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La Conservation selon Plaimont

Auteur

La
rédaction

Date

22.08.2012

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Début août, à Sarragachies, dans le Gers. A l’entrée de la vigne, une petite pancarte : Plaimont, site de Saint-Mont, USR 205. A première vue, rien ne différencie cette parcelle d’une autre, sinon sa proximité avec la maison des propriétaires, la famille Pédebernade. Pourtant, elle renferme les premiers végétaux à être inscrits aux Monuments Historiques.

A regarder de plus près, cette vigne reflète l’image de méthodes culturales aujourd’hui disparues. Antérieures à la généralisation du greffage sur des variétés résistantes au phylloxéra, les souches sont « franches de pieds » (établies sur leurs propres racines), la plantation y est réalisée en « pieds doubles » (deux souches accolées au même piquet de soutient), et disposée en carré, dispositif ancestral pour pouvoir vendanger dans les deux sens, modifié par la suite par arrachage d’un rang sur deux pour permettre une mécanisation des travaux. A voir cette souche (cf. photo), creuse en son centre avec sa tête noueuse liée à l’ancienne, par un jonc d’osier ou un sarment, à son piquet de soutient, on a aucun mal à croire qu’elle date de Napoléon III. Réné Pédebernade, 85 ans aujourd’hui, raconte que son arrière grand-mère avait toujours connu cette vigne pré-phylloxérique, qui a survécu à la maladie sûrement grâce à son sol sablonneux et qui contient pas moins de vingt cépages du Piémont pyrénéen dont le Camaraou noir, le Blanc Dame, le Tannat, la Penouille, le Printiù Aigut, le Pinenc… et sept autres non identifiés.

Selon Olivier Bourdet-Pees, Directeur Général de Plaimont Producteurs, on peut estimer que sur les cinq cents cépages existant dans le Piémont pyrénéen avant le phylloxéra, il n’en resterait qu’une centaine aujourd’hui dont seulement une quarantaine de répertoriés pour une vingtaine de vinifiés. D’où l’importance donnée à la conservation dès la création de Plaimont (mot-valise, contraction des caves de Plaisance, Aignan et Saint-Mont) en 1979, grâce au travail de recensement effectué par Jean-Paul Houbart dès les années 70 qui déboucha sur la création du conservatoire ampélographique de l’appellation Saint-Mont à Pouydraguin, répertoriant aujourd’hui 40 cépages dont 12 inconnus.

Le but de conservation n’est pas que de préserver une biodiversité, mais de comprendre le passé afin de mieux produire l’avenir. En se réappropriant des cépages rares comme le Manseng noir (4000 pieds ont été replantés fin mai), en bouturant une souche de Pinenc pré-phylloxérique trouvée sur la parcelle de la famille Pédebernade, en effectuant des micro-vinifications, le conservatoire sert de laboratoire à Plaimont Producteurs pour enrichir les assemblages de ses vins de Saint-Mont et en faire des vins originaux en luttant contre la disparition des cépages secondaires.

Un pari qui porte ses fruits si l’on en croit la gamme proposée en appellation Saint-Mont. Pour n’en citer que trois : Le Monastère de Saint-Mont Rouge 2009, rond et gourmand (Tannat 85% – Pinenc 15%, ), L’Empreinte Blanc 2010, gras et minéral (Gros Manseng 75% – Petit Corbu 15% – Petit Manseng 10%) et Le Rosé d’Enfer 2011, vif et fruité (Tannat 40% – Pinenc 40% – Cabernet Sauvignon 20%).

A quand une cuvée pré-phylloxérique, issue de cépages retrouvés, chez Plaimont Producteurs ? En toute logique, l’idée devrait faire son chemin.

Texte et photo Jean Dusaussoy

www.plaimont.com