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Le vin bio ne connaît pas la crise

de g. à d. : Nicolas Richarme, Jeanne Fabre, Jean-Louis Cazaubon, Carole Frelin ©Y. Palej

Auteur

Yoann
Palej

Date

19.01.2024

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Malgré la crise des secteurs du vin et du bio alimentaire, la filière du vin bio affiche sa bonne santé en maintenant sa croissance. En marge du salon Millésime Bio, SudVinBio a interrogé les acheteurs via une étude lancée avec le cabinet spécialisé Circana. Compte-rendu.  

En 2024, Montpellier est toujours “The place to be… bio”. Les 29, 30 et 31 janvier au Parc des Expositions, le salon Millésime Bio 31e du nom s’apprête à accueillir le monde du vin bio. Un rendez-vous incontournable malgré la crise du secteur du vin et du bio alimentaire. « La filière du vin bio fait mieux que résister, reconnaît Nicolas Richarme, président de SudVinBio, association interprofessionnelle des vignerons bio d’Occitanie (1100 vignerons et coopérateurs ainsi que 45 metteurs en marché) qui a créé de toutes pièces le salon. Elle maintient sa dynamique de croissance avec un chiffre d’affaires de 1,463 milliard d’euros, en hausse de 6,3 % en 2022. » Notamment sur les circuits de vente directe (+5%), du CHR (+12%) et des cavistes (+8%). A contrario, la GD enregistre une baisse de 7%. Si les chiffres 2023 n’arriveront que dans quelques mois via l’Agence Bio, la tendance est à l’optimisme. « Il ne faut pas oublier que les ventes de vin bio ont triplé depuis 2012 et que les volumes sont eux aussi en hausse », prolonge l’intéressé qui est aussi vigneron en bio au Château de Bastet en Vallée du Rhône. A l’heure où le marché du vin est frappé par la déconsommation et celui du bio alimentaire par le recul du pouvoir d’achat, l’association a voulu comprendre, via une étude lancée avec le cabinet spécialisé, Circana, les singularités d’une filière à contre-courant des dynamiques structurelles.  

Des consommateurs plus jeunes en quête de pédagogie 
A la lecture des résultats, les tendances sont bien marquées avec des profils d’acheteurs de plus en plus jeunes (les moins de 25 ans notamment) et de classes sociales diverses et variées (CSP- et inactifs principalement) : 39% des acheteurs de vin bio ont acheté leur première bouteille de vin bio au cours des 12 derniers mois et 37% ont augmenté leurs achats dans le même laps de temps. « On a conscience que c’est surtout la jeune génération qui porte la consommation et c’est une tendance qui va se poursuivre, argue Jeanne Fabre, présidente du salon Millésime Bio. Le jeune amateur de vins boit certes moins en quantité mais il sélectionne beaucoup plus ce qu’il met dans son verre et n’est pas près de tourner le dos au bio. » C’est pourquoi les commerces de proximité et la vente directe sont plébiscités. « Les vins bios doivent absolument s’accompagner d’une pédagogie afin d’expliquer au consommateur comment le vin est fait et pourquoi le prix est plus élevé, notamment en raison des contraintes de production », prolonge Nicolas Richarme. 71 % des acheteurs de vin bio se disent d’ailleurs motivés par des préoccupations environnementales et ils sont aussi 33 % à expliquer qu’ils achètent du bio de façon passive. « Avant, on vendait du bio parce que c’était du bio mais aujourd’hui, c’est la qualité qui prime », commente Jeanne Fabre. 

Un site dédié à la vulgarisation du vin bio 
Dans la tendance des circuits de consommation, on voit bien que le CHR est un marché stratégique puisqu’un verre de vin bio sur quatre est consommé hors du domicile (84% au restaurant, 39% en bar à vin et 32% en brasserie). « Mais les acheteurs attendent encore plus de bio et demandent plus de précision dans les sélections chez les cavistes et une meilleure mise en valeur sur les cartes des établissements spécialisés », analyse Nicolas Richarme. Au niveau du prix, on remarque également une tendance de valorisation plus juste. 27% des acheteurs de vin bio estiment qu’il est indispensable qu’un vin soit bio entre 5 et 10 euros, le pourcentage monte à 36% au-dessus de 15€. « Le prix est un marqueur d’excellence pour le consommateur : plus ils recherchent de la qualité et plus ils considèrent que le vin doit être bio », poursuit Jeanne Fabre. Pour celles et ceux qui désirent en savoir plus sur le vin bio, l’association a même lancé le site www.levinbio.fr en début d’année. « Nous avons voulu créer un espace de vulgarisation pour le consommateur mais aussi pour le professionnel en quête d’informations claires sur le bio, conclut le président de SudVinBio. On y trouve des articles pédagogiques et des interviews qui permettent de comprendre pourquoi il est important de soutenir le bio ainsi que des chiffres-clés, des études et des données règlementaires concernant notre filière. » 

Plus d’infos sur le site : https://www.millesime-bio.com/