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Le souci de l’eau des Vignerons de Buzet

©Vignerons de Buzet

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

22.03.2022

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Aujourd'hui 22 mars, c'est la Journée Mondiale de l'eau. La coopérative des Vignerons de Buzet a mis en place un programme complet de mesures pour économiser et optimiser la ressource en eau à la vigne et à la cave.

« Le problème de l’eau dans notre vallée de la Garonne, c’est qu’il y en a parfois trop, parfois pas assez, ironise Pierre Philippe, directeur des Vignerons de Buzet. On reçoit souvent l’équivalent de quatre à cinq fois d’un coup nos besoins annuels mais on manque souvent d’eau pendant la période végétative avec des records de chaleur l’après-midi surtout de juin à septembre- nous somme dans la région la plus chaude de France avec des amplitudes thermiques pouvant atteindre 30°C. Comme au global, la ressource se fait rare et que la vigne n’est pas une culture vivrière, mieux vaut apprendre à la gérer au mieux ». Une problématique d’autant plus sensible dans une région où les adhérents de la cave sont majoritairement des vignerons et des agriculteurs irrigants. « Si on veut continuer à cultiver la vigne, il faut donc trouver d’autres solutions que l’irrigation, rappelle Pierre Philippe. Le sujet n’est pas compliqué mais complexe. Il y a une palette de solutions et la difficulté réside dans leur coordination ».

Agroforesterie et couverts végétaux

La coopérative a entamé depuis déjà une dizaine d‘années une réflexion sur la ressource en eau qui fait partie des objectifs majeurs de développement durable déterminés par les Nations Unies. Parmi les actions mises en œuvre, l’implantation des couverts végétaux pour garder la fraîcheur des sols ou l’agroforesterie pour dynamiser le réseau de mycorhization, c’est-à-dire le développement du système racinaire des plantes, des arbres et des champignons. Le vignoble des 160 adhérents sur près de 2000 hectares est aujourd’hui planté en quasi-totalité avec des couverts végétaux ; il est bordé à 30 % de forêts avec de plus en plus de plantations inter-rangs. Un programme expérimental avec l’Inrae a également été lancé pour trouver des alternatives aux pratiques agricoles traditionnelles avec l’implantation de canaux secs qui favorisent la rétention d’eau au printemps.

©Vignerons de Buzet

Chasse aux gaspis

La cave consomme 1,7 à 1,8 l. d’eau par litre de vin produit, de la vinification au conditionnement. A la cave, un plan d’économie d’eau a été instauré avec des réducteurs de débit pour le nettoyage, des cuves en inox moins gourmandes en eau, un inventaire des petites économies possibles et une sensibilisation du personnel pour lutter contre les gaspillages multiples.

En aval, les Vignerons de Buzet se sont attachés à récupérer les effluents de process pour réintroduire les eaux traitées dans le milieu. « Nous avons opté depuis 2017 pour un système de traitement comparable telle une zone humide ou un marais qui filtre l’eau par l’action de plantes dépolluantes » explique Pierre Philippe. Les ingénieurs travaillant sur le sujet se sont inspirés de l’observation de végétaux endémiques en bordure des rivières locales ». Plus de 9000 plantes d’une trentaine d’espèces non invasives ont été sélectionnées dans un rayon de 50 km pour leur capacité à récupérer le phosphate, le cuivre, le phosphore… Elles ont ensuite été mises en culture chez un pépiniériste spécialisé avant leur réintroduction dans les bassins de la cave. Les eaux usées de cet espace baptisé le Jardin des Filtres percolent en autoépuration naturelle au milieu des végétaux et des roches volcaniques favorables à une microfaune de batraciens et reptiles. Une conception rustique mais esthétique, bien intégrée dans le paysage, de gestion simple et qui participe à la biodiversité et au développement durable.