Beaucoup de noblesse. Fin zeste de citron, douces épices : on pense, pour ce champagne, à la sensualité d’un poisson en crème.