Samedi 24 Mai 2025
©Adrien Viller
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Date
24.05.2025
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À chaque édition, Champagne Tasting propose un programme de masterclasses exigeant, afin de mettre en lumière le talent et le savoir-faire de maisons emblématiques. Cinq sessions se tenaient aujourd'hui, cinq univers différents autour d'une passion commune : la bulle.
Représentée par Sarah Durand, sa global brand ambassador, c'est Lallier qui a ouvert le bal des masterclasses. La vénérable maison d'Aÿ, fondée en 1906, est venue partager ses « Réflexions ». Il s'agit du nom de sa collection innovante, à travers laquelle elle propose « une approche contemporaine du brut non-millésimé ». À savoir des cuvées intégrant un minimum de 70 % du millésime en vin de base, avec comme objectif de « rendre hommage à un terroir qui change ». Un concept fidèle à la « philosophie créative » revendiquée par la maison. À travers quatre cuvées — R.010, R.013, R.016, R.021 (chaque numéro correspondant au millésime « de base ») – les participants à cette masterclass ont pu goûter au délicat « équilibre entre expression de la vendange et reflet du style Lallier ». Exercice périlleux, tant certaines années venaient avec leur lot d'obstacles climatiques et météorologiques, mais exercice largement réussi, comme a pu le constater avec délectation le public, d'autant plus gâté que 9 des 10 cuvées qui composent cette collection Réflexion ne sont plus disponibles à la vente. Un beau cadeau comme Champagne Tasting aime tant en faire.
C'est sous le signe du rose qu'était placée la seconde masterclass, consacrée aux rosés de la maison Taittinger. Une masterclass 100% rosés inédite, comme l'a signalé avec une certaine satisfaction Alexandre Ponnavoy, chef de caves de Taittinger. Durant 45 minutes, il a guidé les participants dans les secrets et les subtilités des nuances, des assemblages et des dosages. Revendiquant un style affirmé (« beaucoup d'extraction »), il a vanté les mérites des 288 hectares de vignes en propre de la maison (« notre socle »), un terroir qui s'étend de la montagne de Reims à la Côte des blancs, en passant par la côte des Bar. Une palette de 45 crus et un cépage iconique, le pinot noir, autour duquel Alexandre Ponnavoy bâtit sa trilogie : précision, fraîcheur et constance. Pour illustrer son propos, quatre cuvées étaient dégustées : Prestige Rosé, Comtes de Champagne rosé 2012 et 2008 (un joli cadeau d'Alexandre Ponnavoy, car non prévu initialement !) et Nocturne rosé, petite douceur dosée à 17g. Idéale pour conclure cette parenthèse rosée et gourmande. Si vous avez manqué cette masterclass tout en rose, vous pourrez toujours découvrir les rosés de Taittinger dans le restaurant que la maison s'apprête à ouvrir à Reims et au nom évocateur : Polychrome.
Avec le champagne Henriot, la troisième masterclass de la journée ouvre un pan de l’histoire viticole champenoise. Depuis la fondation de la Maison par Apolline Henriot en 1808, le brut souverain a toujours été assemblé de la même façon, la cuvée « doit être un reflet des approvisionnements de la maison, ainsi de 3 crus au début de la commercialisation, l’assemblage en compte aujourd’hui 29 », explique Alice Tétienne, chef de cave depuis 2020. Dans cette « maison de vignoble », environ 30 hectares aujourd’hui, en agriculture biologique depuis 2024, pour remonter le temps deux chemins s’offrent aux dégustateurs : le brut souverain est le plus court grâce à l’adjonction d’une part de réserve perpétuelle débutée en solera en 1969. Pour les privilégiés qui assistaient à la masterclass, des millésimes conservés dans les caves de la Maison, débouchés pour l’occasion, sont de beaux instantanés de leur année. 1989 a conservé une fougue et un traçant remarquables, 1970 est un millésime volumineux sur des notes d’abricot confit et de cédrat. Dans les caves de la Maison Henriot, Alice Tétienne confie qu’il est possible de remonter jusqu’à 1921…
Les participants à cette superbe masterclass Bollinger n'ont d'abord pas dû en croire leurs yeux alors que défilaient devant eux – et devant leurs verres – bouteilles, magnums et jéroboams. Plusieurs contenant pour une même cuvée historique, La Grande Année, dans un millésime réputé en Champagne, 2015. C'est Sophia Luduvice, œnologue et chargée de mission Recherche & Développement chez Bollinger, qui était venue présenter les disparités propres à chacun de ces flacons. Un exercice étonnant, tant une même cuvée peut sembler un vin différent en fonction du contenant. Presque un jeu des sept erreurs ! Ici, l'oxydation se fait plus prononcée, là des épices font leur apparition, les agrumes se démultiplient… Pour expliquer ce « tour de magie », Sophia Luduvice est revenue précisément sur les notions d'échanges gazeux, de tirage liège, de vinification sous bois, sur ce millésime au printemps sec et à l'été chaud… Puis ce fut au tour de La Grand Année en rosé (toujours en 2015) de dévoiler ses secrets. Un rosé d'assemblage particulièrement élégant, présentant lui aussi deux profils différents selon qu'on le déguste en bouteille ou en magnum. Une masterclass délicieusement déroutante.
La dernière masterclass, Les Secrets de Dom Pérignon rosé, un voyage au cœur de l'excellence, fera l'objet d'un prochain article. Affaire à suivre...
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