Accueil [Des Paroles et du Vin #3] Château Pindefleurs : transmission en douceur

[Des Paroles et du Vin #3] Château Pindefleurs : transmission en douceur

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

28.10.2016

Partager

Pour la troisième édition de ce petit-déjeuner de la filière viti-vinicole, le 10 novembre prochain à la Cité du Vin, « Terre de Vins » vous convie à débattre des enjeux de la transmission du patrimoine viticole bordelais. L’exemple du château Pindefleurs, à Saint-Emilion.

SUIVEZ CE LIEN POUR RÉSERVER VOS PLACES A « DES PAROLES ET DU VIN »

A la tête du château Pindefleurs (Saint-Emilion grand cru) depuis 2009, Audrey Lauret, 30 ans. La jeune femme sera l’une des invités de ce troisième « Des paroles et du Vin » à la Cité du Vin, le 10 novembre prochain (8h30-10h30). Organisé à l’initiative du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, avec le quotidien Sud Ouest, « Terre de Vins » et en partenariat avec le Crédit agricole d’Aquitaine, il ouvrira la discussion autour de la question : « Bordeaux : qui va reprendre le vignoble ? » Propriété de Micheline Dior, cousine du grand couturier, château Pindefleurs a été racheté en 2006 par la mère d’Audrey Lauret, Dominique, dont la famille possède le voisin château Pipeau (Saint-Emilion grand cru). Alors à l’abandon, la propriété a depuis lors entamé une véritable renaissance. Audrey Lauret s’est confiée à « Terre de Vins » sur sa vision de la transmission du patrimoine viticole à travers son expérience personnelle. Rencontre en trois question.

Comment s’est passée la transition entre votre mère et vous à la tête de la propriété ?

En 2006, j’étais en terminale quand ma mère a acheté, mais à aucun moment elle ne m’a dit « je l’achète pour toi, pour que tu reprennes. » Que ce soit mon frère ou moi, on n’a jamais eu la pression de nos parents pour reprendre, on a toujours eu le choix de faire ce que l’on voulait. J’ai toujours aimé le vin, je m’y suis toujours intéressée, et aujourd’hui, je ne pourrais plus quitter ce monde ! Quand je suis arrivée à Pindefleurs, même si j’étais jeune et que je sortais tout juste de mes études (un BTS viti-oeno et un bachelor à l’INSEEC Bordeaux, ndlr), ma mère m’a directement laissé carte blanche sur la production. Elle était là pour me guider sur la commercialisation, et elle m’épaule encore parfois sur les visites, les livraisons, la gestion administrative… Elle délègue au fur-et-à-mesure, et se retire doucement. Depuis le 1er septembre, mon frère, qui travaille dans le web, nous a rejointes sur la propriété pour s’occuper de la partie commercialisation, marketing et communication, que j’ai difficilement le temps de gérer parallèlement à la production.

Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer lors de ce passage de flambeau à la tête du château Pindefleurs ?

Il m’a fallu m’imposer au sein du personnel. Quand je suis arrivée, les salariés avaient une moyenne d’âge d’environ cinquante ans. J’ai dû prouver que je n’étais pas qu’une gamine de 23 ans qui allait hériter d’un joli domaine. Au début, quand on débarque, on a plein de rêves dans la tête, mais souvent c’est un peu utopique. J’ai dû trouver mes marques, connaître correctement le vignoble pour essayer de réellement faire ce que je souh-aitais. Ce n’est pas toujours évident car il y a les coûts de production à gérer, les budgets… On aimerait toujours faire le meilleur vin du monde, mais de temps en temps il faut faire avec ses moyens! Aujourd’hui j’ai trente ans et je sais réellement ce que je veux. Je maîtrise mieux ces paramètres, je suis plus à l’aise dans mes choix depuis deux ou trois. Je cerne mieux ma force de vente, la marque commence à être plus connue du public, grâce entre autres aux salons auxquels on participe, notamment avec Terre de Vins.

Quelles impulsions avez-vous donné à la propriété et quels sont les défis de demain ?

On a fait des travaux spectaculaires depuis dix ans. Le château est méconnaissable. Le cuvier est totalement neuf, le chai à barriques a été nettoyé et rénové, on a créé une boutique. Le vignoble a été restructuré avec des replantations, la mise en place du système de management environnemental. On va poursuivre dans cette voie. Avec on frère, on souhaite aussi élargir la gamme. On s’était focalisés sur la seule marque « château Pindefleurs » pour se faire connaître, mais on aimerait ajouter une voire deux références : une gamme un peu plus accessible au consommateur, facile à boire dans les un ou deux ans, et peut-être un haut-de-gamme. Notre génération de viticulteurs doit aussi adapter sa façon de communiquer car le consommateur change. Il n’achète plus les mêmes bouteilles d’année en année pendant vingt ans, il touche à tout. Il faut faire de la communication pour faire découvrir nos vins, toucher un maximum de publics et se démarquer sur le marché. La clientèle ne s’attend pas forcément à voir des jeunes derrière un Saint-Emilion, ça fait plaisir de faire bouger un peu les codes. Saint-Emilion est aussi accessible que n’importe quel autre vin, il faut arrêter de se mettre des barrières et de se dire que c’est réservé aux personnes de plus de 50 ans!