Jeudi 23 Octobre 2025
©Bernard Favre (photo de gauche) et Christophe Grilhé (photo de droite)
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Date
23.10.2025
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Le Syndicat général a adressé auprès de l’INAO une demande de modification des cahiers des charges des AOP Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages afin que 11 dénominations géographiques communales puissent être aussi revendiquées en blanc.
Pour les premiers villages classés en appellation communale à la fin des années 1960, les trois couleurs étaient prévues. Tandis que pour la seconde salve, à partir des années 2000, seul le vin rouge a été retenu. Conclusion, sur les 21 Dénominations Géographiques Communales (DGC), onze ne peuvent revendiquer de blanc : Saint-Andéol, Gadagne, Chusclan, Massif d’Uchaux, Nyons, Plan de Dieu, Puyméras, Sainte-Cécile, Vaison-la-romaine, Signargues, Suze-la-rousse. Désormais, toutes veulent être rétablies dans ce qu’elles considèrent être leur droit, bien que les volumes produits en blanc pour le moment ne soient pas significatifs. Xavier Anglès, coprésident de la commission Villages au Syndicat général des Côtes du Rhône, rappelle que : « l’idée première est venue de l’AOC Chusclan qui souhaitait ajouter le blanc à son cahier des charges ».
Chusclan est l’exception qui confirme la règle, puisqu’elle ne produit que rosé et rouge. Présageant un refus pour une si petite surface, Damien Gilles, président du Syndicat général, propose alors de constituer un dossier commun à toutes les AOC désireuses de revendiquer cette couleur. « Cela arrangeait tout le monde. Même si cela n’avait jamais été fait, l’INAO a accepté le principe. » Autre avantage, un gain de temps indéniable quand on connaît les lenteurs administratives… En 2022, un groupe de travail est constitué, une animatrice embauchée pour démarrer le dossier, étudier les potentiels et accompagner les vignerons dans cette diversification.
L’AOC Côtes du Rhône représente 45 % de la production rhodanienne en 2024 et les Côtes du Rhône Villages 12 %. Bien qu’en progression, les volumes de production en blanc (12 %) et en rosé (13 %) sont minoritaires à l’échelle de l’ensemble de la Vallée du Rhône. Les surfaces des Villages Blanc s’élèvent à 240 hectares, dont 90 hectares pour les Villages sans nom géographique et 150 ha pour les Villages nommés, soit 3 % des surfaces revendiquées pour la production 2024.
Côté volumes, ils représentent 7 425 hl dont 2 903 hectolitres de Villages sans nom géographique et 4 522 hectolitres de Villages nommés, soit 3 % de la production 2024. Selon l’interprofession rhodanienne, « le potentiel de surface en blanc est nettement plus important pour les Villages : 624 hectares pour les Villages sans nom et 423 hectares pour les Villages nommés, soit plus de 1 000 ha de potentiel. »
Pour l’encépagement, on retrouve majoritairement le grenache (36 %) et le viognier (19 %). Roussanne, clairette, bourboulenc, marsanne et quelques autres minoritaires complètent cette jolie palette.
Les chiffres l’attestent, la consommation de vin blanc est en hausse, en particulier par les moins de 35 ans. Par exemple, en GMS, les ventes de Villages nommés sont passées de 950 à 1 281 hectolitres en 7 ans. Pourquoi ne pas jouer sur cette opportunité, quand le rouge est délaissé ? Pragmatisme et opportunisme sont les deux mamelles de la diversification voulue par l’interprofession rhodanienne qui annonce vouloir doubler les volumes du blanc d’ici 2035. Les crus Gigondas et Laudun ont montré la voie et surtout l’attractivité que représente la diversité des cépages rhodaniens.
Déjà des vignerons revoient leur plan de plantation et les pépiniéristes constatent une augmentation des commandes de cépages blancs. Toutefois, ils restent pragmatiques et redoutent une surproduction qui ferait vaciller les cours.
Pour constituer le dossier, une vaste étude est lancée auprès des syndicats locaux et des unités de vinification. Il faut réaliser un état des lieux incluant les surfaces en production, l’encépagement, les assemblages, la typologie, la commercialisation, les prix, l’évolution des marchés, l’antériorité, la reconnaissance (médailles aux concours) et, in fine, les intentions de plantation. En parallèle, il est demandé à l’Institut Rhodanien de caractériser les profils des différents vins blancs des Villages concernés.
La demande de modification des cahiers des charges a été présentée à la commission permanente du comité national de l’INAO le mercredi 11 juin. Celle-ci a donné un avis favorable au lancement de l’instruction et a nommé une commission d’enquête pour étudier la demande. Après étude et visite sur le terrain, prévue en décembre, cette dernière remettra son rapport. La procédure nationale d’opposition PNO sera étudiée en comité national de l’INAO et sera suivie d’un vote. S’il est favorable, l’homologation du cahier des charges et l’enregistrement au niveau européen finaliseront la longue procédure.
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