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La Bouche du Roi, le domaine versaillais de la Winerie Parisienne

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

03.07.2020

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Le trio d’associés de la Winerie Parisienne fait désormais visiter ses vignes de La Bouche du Roi à Davron, au bout de la Plaine de Versailles.

Nous sommes au bout de la plaine de Versailles, à peine à 20 minutes de la Porte d’Auteuil. Au détour des champs de céréales, un petit village déserté aux belles maisons en pierre, au milieu d’une réserve naturelle de 2600 hectares classée depuis 20 ans dans la perspective du château de Versailles. Maraîchers, arboriculteurs, pépiniéristes, centres équestres, ferme laitière ont pu ainsi résister aux lotissements. Au XVIIIe siècle, avant le phylloxéra, l’essor des chemins de fer et le développement des maraîchages, la vigne y prospérait. On a dénombré jusqu’à 42 000 hectares en Ile-de-France. Quelques vignes patrimoniales ont fait à nouveau leur apparition depuis quelques décennies, une centaine aujourd’hui, mais le projet de Davron est bien plus ambitieux. Les trois associés de la Winerie Parisienne, Adrien Pelissié, Julien Bengué et Julien Brustis, qui avaient lancé une activité de négoce à partir d’achats de raisins de diverses régions françaises, ont décidé de planter ici en 2017 leurs propre vignoble à vocation professionnelle. Il ne s’agit plus seulement de quelques bouteilles à boire entre amis ou aux fêtes de mairie mais d’un objectif de 30 000 cols dans un premier temps, 150-180 000 à terme, uniquement issus du vignoble francilien quand il sera entièrement planté. Les premiers ceps de chardonnay, chenin, pinot noir et merlot sur 3 ha ont déjà permis de produire 3500 bouteilles en 2019.

Conservatoire et microvinifs

Mais la première « vraie vendange » aura lieu cette année. « Nous misons sur une montée en puissance progressive de la production grâce aux nouvelles plantations de syrah et cabernet franc en 2018 sur 7 ha et à nouveau 13 ha supplémentaires en 2020 avec les mêmes cépages, explique Julien Brustis qui a fait ses armes chez Hubert de Boüard et dans la Napa Valley. Après avoir acheté ce lot de 27 hectares d’un seul tenant avec l’aide de la Safer, nous avons creusé une quinzaine de fosses, analysé les sols et travaillé avec le pépiniériste David Amblevert pour choisir sur 19 parcelles de grands cépages français à vinifier en monocépages ». L’endroit est idéal pour la vigne, en jachère depuis une vingtaine d’années, ce qui a permis aux jeunes vignerons de travailler directement en bio – la certification est prévue pour la vendange 2020.

Le domaine, à 144 m au-dessus de la mer sur des sols pauvres calcaires, bénéficie toujours d’un peu de vent qui assainit et évite les maladies. Le trio d’associés en a aussi profité pour replanter une palette de cépages, d’ici et d’ailleurs (gamay, sauvignon gris, côt, arvine, riesling…), des anciens (chambourcin, romorantin), des résistants (floréal, vidoc), au total 8000 pieds de 16 cépages différents au sein d’une parcelle-conservatoire d’1,5 ha afin de procéder à des suivis de maturité puis des essais de micro-vinifications, d’abord dans les chais de Montreuil avant de construire une cave à Davron, sans doute en 2022. Le domaine a été baptisé La Bouche du Roi, en référence au département qui était chargé depuis le XVIe siècle de l’intendance et de l’approvisionnement en nourritures à Versailles, l’échanson choisissant les vins servis à la table royale. La propriété faisait alors partie du domaine offert par le roi à sa maîtresse Louise de La Vallière.

Table versaillaise dans les vignes

Toute cette histoire de terroirs et de cépages, ils la racontent désormais lors d’une balade œnotouristique de deux heures dans les vignes (39€). Les visiteurs embarquent dans une ancienne remorque de chasse aménagée pour un tour des parcelles avec anecdotes historiques et dégustation des vins de la Winerie, pour l’instant ceux en assemblage de cépages de l’Hexagone (actuellement une quinzaine de références) en attendant les vins de la propreté en IGP Île-de-France. Sur la table, entre ballots de pailles, bosquet et vignes, des accords mets-vins avec des produits locaux des environs, les chocolats de la maison Colas de Maule, les fruits des Vergers des Préaux d’Ecquevilly ou de la Ferme de Gally, le miel des Deux Gourmands de Crespièrres, les produits de la pisciculture de Villette… « Nous tenions à développer l’œnotourisme sur un modèle plutôt Napa Valley, précise Adrien Pelissié. Le but est de faire découvrir ce patrimoine et d’en profiter pour parler de notre projet aux habitants des Yvelines mais également aux franciliens puisque nous sommes à côté d’un formidable bassin de consommation ».

Photos F. Hermine.