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Pierre Souchon, chanteur et ami du vin d’Anjou

Auteur

La
rédaction

Date

19.05.2010

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Pierre Souchon, chanteur et auteur du récent album Pieter’s friends, a récemment donné un concert privé à l’occasion d’une dégustation de vins d’Anjou. Il nous parle du pourquoi de l’opération, et de sa relation au vin.Pourquoi avoir accepté de faire un concert pour les vins d’Anjou ?
J’ai fait mon disque à la campagne, c’est une région où je vais depuis toujours, mes parents se sont rencontrés là-bas, c’est le Loir-et-Cher, c’est pas très loin de l’Anjou. On arrive à la campagne alors qu’on vit à Paris, on quitte tout de suite nos soucis, notre train-train, on décompresse instantanément, et ce qui est agréable, c’est de jeter une allumette dans la cheminée, qu’il y ait un feu de bois, et qu’on débouche une bouteille de vin…Il y a quelque chose tout de suite, on est installé, et puis le vin c’est un moment de partage, c’est un truc entre amis, festif, aussi bien autour d’un barbecue, que d’un plateau de fromages. Mon disque a été fait autour de mes amis, du partage, de l’amitié, des échanges, et donc quand on m’a proposé de faire quelque chose pour le vin d’Anjou, je me suis dit que c’était cohérent avec Pieter’s friends, et avec moi.

Quel a été ton premier contact avec le vin ?
A la campagne, on avait un petit carré de vigne où on pouvait faire 600 petites bouteilles, il y avait un côté convivial, on faisait un week-end vendanges, avec un percheron, des hottes en fer qui nous faisaient mal au dos, un vieux pressoir d’époque. Une année sur trois c’était à peu près cohérent, le reste du temps ça faisait du vinaigre, mais le fait de boire un vin très jeune, ça sent un peu la terre, mais il y a un côté symbolique, il venait de chez nous. C’étaient mes premiers goûts dans le vin, des vins très moyens forcément, mais c’était le « vin de Beauval » (ma maison de campagne).

C’est aussi sympa de venir mettre un peu d’ambiance dans un monde du vin parfois un peu poussiéreux…

Le monde viticole, l’univers des grands amateurs de vin, ça peut paraître parfois un peu ronronnant, fait exclusivement pour une classe de gens extrêmement bourgeois, alors qu’en fait c’est beaucoup plus simple le vin, c’est issu de la nature, et on est tous issus de la nature. Il y en a qui se prennent la tête avec ça, et d’autres qui se prennent moins la tête. Mais « ne pas se prendre la tête avec », ça ne veut pas dire « ne pas savoir apprécier un très bon vin. » Ça n’empêche pas, et c’est cette notion de partage…

Tu as de vins de prédilection ?
Moi qui suis du Loir-et-Cher, dans les vins un peu frais comme ça, il y a du pinot noir, y’a du cot ; aussi les Saint-Nicolas-de-Bourgueil qui sont vachement bien…Et là j’ai découvert des Anjou, j’en connaissais un petit peu, mais là j’ai goûté des millésimes très intéressants, c’est parfois même assez tannique, assez surprenant, on ne s’attend pas à ça, on s’attend à des vins plus légers, un peu plus insipides, mais qui restent agréables, et là ce que j’ai goûté, il y avait un caractère…L’Anjou c’est pas mal pour les copains, même avec une bonne côte de bœuf, une grillade, un plateau de charcuterie, quelques formages, ça passe avec pas mal de choses, et c’est sans prétention, c’est assez frais, c’est plutôt agréable.

Et du côté des vins prestigieux ?
Il y a des Bourgogne extraordinaires, mais moi ce serait plutôt des Bordeaux, des vins que j’ai goûtés quand j’avais 15 ans-16 ans, qui me sont restés…s’il fallait en citer, ce serait Haut-Marbuzet ou Chasse-Spleen. Je me souviens aussi d’une dégustation chez Smith-Haut-Lafite, dans la longère, j’avais beaucoup aimé, le 2000 était incroyable.

Est-ce que tu penses qu’il y a une similitude entre faire un album et faire un vin ?
Oui, on est dans un monde où il faut plaire tout de suite, sinon on zappe : il n’y a plus de films comme ceux de Lautner avec Belmondo, avec des scènes qui duraient très longtemps, sans un dialogue…On ne peut plus avoir de cinéma comme ça, il faut tout de suite quelque chose d’attractif, qui attire les gens, qui les empêche de zapper, et du coup on nous impose de faire du travail assez vite, parfois en bâclant, on privilégie la vitesse au contenu. Et moi j’aime les choses qui prennent un peu leur temps, parce que c’est comme ça qu’on les construit bien. Et on ne peut pas aller plus vite que la musique, que la nature. Une vigne, ça se fait parce qu’il y a des saisons, y a un moment où ça prend, où ça bourgeonne, il faut pas qu’il y ait le gel pour pas couper, saper à la racine tout ça, et ensuite il y a le soleil qui donne le sucre. Je pense que c’est l’ordre des choses qui font que c’est bien solide après.

C’est dans la durée qu’est la similitude ?
Oui, ne pas aller trop vite, ne pas brûler les étapes. Le vin c’est un produit naturel, et les étapes ne se brûlent pas, ça se fait naturellement, et je pense que dans la musique il faut faire pareil, il faut pas se dire « tiens il faut aller vite, parce que en ce moment c’est ça l’idée, il faut dire ça, il faut dire ça… ». Je pense qu’il faut privilégier le contenu, le projet, et après les choses se feront. Il vaut mieux un vin qui mette plus de temps à voir le jour, et enfin il est très bon, qu’un vin qui sort tout de suite et qui est très médiocre. Je discutais tout à l’heure avec Pascal, qui est vigneron, qui s’occupe des vins d’Anjou, il me disait qu’on met des pesticides, des trucs pour booster, pour que ça aille plus vite, et qu’au bout du compte il faut qu’on commence à laisser faire la nature, c’est elle qui fait le meilleur produit, même si parfois il y a les aléas de la nature, des coups de froid, qui gâchent une partie de la récolte, mais je pense que ça fait partie du truc, il faut accepter ça. Le vin c’est un compagnon de la nature, et de le rendre contre nature, ça peut pas aller je pense.