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Fumée blanche au Comité Champagne : le rendement est tombé !

©JC Gutner

Auteur

Yves
Tesson

Date

19.07.2023

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Le président du Syndicat général des vignerons et le président de l’Union des maisons de Champagne se sont accordés sur un rendement commercialisable de 11 400 kilos pour les prochaines vendanges qui s’annoncent très belles en Champagne. Un rendement en léger retrait par rapport à l’année dernière (12 000 kilos), faisant suite à un ralentissement des ventes. Explications.

La fixation du rendement commercialisable en Champagne est le fruit chaque année d’un accord entre vignerons et maisons. David Châtillon, président de l'UMC, explique : « Nous nous basons sur les prévisions de ventes pour l’année en cours et pour les trois suivantes. C’est un travail auquel se livre la Commission avale du comité, marché par marché. Et cela donne en l’occurrence 314 millions de bouteilles pour 2023 et 315 pour les trois années suivantes. Nous nous fondons aussi sur le niveau de stock au 31 juillet 2023 pour viser un ratio de stock cible de 3,8 années. Nous sommes donc partis de ces chiffres, mais nous avons souhaité mettre quelques centaines de kilos de plus afin de ne pas entraîner la surchauffe des marchés d’approvisionnement internes (le marché du raisin). C’est donc une décision raisonnable, prudente, mais aussi confiante dans l’avenir de l’appellation. Les prévisions de vente des trois prochaines années peuvent paraître modestes mais se justifient par un contexte d’inflation et une conjoncture économique assez incertaine. »

Alors que les vendanges s’annoncent très belles cette année avec un rendement agronomique qui devrait se situer entre 15 000 et 17 000 kilos, la Champagne a obtenu de l’INAO un relèvement du plafond de la réserve qualitative qui passe de 8 000 à 10 000 kilos. Rappelons que la réserve qualitative peut être utilisée par le vigneron lorsqu'il n'a pas assez de raisin pour atteindre le rendement commercialisable. Cet aménagement ne répond pas seulement à la conjoncture mais aussi à une réflexion engagée par l’interprofession sur les moyens de renforcer la résilience de l’appellation suite aux difficultés qu’avaient rencontrées vignerons et maisons en 2020 et 2021. En 2020, malgré une très belle récolte, face à l’incertitude du contexte économique lié au covid, le plafond du rendement commercialisable avait été fixé très bas, tandis que le plafond de la réserve qualitative avait été maintenu au même niveau. En 2021, la récolte avait été très faible en volume et la réserve qualitative n’avait pas permis à certains vignerons de compenser complètement cette perte, alors même qu’ils auraient pu capitaliser davantage sur la récolte 2020 et que le marché était en pleine expansion.

Si on analyse les ventes du premier semestre 2023, un constat s’impose. Celui d’une baisse des ventes par rapport à la même période l’année dernière. « En 2023, fin juin, nous étions à 336 millions de bouteilles sur douze mois, un rythme insoutenable. Nous sommes en baisse de 4,7 %. Mais lorsque l’on regarde les premiers semestres des années précédentes, nous restons à un niveau élevé en valeur absolu. Le marché intérieur baisse de façon plus significative que l’export (-6,3 %), une partie importante de ce recul est absorbé par la grande distribution, que ce soit d’ailleurs en France comme au Royaume-Uni. » Si l’export baisse un peu moins (-3,7 %), il existe des nuances selon les marchés. Alors que les États-Unis et le Royaume-Unis connaissent un léger retrait, l’Asie du Sud-Est performe bien, avec certains pays qui sont même en pleine croissance comme le Japon dont on sait cependant qu’il a subi les effets du Covid de manière décalée. On notera que ce recul n’est pas seulement lié à une baisse de la demande, mais aussi au contingentement opéré dans les ventes par les maisons depuis 2022. Enfin, la baisse des volumes ne devrait a priori pas suffire à provoquer une baisse du chiffre d’affaires alors que le champagne continue à augmenter ses prix et à se « premiumiser ».

Notons enfin que les vendanges devraient avoir lieu autour du 7 septembre. « Lorsqu’il y a une belle quantité sur les vignes, il faut en général du temps pour que cela mûrisse » confie Maxime Toubart, le président du Syndicat général des vignerons. Il faut dire que par rapport à certaines autres régions viticoles françaises, la Champagne a eu des conditions météorologiques jusqu'ici très favorables, avec très peu de dégâts de gel (à peine 1,5 % du vignoble), et de grêle (0,3 %), tandis que mildiou et oïdium sont demeurés contenus. Seules les réserves hydriques suscitent quelques inquiétudes.