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[Graves] Château de Respide : le nouveau souffle

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

07.03.2022

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Le château de Respide, en appellation Graves, vient de changer de main. Maintenant aux commandes, Amélie et Pierre-Edouard Chatin ne manquent pas d’idées et vont conforter la belle notoriété construite par leur prédécesseur.

Amélie et Pierre-Edouard souhaitaient revenir en France après une expérience à l’étranger. « Nous avons commencé à chercher très tôt. On nous a proposé des propriétés qui n’étaient pas à l’équilibre économique. Et puis Respide est arrivé » raconte Amélie. Depuis trois générations, la destinée du château de Respide, près de Langon, était entre les mains de la famille Bonnet. C’est le 26 mars 2021 que la vente se conclut, mais Frank Bonnet est resté gérant jusqu’à la fin de l’année 2021. C’était le souhait d’Amélie, car si ses compétences sont indiscutables, elle a voulu bénéficier de l’expérience et du talent de Frank Bonnet. On ne s’approprie pas la typicité des 78 hectares de vignes bordelaises en prétendant tout maîtriser, même si 7 années ont été consacrées précédemment au champagne Ruinart en tant que winemaker et même si on a été œnologue consultante en Uruguay pendant 3 années, notamment pour le vaste Etablecimiento Juanico (vins Don Pascual). Une prudence et une humilité qui l’honorent et cela a sans doute contribué à rassurer le Crédit Agricole qui a soutenu le rachat. On peut ajouter à l’argumentaire que Pierre-Edouard Chatin a de solides compétences en stratégie, leadership commercial et développement.

Si Respide était en bonne santé et avait déjà une bonne dynamique, Amélie a les yeux tournés vers l’avenir et a identifié deux axes de travail principaux.

La réduction de l’empreinte carbone.

« La réduction de l’empreinte carbone est un sujet qui nous préoccupe énormément et on essaie d'y tendre au maximum» précise Amélie. « Nous avons investi dans un véhicule électrique ». Le projet d’achat d’un tracteur électrique est contrarié par le coût important de l’investissement. Amélie poursuit : « Notre chef de culture, Anthony, est impliqué. Il est source de propositions : il a très bien compris notre vision. Le couvert végétal en inter rangs est une nouveauté. Après la vendange, on sème une association d’une légumineuse et de céréales. Objectifs ? Avoir un apport d’azote, restructurer le sol, capter le CO2 et favoriser la biodiversité. On précisera que la propriété est certifié HVE depuis 2018 et qu’elle est engagée dans le RSE (responsabilité sociétale des entreprises) : audit en novembre 2022. Amélie ajoute qu’il y a une « communication avec les riverains, mais aussi une formation pour nos salariés et des réunions avec eux pour donner du sens à ce qu’ils font ».

Le développement commercial.

Deux leviers :
- La vente sur internet. « Un nouveau site a été mis en ligne le 1er juillet 2021, avec une page marchande ». On insistera sur la mise en place d’ambassadeurs (des amis et des membres de la famille). En 6 mois, un CA de 22 610 € a été généré, dont 75 % venant des ambassadeurs. Un levier utile pour lancer la nouvelle gamme « Drop » qui offre une bonne buvabilité que les jeunes et les restaurateurs apprécient.

- L’exportation. « C’est la partie de Pierre-Edouard, qui a été en contact avec des importateurs d’Amérique du Sud notamment. On travaille avec l’Uruguay (une chaîne de supermarchés haut de gamme) et les Etats-Unis ».

L’avenir semble tracé.

À retenir, le tout nouveau rosé Vin de France de la récente gamme « Drop », à base de petit manseng et marselan (croisement de grenache et cabernet sauvignon). Atypique et surprenant. Nez de bonbon anglais, un peu exotique, floral (chèvrefeuille, muguet). Attaque et milieu de bouche sur une sucrosité (framboise), et finale étirée sur le pamplemousse rose. De la présence, et de la fraîcheur (7,5 €).