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COVID-19 : les professionnels du vin confrontés à la perte de l’odorat et du goût

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

12.03.2021

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L’un des symptômes les plus répandus de la maladie est une perte partielle ou totale de certains sens. Un vrai handicap lorsque ceux-ci sont essentiels à l’exercice professionnel au quotidien.

Après plusieurs mois de travail, l’Union des Œnologues de France présentait cette semaine les résultats de la grande enquête qu’elle a lancé auprès de près de 2700 professionnels de la filière (œnologues, sommeliers, cavistes principalement) dans 37 pays, principalement en France mais aussi en Italie, en Suisse ou bien encore au Chili et en Espagne. Celle-ci a été construite par des ORL de renom et a été conduite entre mai et juillet 2020. Elle visait à mieux identifier l’impact des pertes d’odorat et de goût sur un échantillon cible. Anosmie, hyposmie, parosmie, agueusie, hypogueusie, dysgueusie sont autant de troubles qui affectent la population atteinte par la COVID-19. Ils correspondent à des atteintes plus ou moins fortes des perceptions sensorielles. Les professionnels du vin, qui sollicitent particulièrement ces sens, ont ainsi montré des résultats plus marqués que dans le reste de la population générale. Parmi les 2,7% d’individus qui ont contracté la COVID-19 dans l’échantillon, 67% ont subi une perte totale d’odorat et 56% une perte totale de goût contre des moyennes respectives de 50% et 40% sur l’ensemble de la population (d’après les données internationales présentées par le Professeur Pierre Louis Teissedre, coordinateur de l’enquête). Et une part non négligeable d’entre eux (32%) n’avait que partiellement récupéré après un mois. C’est le cas de Sophie Pallas, actuelle Directrice Générale de l’UOF qui a témoigné de cette épreuve qu’elle subit actuellement.

Rééducation et plan d’actions

Tout comme Philippe Faure-Brac, également touché par cette perte d’odorat et de goût en mars 2020 et qui a dû progressivement se refamiliariser avec ses sens, Sophie Pallas a expliqué suivre le protocole de rééducation mis en place par Sophie Tempère à l’université de Bordeaux. Cela passe par des stimulations régulières (2 fois par jour) des sens en se représentant l’objet qui est la source de l’odeur ou du goût en question. « Cela permet de reconstituer progressivement notre banque de données des odeurs » a-t-elle expliqué. Il est donc possible de recouvrer ses facultés mais au prix d’efforts spécifiques.

En attendant d’y parvenir, la situation peut s’avérer particulièrement difficile à vivre pour les professionnels du vin. Comme pour ceux de la restauration ou d’autres professions où l’odorat joue un rôle central, le risque est celui de ne pas pouvoir retravailler ou de craindre la reprise de l’activité. Consciente de ces difficultés, l’UOF a mis en place un plan d’actions selon plusieurs axes. Une mobilisation tout d’abord envers les autorités publiques de santé passant par la reconnaissance des troubles de l’odorat et du goût comme maladie invalidante. Mais aussi par la demande d’une vaccination prioritaire des professionnels du vin dans le calendrier national (la lettre adressée au Premier Ministre n’a, à ce jour, pas reçu de réponse officielle). Par ailleurs, l’UOF se mobilise envers les professionnels avec la mise en place d’un programme national de recherche sur le sujet. Et, plus concrètement la création d’un numéro syndical dédié pour le soutien des œnologues affectés.