Samedi 5 Octobre 2024
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06.07.2020
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Pierre Chenin, le directeur de la cave coopérative de Grand Listrac en Médoc ne se contente pas de se reposer sur la réputation historique de la cave. Il va de l’avant et malgré les effets néfastes de la crise sanitaire, il maintient le projet de rénovation de cette cave inaugurée en 1935.
Si la cave est au centre de la place du village de Listrac, celle-ci, désormais dénommée Vignerons Associés de Listrac, « ne se repère pas suffisamment bien » selon Pierre Chenin : il fallait « la rendre plus visible et plus attractive ». Pour cela, « le style initial art déco de la façade vieillissante va être retrouvé », car, en effet, actuellement « le style d’origine est brouillé » par diverses peintures et panneaux d’annonce et par quelques extensions de bâtiment qu’il convient désormais de mieux intégrer afin de donner une cohérence à l’ensemble. Nulle démolition en vue, car le bâti est en état, fonctionnel, et mérite d’être valorisé. Deux grand portails en fer accentueront la signature art déco et les automobilistes de passage sauront lorsque ces portails seront ouverts que la boutique est en activité. Le message sera clair, facilement perceptible, et aura l’allure d’une invitation à s’arrêter.
Ce sera là l’occasion d’être accueilli par Virginie Caroço qui, en vraie ambassadrice des terroirs de Moulis, Listrac et des Haut-Médoc de Cussac, saura satisfaire la curiosité et l’intérêt des visiteurs pour les vins du lieu, à savoir une gamme de vins originale, dont 3 crus bourgeois et deux cuvées monocépages inattendues : un 100% petit verdot pleins de saveurs épicées et d’une chair veloutée, ainsi qu’un 100% cabernet sauvignon médaillé. Sans oublier une cuvée sans souffre. Preuve qu’aux vignerons associés, on aime expérimenter avec succès (en savoir plus).
Outre la façade, les toitures seront refaites et l’espace d’accueil du public (la boutique notamment) sera rafraîchi. Des travaux pour un montant total estimé à 250 000 €.
Feuille de route
Pierre Chenin ne cache pas qu’il a été missionné pour rééquilibrer les ventes. Il s’agissait pour lui de construire « une autre activité commerciale », avec davantage de volume en bouteille (80%) et moins de vrac (20% en vrac vers le négoce). Il n’y a plus de cubitainer pour les particuliers mais des bibs. Il fallait aussi « permettre à la coopérative de suivre l’actualité » tant sur le plan des vinifications que sur le plan des goûts du public, mais aussi de la formation des coopérateurs.
Ainsi le volet de formation et d’encadrement pour les viticulteurs est la réponse aux besoins exprimés par les coopérateurs. Pour l’hiver 2020, les thèmes retenus sont la vie des sols et la gestion des engrais. La taille aussi, afin de « revisiter les habitudes ». Au total, la cave recense 48 coopérateurs solidaires pour une surface de 172 hectares.
Les Vignerons Associés, ce sont donc 48 coopérateurs convaincus qui ont accepté d’aller, dans un même élan solidaire, vers la certification HVE3. « 90% du territoire sera certifié », précise Pierre Chenin. « Les 10% de coopérateurs restant ne travaillent pas uniquement le vin (le maïs par exemple dans la terre des Landes voisines). Ceux-là appliqueront malgré tout le cahier des charges de la certification HVE3 pour la vigne qu’ils possèdent ».
D’ailleurs, Pierre Chenin ne manque pas d’insister sur cette solidarité : « dans le paysage actuel, les caves coopératives ont toute leur place. On parle de plus en plus d’économie solidaire. Les viticulteurs sont ensemble pour mettre en commun des moyens. Ces caves sont tellement anciennes dans le paysage qu’on en oublie leur fonctionnement original et qu’elles sont coopératives ».
Davantage de coopérateurs depuis 5 ans
Fait surprenant, la coopérative a gagné quelques coopérateurs au profil particulier. Il s’agit de personnes qui ont toutes un travail autre que la viticulture et qui ont « acheté ou loué en fermage », récemment, un arpent de vigne, passionnés qu’ils sont par le travail de la vigne, et par le vin, leur vin. Les voilà, « l’hiver, le temps de quelques week-ends, sur leur hectare de vigne, à tailler leur vigne, à conduire les engins de la CUMA (Coopérative d’Utilisation de matériel Agricole) ». La coopérative leur permet de vivre leur passion en leur dispensant d’être handicapés par des investissements couteux de divers matériels de vinification. Cette coopérative est aussi un passeur d’informations lorsqu’elle a connaissance de la prise de retraite d’un viticulteur sans successeur, ou de lopin de vigne à vendre…
Dans cette permanence de la recherche de qualité, la cave coopérative tient son rôle, en animant la vie de coopérateurs passionnés et en proposant une ligne de produits originaux qui n’ont plus rien à voir avec le vrac d’il y a quelques décennies. A retenir, qu’on se le dise. Et surtout, à suivre !
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