Vendredi 8 Novembre 2024
Marie Gicquel par Leif Carlsson
Auteur
Date
31.01.2022
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Nouvelle directrice générale de la Maison Abelé 1757, Marie Gicquel a accepté de nous présenter son parcours et ses ambitions pour cette pépite récemment acquise par le groupe Nicolas Feuillatte (Terroirs & Vignerons de Champagne).
Comment êtes-vous arrivée dans le monde du champagne ?
Sans être champenoise, j’ai passé l’essentiel de mon enfance en Champagne. Le goût pour le vin, c’est mon père qui me l’a transmis, il avait un ami œnologue qui l’a initié, il a partagé cette passion avec ses quatre enfants. J’ai d’abord fait une école de commerce à Paris spécialisée dans la finance et j’ai commencé par travailler pour un groupe qui n’avait rien à voir avec le monde du champagne, beaucoup plus industriel, passionnant du point de vue technique, mais moins glamour. Lorsque je suis rentré chez Nicolas Feuillatte, où j’ai été rattachée à la direction financière avant d’évoluer sur la partie plus commerciale, j’ai tout de suite adoré la noblesse du produit.
Entre Nicolas Feuillatte et Abelé, vous devez avoir le sentiment de faire le grand écart ?
Les deux maisons se situent aux antipodes et n’ont pas du tout les mêmes attraits. D’où la richesse de ce rachat et la complexité de la tâche qui m’incombe. Nicolas Feuillate est une maison récente, Abelé a une richesse historique et évolue dans un contexte plus confidentiel, intime. Nous tenons à ce que chacun conserve son identité, raison pour laquelle Abelé a une direction différente, un chef de caves propre garant du style de ses vins, des approvisionnements dédiés, sa cuverie… Notre place est à part et isolée au niveau du groupe. Notre lien se restreint à être capitalistique, le reste, ce sont des services support qui sont mutualisés comme bon nombre de groupes en Champagne : le juridique, l’informatique... Compte tenu de notre taille, nous aurions eu sinon recours à des prestataires extérieurs. Mais c’est un point sur lequel je dois avoir une attention particulière. Le risque dans cette configuration, c’est d’être phagocyté. Il existe toujours une tentation qui va dans le sens de la simplification de la gestion et qui peut dissiper la richesse de la maison. Nous sommes à Reims, de l’autre côté de la montagne, nous sommes négociant, avec des contrats d’achat de raisins, tout nous différencie !
Quelle est votre stratégie au niveau des vins ?
Une fois le bilan opéré, nous n’avons pas eu le souhait de révolutionner la maison, par contre nous menons un travail pour affiner le style, comme nous l’avons fait par exemple pour la liqueur de dosage. Etienne réfléchit aussi à la gestion du parcellaire, mais l’idée n’est pas que le consommateur d’Abelé d’aujourd’hui ne reconnaisse pas le champagne Abelé de demain. Nous avons la chance d’avoir une base vins très belle, nous avons donc à cœur d’avoir une relative continuité. Nous sommes sur une trajectoire qui vise une croissance des volumes, mais pas du tout dans l’idée de faire d’Abelé un autre mastodonte, nous souhaitons conserver cette dimension humaine, l’idée serait d’atteindre les 400 à 500.000 bouteilles d’ici trois ans. La présence de la maison à l’étranger est faible, sauf en Espagne grâce à notre ancien propriétaire Freixenet. Nous cherchons donc aujourd’hui à ouvrir un certain nombre de marchés en restant sur une distribution sélective, exclusivement CHR/Cavistes. Il faut savoir ne pas céder à l’opportunisme ce qui aurait pu être la tentation ces derniers mois compte tenu de l’explosion de la demande, on doit être patients et précis dans ce que l’on veut.
Quels éléments vous touchent particulièrement dans l’histoire de la maison ?
L’ange au sourire de la Cathédrale ! Détruit par les bombardements de 1914, il a été restauré grâce au financement de la maison, il est devenu le symbole de la résistance des habitants de la ville. Enfant, j’habitais Sillery, à chaque fois que nous venions à Reims, je forçais ma mère à venir dans cet édifice qui est toujours pour moi source d’émotion.
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