Jeudi 12 Décembre 2024
(Photos M. Boudot)
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18.12.2018
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Inspirée par son expérience bordelaise, la famille Merlaut a créé ex-nihilo ce domaine dans le sud du Canada, à la frontière des USA, et l’a hissé en vingt ans comme une référence du pays. Histoire d’une réussite.
De Bordeaux au Canada, il n’y a parfois qu’un pas. Un pas que la famille Merlaut, négociant (groupe Taillan) et propriétaire à Bordeaux (châteaux Gruaud-Larose, Citran, Haut-Bages Libéral
Chasse-Spleen, Ferrière, La Gurgue…), a franchi en 1998 en s’implantant en Colombie britannique, dans la vallée de l’Okanagan, avec la création d’Osoyoos Larose. Depuis, mêlant savoir-faire bordelais et terroir du Nouveau Monde, le domaine s’est imposé parmi les grands noms de la viticulture canadienne. Il faisait découvrir ses vins aux amateurs tout ce week-end lors de Bordeaux Tasting.
« Pour s’implanter sur le marché canadien et y vendre des vins, il faut être représenté par une entreprise locale » commence Raphaël Merlaut pour expliquer la genèse de cette aventure viticole. Au début du projet donc, une association de la famille Merlaut avec l’agence canadienne Vincor, « qui nous a ensuite suggéré de participer avec elle à un projet de viticulture dans la vallée d’Okanagan, où des pionniers débutaient alors » raconte Raphaël Merlaut. Le challenge dans le sang, les propriétaires bordelais se lancent corps et âme dans ce défi. Et jettent leur dévolu sur le sud de la vallée, déjà réputé pour sa culture fruitière. Sur ce terroir, encaissé entre deux massifs montagneux, avec un enchaînement de lacs très étroits orientés nord-sud, « le micro-climat est très spécifique, extrêmement sec, avec des journées très chaudes et des nuits fraîches, des conditions idéales pour culture de la vigne. »
A contre-courant
Le terroir élu, reste à le sublimer pour créer de grands vins. « Dans cette association, on a amené notre connaissance technique acquise notamment grâce à la gestion de crus classés, un winemaker français, et notre matériel technique, détaille Raphaël Merlaut. Notre partenaire a lui amené sa connaissance du terroir local. » Patte bordelaise aidant, avec une approche peu conventionnelle au Canada, où les vins monocépages sont la règle, ils privilégient l’assemblage à base de cépages typiquement bordelais. Aujourd’hui, 20 ans après le début de ce projet, sur 32 ha, le merlot est majoritaire, accompagné de cabernets sauvignon et franc, de petit verdot et malbec. A l’instar de ce qui se pratique dans les vignes familiales bordelaises, les vendanges sont manuelles, effectuées parcelle par parcelle, et l’élevage opéré en barriques de chêne français « avec l’ambition de ne pas écraser le fruit avec un boisé trop prédominant ». Les premières cuvées d’Osoyoos Larose voient le jour dans les années 2000.
Les deux pétales d’Osyoos Larose
Le grand vin, baptisé « Osoyoos Larose », en référence à son origine géographique et au château Gruaud-Larose, fleuron du groupe familial, sort sur chaque millésime à environ 120 000 bouteilles. Issu de « vendanges assez tardives », dominé par le cabernet, il est élevé pour partie en barriques d’un vin et pour l’autre en barriques neuves. « Ce vin affiche un style aux notes épicées, sur les fruits mûrs, la sucrosité, la suavité, une belle trame, une linéarité avec un boisé bien intégré, et se déguste après dix ans de garde au moins. » Le second vin, « Pétales d’Osoyoos », à dominante merlot, élevé à égalité en barriques d’un vin et deux vins, est produit chaque année à hauteur de 30 000 bouteilles. « Avec moins de densité et de profondeur, dans une volonté d’être abordable plus jeune, il est plus rond, fruité, croquant, mais toujours épicé. »
Sous le signe du succès
« C’est incontestablement et globalement reconnu par la critique et plébiscité par les consommateurs, les plus grands vins de la vallée d’Okanagan sont produits à Osoyoos » affirme Raphaël Merlaut. Pour preuve notamment, « Osoyoos est l’occurrence la plus recherchée sur le moteur de recherche de vins et spiritueux en ligne Wine Searcher, et Osoyoos Larose le second vin le plus cherché. » En franchissant la sphère virtuelle, autre succès pour la maison dans le monde réel et pas des moindres, « Osoyoos Larose » s’est invité à la table du sommet du G7 au Canada en juin dernier.
Pour continuer à écrire cette success-story, la famille Merlaut est depuis 2013 seule aux manettes du domaine, suite au rachat des parts de son associé. Pour l’heure, en l’absence d’installations techniques au cœur du vignoble, les vins sont vinifiés dans un cuvier et un chai d’élevage loués à dessein. Mais, dans le viseur de la propriété, une réflexion sur la construction de bâtiments sur site est en cours. L’échéance est encore incertaine, car la famille Merlaut met un point d’honneur à agir avec précaution dans cet environnement sauvage. « Nous rêvons de réaliser un projet architectural à la hauteur de ce site exceptionnel, confie Raphaël Merlaut. Ce projet accueillera notre future winery ainsi qu’un ensemble œnotouristique que nous voulons parfaitement intégré avec la nature préservée de ce décor de carte postale. »
Côté commercial, si pour l’heure, le marché principal d’Osoyoos Larose est canadien, développé en partenariat avec la maison Charton-Hobbs, la famille Merlaut ambitionne désormais de se concentrer sur l’export par l’intermédiaire du groupe Taillan. Pour ceux et celles qui ont dégusté et apprécié les vins d’Osoyoos Larose lors de Bordeaux Tasting, le grand vin est à retrouver à Bordeaux à la cave de la Cité du Vin Latitude 20 au tarif de 50 €. Les deux cuvées du domaine sont également en vente à Cash Vin.
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