Samedi 13 Décembre 2025
©A. Viller pour Terre de Vins
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Date
13.12.2025
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Grâce à son riche programme de master class, Bordeaux Tasting permet chaque année d'approcher au plus près la magie du vin et du champagne, à travers des dégustations guidées et commentées. Retour sur les master class de ce samedi avec Riedel, trois bordeaux de légende : Château Pichon-Baron, Clos Fourtet, Château Smith Haut Lafitte, Château Pavie et Champagne Henriot.
Bien connue des habitués de Bordeaux Tasting, la master class de la célèbre cristallerie autrichienne a encore une fois ravi l'auditoire. Son but ? Démontrer que le verre est aussi important que le vin lors de la dégustation, et que sa forme peut considérablement affecter la dégustation du nectar qu'elle contient. « On se plaint toujours du vin, mais jamais du verre », lance d'entrée Sophia Anselme, responsable Marketing & Opérations chez Riedel. Pour mettre en exergue, quatre vins et autant de verres de la collection Veloce (riesling, chardonnay, pinot noir et cabernet/merlot) étaient mis à l'épreuve.
Tout d'abord, le château Pape-Clément 2022 en blanc, dont le bouquet aromatique s'est magistralement déployé dans le verre à riesling (le plus complet pour les vins blancs), tandis que sa gourmandise et sa vivacité se sont effacées dans le verre chardonnay. Constat inverse pour le Beaune Village blanc 2023 de la Maison Louis Latour, qui s'est révélé dans le verre à chardonnay, tandis que l'Aloxe-Corton 2023 de la même Maison a brillé dans le verre à pinot noir, qui a révélé tout l'éclat de son fruit. Enfin, retour à Bordeaux avec l'ultime vin, Quarry du château de Sours 2022. Sa jeunesse s'exprimait pleinement dans le verre à cabernet/merlot, tandis que le verre à pinot noir peinait à masquer sa fougue tannique.
Légende (nom féminin) : Récit populaire traditionnel, plus ou moins fabuleux. Qu’est-ce qu’un « vin de légende » ? Un nom, une étiquette, bien sûr. Un terroir, un patrimoine, évidemment. Mais quel est ce petit « truc » en plus qui élève un grand vin au rang de « fabuleux » ? Pour tenter de répondre à cette (vertigineuse) question, Bordeaux Tasting avait convié trois propriétés emblématiques : Château Pichon Baron, deuxième grand cru classé de Pauillac, représenté par Alexandra Lebossé (maître de chai), Clos Fourtet, premier grand cru classé de Saint-Émilion, représenté par Emmanuel de Saint Salvy (directeur technique) et Château Smith Haut Lafitte, cru classé de Graves, représenté par sa propriétaire, Florence Cathiard.
Durant une heure, ils ont consenti à lever un coin du voile sur cette magie qu’ils reproduisent, de millésime en millésime, profitant d’une dégustation en 6 vins* pour dispenser quelques indices sur ce qui constitue l’ADN de leur vin. Les sols, le climat, l’histoire, l’assemblage, l’élevage, la conservation, la passion… la recette est naturellement complexe et multiforme. Pourtant, Mathieu Doumenge, rédacteur en chef de Terre de vins, parviendra à extorquer quelques précieux secrets : Florence Cathiard – 35 millésimes de « SHL » au compteur –, n’envisage pas de faire du vin « sans habiter son vignoble » (au sens propre comme au figuré) ; pour Alexandra Lebossé, « on ne peut pas se contenter de préserver la vigne, il faut s’engager dans sa régénération » ; quant à Emmanuel de Saint Salvy, il énonce la vérité définitive : « Il ne faut pas suivre les modes. » De l’incarnation, une vision et du caractère : serait-ce donc ça, finalement, la définition d’un vin de légende ?
*Pichon Baron 2008 et 2018, Clos Fourtet 2008 et 2018, Smith Haut Lafitte 2018 (rouge) et 2023 (blanc)
Quelques minutes suffisent pour installer le décor et donner le ton : cette master class consacrée à Château Pavie s’inscrit d’emblée dans une histoire de temps long, de fidélité et d’exigence, portée par Mathieu Doumenge, rédacteur en chef de Terre de Vins, Jean-Christophe Crouzet, directeur commercial, Elodie Barthélémy hospitality manager du château, et du sommelier David Biraud Meilleur sommelier de France en 2002, dont le lien ancien avec la famille Perse apporte une résonance très personnelle aux échanges.
Avant d’aborder les millésimes, une pensée s’impose pour Gérard Perse qui nous a quitté cet été et qui « a énormément fait pour cette propriété » et dont « la famille continue aujourd’hui de porter le flambeau », puis la dégustation se déroule avec Arômes de Pavie 2017, parcellaire de Saint-Émilion Grand Cru précis et lisible, à Château Pavie 2003, solaire mais remarquablement tenu, avant le 2010, « un très grand millésime à Bordeaux, le plus sec depuis 1949 » , impressionnant par sa droiture et sa profondeur ; le 2012 marque un tournant symbolique avec sa nouvelle étiquette noire et argent pensée pour « marquer le coup » de l’accession au rang de Premier Grand Cru Classé “A”, le 2016 confirme l’équilibre et la maturité du style, entre densité et fraîcheur, et le 2022, encore jeune mais déjà expressif, ferme la dégustation sur une évidence, ponctuée par un spontané « waouh » de David Biraud, raccourci juste de la trajectoire d’un cru qui avance sans effets de manche, avec constance et précision.
Guillaume Deglise était tout sauf dépaysé dans les entrailles du Palais de la Bourse. Celui qui dirige la Maison Henriot depuis 2024 a dirigé le salon Vinexpo à Bordeaux entre 2013 et 2018 puis a été le directeur international des vignobles Domaines Barons de Rothschild (Lafite) jusqu'à son arrivée en Champagne, et vit toujours dans la capitale girondine. C'est donc en toute décontraction, mais avec une remarquable pédagogie, qu'il a pu conter l'histoire des cinq cuvées présentées par la Maison durant une heure. La première ? La cuvée Brut Souverain, « le parfait reflet de la Maison » dixit Guillaume Deglise, puisqu'il assemble l'intégralité des 29 crus que l'on retrouve dans les vins de la Maison. Ce parfait « vin d'apéritif » a laissé place au Blanc Souverain, le blanc de blancs historique d'Henriot – que la Maison produit depuis 1880 – qui a retrouvé son nom historique avec l'arrivée de Guillaume Deglise.
C'est une trilogie de millésimes qui a conclu ce festival de bulles avec tout d'abord le 2015, millésime rare en Champagne, que peu de Maisons ont osé mettre en bouteille. Il a précédé 2014, millésime préféré de Guillaume Deglise, dont les notes de vanille entêtantes ont également séduit une grande majorité de l'auditoire qui,

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