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[Covid-19] Les chambres d’agriculture sur le pied de guerre

Auteur

Audrey
Marret

Date

30.03.2020

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Au chevet des exploitants agricoles, les chambres d’agriculture sont sur le pied de guerre face aux conséquences de l’épidémie provoquée par le Covid-19.

Fermées pour cause de confinement, les chambres d’agriculture restent joignables : « notre personnel administratif répond en télétravail mais nos conseillers techniques sont bien sur le terrain, avec toutes les précautions nécessaires », affirme Thierry Mazet, directeur de la chambre départementale de Gironde (photo ci-dessous).

Premiers enjeux : assurer la continuité de la production et le soutien financier des exploitations viticoles à l’heure où les marchés (surtout celui des cafés, hôtels et restaurants) sont gelés.

En Occitanie, qui possède le plus grand vignoble français (263 000 hectares), la chambre d’agriculture de l’Hérault a ouvert une cellule de crise pour repérer les entreprises agricoles en difficulté. « Nous en sommes pour l’instant au recensement des grandes problématiques rencontrées par les exploitants, y compris les viticulteurs « , explique Denis Carretier, président de la chambre d’agriculture régionale d’Occitanie et lui-même viticulteur à Olonzac, dans l’Hérault.

En Gironde, où la filière vin est le premier employeur avec 55000 emplois directs et indirects, c’est une cellule de concertation avec les autres organismes viticoles, dont le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) et la Fédération des grands vins (FGVB), qui a été mise en place pour faire remonter les difficultés du terrain et faire des propositions aux pouvoirs publics.

Les prestataires, « un des points de vigilance »

« On a veillé à ce que la viticulture soit bien citée dans les dispositifs de l’État et de la Région pour soutenir les entreprises, poursuit Thierry Mazet. Ce qui n’était pas le cas au tout début. » D’autant qu’à Bordeaux, les conséquences de la pandémie se rajoutent à un contexte déjà très difficile. « Notre rôle est d’informer les viticulteurs et de les inciter à faire appel aux différents dispositifs mis en place, dont le fond de solidarité qui permet des prêts garantis par l’État. » Jusqu’à présent, « une vingtaine d’entreprises viticoles nous ont déjà dit qu’elles n’arrivaient pas à s’en sortir » : la chambre d’agriculture de Gironde recherche alors des solutions au cas par cas.

La principale préoccupation des exploitants porte sur les mesures sanitaires à mettre en place pour protéger leurs salariés. Le manque de main d’œuvre ne se pose pas encore dans les vignes. « Honnêtement, à l’instant T, le secteur de la viticulture n’est pas le plus tendu », analyse Thierry Mazet. Mais les prestataires restent « un des points de vigilance » des chambres d’agriculture. « On a vu qu’il y avait des arrêts d’activité de prestataires, pour le matériel ou les travaux », constate Thierry Mazet. « On leur rappelle les enjeux », reprend le président Denis Carretier (photo ci-dessous), qui énumère les solutions mises en œuvre : paiement en ligne ou différé, dépôt du matériel ou des produits phytosanitaires devant le portail du distributeur pour être récupéré…

Reste la commercialisation, le nœud du problème pour le vin. La chambre d’agriculture de Gironde attend impatiemment la sortie du confinement pour agir. « A Bordeaux, on peut favoriser des drive ou des points de vente directe pour la production de fruits ou de légumes. Mais concernant le vin, c’est inimaginable [le Bordelais a produit l’équivalent de 680 millions de bouteilles en 2018, NDLR] : il est clair que le marché est national et international. Aujourd’hui, dans ce contexte compliqué, l’idée est de booster la communication et la promotion sur l’ensemble des marchés du vin lorsque nous serons sortis de cette zone de turbulence. En particulier le marché des restaurants et des cavistes. Nous travaillons déjà sur l’après. »

En savoir plus
EN GIRONDE
La charte des riverains relancée

En pleine période de confinement, la chambre d’agriculture de la Gironde doit mettre en concertation cette semaine la charte des riverains, dont la signature avait avorté en février dernier. Imposée par la loi alimentaire dite EGalim, cette charte, baptisée « charte du bien vivre ensemble », préconise de « bonnes pratiques », comme avertir les riverains avant tout traitement de la vigne. « Vu le contexte actuel, on considère que ce sont des préconisations à mettre en œuvre dès à présent », explique Thierry Mazet, directeur de la chambre d’agriculture de la Gironde.