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Nouveau tandem à la cave de Crouseilles

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

16.03.2021

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Bénédicte Bibes a succédé il y a quelques mois comme directrice de la cave de Crouseilles (64) à Denis Degache, à ce poste pendant plus de 21 ans (et qui reste un vigneron adhérent). Elle forme désormais un tandem avec Paul Dabadie, devenu président début 2020, à la suite de Roland Podenas, dans cette fonction pendant plus de 15 ans.

C’est donc un jeune duo qui va conduire la cave du piémont pyrénéen en appellations Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh, forte d’une centaine d’adhérents produisant en moyenne 40 000 hl par an. De formation ingénieur agronome et œnologue à Toulouse, Bénédicte Bibes a travaillé dans des structures coopératives telles que l’union Marrenon en Luberon pendant dix ans (650 producteurs) et Néotera près de Narbonne dans l’Aude (250 vignerons). C’est dire si elle est attachée aux valeurs de la coopération…

Vous avez toujours travaillé en coopérative ?
C’est un choix personnel ; j’en apprécie les valeurs et je m’y retrouve. J’ai à la fois l’expérience des vins d’appellations, plutôt rouges et rosés en syrah-grenache, et celle des vins de cépage du Languedoc en chardonnay, viognier, grenache, merlot, cabernet-sauvignon… J’aime travailler pour un ensemble de producteurs capables de faire de grands volumes standards et des petites sélections.

Comment percevez-vous la cave de Crouseilles, ses faiblesses et ses points forts ?
J’étais restée sur une image un peu rustique des vins de Madiran mais j’ai redécouvert des rouges et des tannats qui ont bien changé et je me refais le palais depuis quelques mois. J’ai apprécié la forte orientation de Crouseilles en matière d’environnement avec une labellisation HVE à 70% (80% pour le millésime 2021) et un passage vers le bio avec déjà deux vignerons certifiés, l’ancien président et le nouveau – c’est dire l’engagement –, et trois nouveaux en conversion, dont Denis Degache. Aujourd’hui, on ne produit qu’une cinquantaine d’hectolitres en bio mais d’ici 2024, on devrait atteindre 3 000 hl. C’est un vrai challenge ici car la plupart des viticulteurs sont en polyculture et passer en bio prend du temps car il faut obligatoirement convertir toute l’exploitation. Tandis qu’en Languedoc, on n’a mis qu’un an pour convaincre les vignerons en monoculture. Le pari est doublement courageux avec le climat du Sud-Ouest.

Avez-vous déjà établi une feuille de route ?
La cave vient de climatiser le chai de 600 barriques, de réorganiser et dynamiser l’œnotourisme avec un nouveau parcours sensoriel, un escape-game et une boutique entièrement réaménagée au château (les ventes directes pèsent 10% des ventes) et nous allons encore investir en cave, notamment dans des groupes de froid, et communiquer davantage pour attirer les visiteurs et les faire venir dans cette belle région. Cela dépend bien sûr de l’évolution du contexte. Une personne dédiée accompagne les groupes et les particuliers et travaille à une offre plus pointue pour les petits groupes, autour de la dégustation, sur des échappées dans les vignes… ce qui devrait permettre de monter en gamme. Pour les prochains mois, nous étudions un vrai changement de signature pour la cuvée Château et nous allons travailler sur un lifting des étiquettes.

Photo F.Hermine

Côté commercial, vous prévoyez également des changements ?
Nous réalisons la moitié de nos ventes en grande distribution et nous sommes en train de lancer pour ce circuit une nouvelle gamme Les Frondeurs dans les trois couleurs (madiran rouge, pacherenc blanc sec et béarn rosé) avec un packaging original, en bouteilles et bag-in-box. Mais nous voulons aussi recentrer nos efforts sur le circuit cavistes, d’abord dans le grand Sud-Ouest, et développer le e-commerce. Avec la suppression des festivals, nous avons eu une baisse de fréquentation au caveau, même si l’été n’a pas été trop mauvais mais nous n’avons pas rattrapé la perte de fréquentation des pèlerins et des skieurs. Nous espérons pouvoir mettre les bouchées doubles cet été en espérant que le festival Jazz in Marciac sera confirmé [a priori sur 12 jours au lieu de trois semaines et à fréquentation limitée]. Quant à l’export, c’est le groupe Plaimont dont nous faisons partie qui en a la charge.