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L’année des vignerons

Auteur

La
rédaction

Date

30.09.2011

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Né dans l’adversité, le millésime 2011 pourrait offrir de beaux flacons. À prix abordables ?

La nature, dans sa prodigalité, semblait dessiner une nouvelle trilogie vineuse. Après 1988, 1989 et 1990, elle pouvait donner une suite éclatante aux années exceptionnelles 2009 et 2010. Dès le mois de mai, les commentaires laissaient présager un 2011 historique … Mais au final il s’agit d’une année totalement atypique, exaltante par la précocité des floraisons, traumatisante par son humidité et ses basses températures estivales, tendue dans sa période de vendanges vraisemblablement achevée en rouge le week-end prochain, à l’issue d’une semaine magnifique.

Un vin stratégique

Les œnologues n’ont pas été laissés au repos dans cette campagne marquée par les lourdes menaces du botrytis. « Il y a eu une inquiétude. On nous a beaucoup demandé de venir goûter dans les vignes, explique l’œnologue Antoine Medeville (œnoconseil à Pauillac). Ce 2011 ne se compare à rien de connu. Quand on a eu un enfant hyperdoué et qu’arrive derrière un petit frère qui l’est beaucoup moins, c’est plus difficile pour lui. On revient au savoir-faire de l’homme. Ce sera plus stratégique. »

« On revient finalement à un millésime assez classique bordelais, comme un 2008, un peu austère, souligne François Despagne (Château Grand Corbin-Despagne, à Saint-Émilion). Je crois à un très joli vin accouché dans l’adversité. Il fallait faire corps avec sa vigne, ne rater aucune étape, et surtout ne pas faire comme d’habitude. »

La raison

« D’un point de vue marketing, ce 2011 sera peut-être plus compliqué à vendre, poursuit François Despagne. Est-ce que l’acheteur va se dire que Bordeaux revient à une posture raisonnable qui lui permettrait de se faire plaisir avec un bon millésime ? » C’est la question récurrente à Bordeaux, où quantité de vins pâtissent de cette idée fausse que « les bordeaux sont trop chers ».

Raison est le mot qui revient souvent dans les chais et les officines. Les rendements à écouler et une bonne qualité peuvent régulariser les cours et séduire le consommateur. Il y a une demande de vin dans le monde que la Chine amplifie, mais qui concerne aussi des marchés plus traditionnels. De ce point de vue, le 2011 est déjà un vin d’espérance.