Dimanche 13 Octobre 2024
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09.11.2020
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Alors qu’Emmanuel Macron se rend à Colombey-les-Deux-Églises pour commémorer les 50 ans de la disparition de Charles de Gaulle, les vignerons se souviennent de l’hôte du domaine de la Boisserie, grand amoureux des terroirs français, amateur du champagne Drappier et dont certaines décisions géopolitiques, comme l’indépendance de l’Algérie, eurent des répercussions majeures sur la filière.
Dans les années 1950, l’élaboration de champagne par les vignerons était encore une nouveauté, et la qualité de leurs vins, compte tenu de leur courte expérience, sujette à caution. Dans les cercles les plus huppés, on n’admettait dans les réceptions que les grandes Maisons. C’est donc un choix audacieux qu’avait fait Charles de Gaulle, en commandant son champagne chez André Drappier, un vigneron voisin de sa résidence à Colombey-les-deux-Églises. Prudent par nature, le général avait suivi la recommandation du colonel de Bonneval, son aide de camp, ami de la famille Drappier et parrain de leur fils Michel. Celui dont on commémore aujourd’hui les 50 ans de la disparition était donc « locavore » !
Si les parents de Michel Drappier ont été honorés par cette commande, ils n’ont jamais songé à en faire un argument publicitaire, d’autant qu’à l’époque « tout le monde n’était pas gaulliste comme aujourd’hui ». Au fil des ans, on avait même un peu oublié cette anecdote. C’est en 1990, à l’occasion du centenaire de la naissance du général, que des journalistes qui avaient retrouvé trace de sa consommation sont venus trouver la maison. Pressé de toutes parts, Michel Drappier a fini par accepter de créer une cuvée en hommage au général. « Il s’agit du même vin, avec les mêmes parcelles de vignes, on a juste changé le dosage : suivant la mode de son temps, le général buvait en effet de l’Extra-dry dosé à 20 grammes, dans une coupe et au dessert… » Chez Drappier, d’ailleurs, on ne veut pas en faire toute une histoire. Cela reste un petit clin d’œil, même si une facture au nom du général et datée de 1965 a intégré le dossier d’inscription de la Champagne au patrimoine mondial. Un classement que de Gaulle, venu serrer la main d’Adenauer devant la Cathédrale de Reims sous les auspices du maire Jean Taittinger, n’aurait pas récusé. La Mission UNESCO n’organise-t-elle pas chaque année une marche « des réconciliations » ?
L’indépendance de l’Algérie
Bien que sa figure soit associée au champagne Drappier, le héros du 18 Juin savait rester sobre, à la différence de Churchill ; et si l’on surnomme certains tire bouchons « De Gaulle », c’est d’abord en référence à leurs deux bras qui prennent la forme du V de la victoire.
Même s’il avait été accueilli en Bourgogne, au Clos de Vougeot en 1959 pour recevoir le cordon de Grand officier de Tastevin (voir photos ci-dessus et ci-dessous), on ne peut pas dire que le général de Gaulle, tout amoureux des terroirs français qu’il était, était un grand amateur de vin. Ni qu’il se soit particulièrement intéressé aux problématiques viticoles. Il est vrai qu’avec lui, les questions économiques se résumaient à cette formule bien militaire : « l’intendance suivra ».
Toutefois, c’est lui qui, après avoir accédé à la présidence de la République, redonnera son lustre à la cave de l’Élysée, sans pour autant y faire entrer des crus trop onéreux.
Certaines de ses décisions géopolitiques eurent aussi des conséquences indirectes sur la viticulture. Ainsi, dans les années 1930, l’Algérie représentait 20% des 100 millions d’hectolitres produits par la France alors que le marché national ne pouvait en absorber que 50 millions. Exemptés de droits de douane, ces vins acheminés par des bateaux-citernes baptisés « pinardiers », constituaient une concurrence redoutable pour les vignerons de la métropole. L’indépendance de l’Algérie concédée par de Gaulle en 1962 y mit un terme, et les négociants qui utilisaient les vins algériens pour relever le degré alcoolique des vins hexagonaux perdirent un précieux allié.
Champagne Drappier, Cuvée Charles de Gaulle, prix recommandé : 43 €TTC.
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