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Pessac-Léognan : Carmes Haut-Brion veut imposer son nom

Guillaume Pouthier dans la salle de dégustation du chai signé Starck.

Auteur

Audrey
Marret

Date

25.10.2019

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Propriété du promoteur immobilier Patrice Pichet, le Château Les Carmes Haut-Brion cultive sa singularité pour tirer le meilleur d’un millésime 2019 hétéroclite dans le Bordelais. Le Groupe Pichet annonce la construction d’un futur hôtel des Carmes, cinq étoiles au cœur de Bordeaux.

Difficile d’apprécier le millésime 2019 pour les vins rouges dans le Bordelais sans faire de cas particuliers. L’année a ressemblé à une course d’obstacles pour les domaines : lutte contre le gel, floraison hétérogène, un été très sec avec des épisodes à pluviométrie variable… Les résultats sont donc aussi divers que la nature des sols, des pieds de vigne ou encore les stratégies suivies par les vignerons. Une chose est sûre : ce millésime est du genre à révéler les styles et les meilleurs terroirs. « C’est un millésime de mathématicien », tranche Guillaume Pouthier, au Château Les Carmes Haut-Brion : il a fallu faire des choix précis et assumés en calculant les risques.

Contre les coups de chaud, le directeur a choisi de ne pas effeuiller la vigne et de garder un couvert végétal protecteur. La taille a été adaptée à la contrainte hydrique. Les consignes ont été données pied par pied dans les parcelles. La singularité des Carmes Haut-Brion ne tient pas qu’à ce travail de précision chirurgicale dans les vignes. Dans l’appellation Pessac-Léognan, le domaine, acheté en 2010 par le promoteur immobilier Patrice Pichet, cumule les exceptions. Seul grand vignoble enclavé dans la capitale girondine (10 hectares de terrain dont 6,8 de vignes à cheval sur les communes de Bordeaux, Pessac et Mérignac), il ne produit qu’un seul vin où domine le cabernet franc.

Vinification avec les grappes entières

Arrivé à la direction de l’exploitation en 2012, Guillaume Pouthier a introduit la vinification par infusion, avec, lors des bons millésimes, 45 à 50% de grappes entières. Aucun geste technique trop intrusif (ni pigeage, ni remontage) ne vient brusquer le vin qui se charge doucement en couleur et tanins dans les cuves alternant couches de baies et couches de grappes avec rafles. La vinification est d’autant plus précise que Guillaume Pouthier multiplie les assemblages pour mieux travailler les lots séparément (sept lots pour ce millésime 2019). Ils seront au final réunis dans un nectar aux tanins aériens. Le Château Les Carmes Haut-Brion vise une signature intemporelle à travers les millésimes. Tout en cherchant à résoudre l’impossible équation du Bordelais : à savoir d’exceptionnels vins de garde à très long terme, également aptes à être bus dans les 5 ans.

Un hôtel dans d’anciens chais

Le château est également connu pour son chai spectaculaire, signé par le créateur Philippe Starck et inauguré lors des vendanges 2015. Véritable collectionneur, Patrice Pichet ne cache pas son envie d’acquérir un autre domaine, dans le Bordelais ou ailleurs. Le Groupe Pichet doit annoncer d’ici la fin de l’année l’ouverture en 2021 d’un hôtel cinq étoiles basé dans d’anciens chais au centre de Bordeaux, les chais Calvet, cours du Médoc. Le groupe confiera à une marque internationale l’exploitation de l’établissement comptant une centaine de chambres, un restaurant et un spa. L’hôtel portera le nom des Carmes. Ce qui va dans le sens de la stratégie du groupe de s’affranchir de plus en plus de la mention Haut-Brion, en imposant le nom de son vignoble. « Nous sommes régulièrement obligés de préciser à nos visiteurs que nous n’avons aucun lien avec le Château Haut-Brion », constate Guillaume Pouthier. Boira-t-on bientôt du château Les Carmes tout court, sans Haut-Brion ?

En Pessac-Léognan
Petit frère du château Les Carmes Haut-Brion, le C des Carmes Haut-Brion est issu de 24 hectares de vignes situées à Martillac, dans l’appellation Pessac-Léognan. Le vignoble devrait intégrer 5 hectares de vignes en plus d’ici trois ans devant le succès de ce vin rouge destiné au circuit de la restauration et des cavistes. Éclatant, aérien et floral (avec 51 % de merlot), le C des Carmes Haut-Brion est taillé pour séduire immédiatement, avec la même exigence que son aîné.
Le C des Carmes Haut-Brion 2016 : 35 euros