Vendredi 6 Décembre 2024
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28.11.2024
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Près de 300 salariés de la maison Hennessy (LVMH) ont manifesté jeudi à Cognac à l'appel de leur intersyndicale pour dénoncer un projet d'exportation en vrac destiné à contourner les surtaxes chinoises sur les brandys européens.
« Cette idée de délocaliser la mise en bouteille, c'est ouvrir une boîte de Pandore qui peut être désastreuse », alerte Tommy Dupuis, machiniste régleur dans l'entreprise depuis 13 ans. Hennessy, filiale du groupe de luxe LVMH et leader du marché, prévoyait d'expérimenter l'export en cuve de son cognac afin de contourner des surtaxes évaluées à 35 % sur les bouteilles importées en Chine.
Bien que le projet ait été suspendu lundi par la direction après un mouvement de grève, l'inquiétude reste vive dans la filière, dont des salariés d'autres maisons se sont joints à la mobilisation. Les manifestants réclament notamment une extension de l'appellation d'origine contrôlée (AOC) pour inclure des règles protégeant l'embouteillage local, sur le modèle du champagne. « Nous allons saisir le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) pour faire évoluer le cahier des charges. Aujourd'hui, l'AOC ne protège pas l'embouteillage local, il faut que cela change », explique Matthieu Devers, délégué CGT Hennessy. « Si le BNIC prend cette décision, on pourra protéger notre AOC de A à Z », affirme Tommy Dupuis. « Le cognac, c'est chez nous et ça doit rester chez nous », abonde Gladys Decou, employée sur la chaîne d'embouteillage.
D'autres redoutent des conséquences économiques désastreuses pour la région. « Si les lignes de production sont déplacées, je vais perdre mon emploi, les autres aussi, et le bassin de Cognac va devenir une ville morte. Il ne faut pas laisser faire ça », s'alarme Alex Barbin, chauffeur chez Hennessy depuis 15 ans. L'inquiétude gagne aussi les commerçants locaux. « L'impact sur la ville, le tourisme et tous les commerces serait très préoccupant », estime Mylène Personyre, hôtelière à Cognac.
Cette mobilisation intervient alors que le Premier ministre Michel Barnier prévoit une visite prochaine en Chine pour discuter des surtaxes imposées par Pékin, perçues comme une riposte à une procédure similaire de Bruxelles sur les voitures électriques produites en Chine et vendues dans l'Union européenne.
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